Focus sur le nouveau ministre de l’intérieur : obstiné et inflexible

Bernard Cazeneuve vient d’être nommé premier flic de France.  Pourquoi avoir choisi de faire un focus sur ce ministre en particulier ? Pour avoir une idée du type de personne qui fera face aux prochains mouvements populaires probablement à venir… 

Ce juriste a occupé de 1997-2002 le poste de juge à la Cours de Justice de la République et de la Haute Cours de Justice.

Avec M. Valls comme ministre tutélaire, ça risque de pas être facile pour la contestation !

Le joker Bernard Cazeneuve à l’intérieur

C’est la principale surprise de ce gouvernement : la nomination de Bernard Cazeneuve au ministère de l’intérieur.
Les postulants à la fonction ne manquaient pas mais, faute d’accord entre François Hollande et Manuel Valls, c’est à nouveau à ce joker qu’il a été fait appel, comme il avait déjà été catapulté en catastrophe au budget après la démission contrainte de Jérôme Cahuzac. Preuve de la confiance que lui accorde le président de la République et qu’il est devenu l’homme des situations impossibles.

Avant de prendre ses nouvelles fonctions, Bernard Cazeneuve laisse derrière lui un travail bien avancé en matière de redressement des finances publiques.

Si le nouveau gouvernement parvient à finaliser le pacte de responsabilité, il pourra lui en rendre grâce. Sans bruit, sans heurts, sans déclarations intempestives, fidèle à sa méthode qui lui a valu d’être surnommé «la tombe», le ministre délégué chargé du budget est resté rivé à l’objectif que lui avait assigné François Hollande : dégager 50 milliards d’euros d’économies en trois ans.

En moins de deux ans, l’ancien député fabiusien de la Manche, membre de la commission de la défense et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Karachi, est devenu un des hommes de confiance de François Hollande.

D’abord au ministère des affaires européennes, où il convainc la majorité socialiste de voter le traité de stabilité européen qu’elle rejetait quand elle était dans l’opposition. Puis au ministère du budget.

VERBE TRANCHANT ET OBSTINATION INFLEXIBLE

Ne pas se fier aux apparences. L’homme apparaît réservé, presque austère, son ton mesuré, l’éloquence calibrée. Celui que ses collègues appellent aussi «Bernardo Cazanova», ce qui résume assez bien sa double personnalité – fidèle et séducteur –, manie aussi avec une redoutable efficacité un verbe tranchant et une inflexible obstination.

Les ministres qui ont défilé dans son bureau au 5e étage de Bercy pour lui présenter leurs mesures d’économies en savent quelque chose. « C’est l’homme qui dit non en souriant. Il vous écoute poliment, prend note mais il sait parfaitement où il veut aller et il n’en déviera pas », constate un de ses collègues.

C’est à se demander si cette façade « techno », à base de langue de bois bien rodée, d’alignements de chiffres implacablement assénés, ne relève pas d’une part tactique.

A n’en pas douter, M.Cazeneuve est aussi et d’abord un fin politique, qui sait parfaitement évaluer les rapports de force et mobiliser en conséquence les ressources nécessaires.

Patrick Roger