Petite info sympa passée inaperçue :

Des chasseurs iraniens détruisent leurs fusils pour sauver la faune en danger

Au Kurdistan iranien, les meilleurs amis des bêtes sont depuis peu… les chasseurs. Ils sont près d’une vingtaine à avoir publiquement détruit leur fusil et mis le feu à leurs pièges la semaine dernière.
Par ce geste, ils ont montré leur volonté de préserver la vie animale des ravages d’une chasse devenue intensive dans cette zone de l’Iran. À l’origine de cette prise de conscience, on trouve une ONG kurde iranienne de défense de l’environnement , Chya, dont les activistes ont rencontré un par un les chasseurs. L’organisation dénonce depuis longtemps le fait que beaucoup d’espèces sont en voie d’extinction dans la région et attribue ces disparitions à la chasse, légale ou non.
En février, le ministère iranien de l’Environnement avait publié un rapport annonçant le placement de 74 espèces en danger en Iran sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une liste qui inclut notamment le guépard asiatique, le daim de Perse ou l’hémione (un âne sauvage), ainsi que plusieurs espèces d’amphibiens, de reptiles, d’oiseaux et de poissons. Les défenseurs de l’environnement craignent de voir ces espèces suivre le même chemin que le lion asiatique. L’animal, qui ornait auparavant le drapeau iranien, a totalement disparu du pays depuis plusieurs décennies.
Vidéo réalisée par l’ONG de défense de l’environnement Chya, montrant le premier chasseur à s’engager à ne plus chasser et détruisant ses fusils. Filmé à Marivan, au Kurdistan iranien.

« La chasse échappe à tout contrôle et elle détruit la faune sauvage »

Hossein Ahmadi, 50 ans, vit à Kamyaran au Kurdistan iranien. Il chassait régulièrement pendant plusieurs années, mais a renoncé à son passe-temps.
J’ai toujours chassé avec les permis de chasse adéquat, et j’utilisais la viande seulement pour nourrir ma famille. Je n’ai jamais vendu le gibier que je chassais. De toute façon, vous pouvez difficilement gagner de l’argent de cette manière, à moins de devenir braconnier et de vendre des viandes d’espèces rares, dont la chasse est interdite, comme les aigles ou les tigres. Je chassais essentiellement des lièvres, des perdrix, des palombes et quelques oiseaux locaux. Mais je réalise aujourd’hui les dégâts que je causais sur la faune sauvage locale : on ne voit presque plus de perdrix dans ma région et les montagnes voisines ne comptent plus que quelques dizaines de moutons.
Quant au ganga, un bel oiseau qui faisait son nid dans les montagnes, personne n’en a vu depuis 15 ans.
Pour aller chasser, il vous faut d’abord demander un permis de port d’arme, puis ensuite obtenir un permis de chasse. Pendant longtemps, seules quelques personnes étaient autorisées à chasser, mais ces dernières années les autorités ont délivré des permis de port d’armes et des licences de chasse très facilement. Du coup aujourd’hui, il y a beaucoup de chasseurs irresponsables : ils tuent des perdrix grises femelles alors qu’elles donnent naissance à 20 oisillons chaque année et ils ne se gênent pas pour chasser durant la période d’accouplement. C’est quand même du bon sens de ne pas faire ça !
Un chasseur relâche une perdrix capturée. 
Il y a aussi ceux qui obtiennent des permis de port d’arme mais ne s’embêtent même pas à essayer d’avoir un permis de chasse. Ils tuent tout ce qu’ils trouvent, ce qui inclut des renards, des loups, et même des tigres, bien qu’ils soient en voie d’extinction. Dans les montagnes Bamo, proches de la frontière irakienne, la faune est très riche. Très peu de gens y vont car beaucoup de zones sont minées depuis la guerre en Irak. Mais, même là-bas, les chasseurs les moins scrupuleux osent sévir.
Des chasseurs se réunissent autour de cages à oiseaux avant de les bruler.
« Des autorisations de port d’armes devraient être retirées »

Si vous respectez la loi, le permis de chasse coûte 500 000 rials (14 euros) et il est valable trois mois. Vous n’avez le droit de tuer que trois perdrix ou trois palombes le jeudi et le vendredi. Si vous enfreignez cette règle, vous êtes censé payer une amende : si vous avez plus de perdrix qu’autorisé, l’amende s’élèvera à 700 000 rials (20 euros) par oiseau et vous risquez de faire un mois de prison. Si vous êtes pris avec un aigle, ce qui est totalement interdit, l’amende monte à 18 millions de rials (500 euros) et peut s’accompagner d’une condamnation à trois mois de prison. Mais il n’y a pas assez de gardes forestiers pour mettre un terme effectif à ces pratiques de chasse illégales.

Des activistes de défense de l’envrionnement et des responsables locaux ont assisté à la destruction des cages à oiseaux.

J’ai décidé, avec d’autres chasseurs, de montrer l’exemple en m’engageant à ne plus tuer d’animaux. Nous espérons que cela ouvrira le débat, mais la solution la plus efficace serait que le gouvernement retire les très nombreux permis qu’il donné à tour de bras ces dernières années

Billet écrit par Ershad Alijani (@ErshadAlijani), journaliste à FRANCE 24.