Brouiller les cartes : Pourquoi il faut déclarer la guerre à la Russie
Le point a publié ce billet mercredi dernier, et en sillonnant les commentaires des blogs qui l’ont postés, je me suis rendu compte qu’il y avait un problème..
Lorsqu’on lit cet article avec un peu de recul, on suppose qu’il s’agit de second degré.
Le problème est que, comme vous l’avez sans doute constaté vous-mêmes, le second degré n’est pas partagé, loin de là, avec tout le monde. Il y a beaucoup de personnes qui ont tendance à prendre les infos vues ou lues au pied de la lettre, sans esprit critique. C’est d’ailleurs comme ça que la télé et les grands médias arrivent si bien à manipuler les foules.
Ce fait, M. Besson, journaliste, ne peut l’ignorer.
Alors, je pose la question : Dans ce cadre est-il sain pour un grand hebdomadaire de publier ce genre d’article, sous le prétexte de l’ironie, sachant qu’il va être lu sans recul par un nombre important de personnes ?
Est-ce éthique, de jouer sur les deux tableaux : instiller l’idée qu’une guerre avec la Russie serait possible, voire utile, (avec des arguments, il est vrai, peu soutenables), et se couvrir en même temps en prétendant que c’est de l’humour ?
Je retrouve la même ambiguité que dans l’article sur le dépistage du cancer du sein. On donne une info en troublant les cartes.
Perso, je trouve cette forme de journalisme parfaitement malsain et il fallait que je le dise.
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Pour Patrick Besson, la conquête et la soumission, par l’Europe, de la Russie, débutée au XIXe siècle par Napoléon Ier, doit continuer !
Il est temps de finir le travail commencé, au début du XIXe siècle, par l’empereur français Napoléon Ier et, au milieu du XXe, par le chancelier allemand Hitler : la conquête et la soumission, par l’Europe, de la Russie. On a beaucoup glosé sur ces deux entreprises courageuses, dont l’échec fut en grande partie dû à une mauvaise météo. Berezina et Stalingrad sont passés, dans le langage courant, comme des synonymes de déroute, de désordre. Il faut chasser des consciences européennes ce complexe d’infériorité dont elles souffrent devant Moscou. Autrement dit : il faut prendre Moscou. Car Moscou est prenable. Au XIXe siècle, les États-Unis n’étaient encore qu’une puissance provinciale secondaire, incapable d’aligner et de transporter les troupes fraîches et l’armement neuf dont Napoléon aurait eu besoin pour renverser le tyran Alexandre Ier et son perfide général en chef Koutouzov. Au XXe siècle, par une de ces aberrations tactiques dont l’Histoire est trop coutumière, il fut d’autant moins facile à Hitler de demander l’aide militaire des États-Unis que ceux-ci étaient, pour une période fort courte heureusement, mais hélas décisive, alliés aux Russes. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Les dirigeants et les médias de l’Union européenne et de la puissante Amérique du Nord sont désormais sur la même longueur d’onde au sujet de la Russie : le mépris, le dégoût, la haine. Le plus benêt stratège de l’Otan comprendrait que, dans une conjonction aussi miraculeusement favorable, il n’y a qu’une chose à faire : attaquer. Attack. Attack Russia !
Toute guerre doit être entreprise pour des motifs moraux, voire humanitaires. L’enfer en littérature est pavé de bonnes intentions, disait André Gide, qui avait découvert avant tant d’autres la nature maléfique, satanique de l’État russe. En politique, c’est pareil. Surtout en politique étrangère.
Raisons morales et humanitaires
La colonisation des Africains n’a pas été faite pour les exploiter, mais pour les soigner et les évangéliser ; une fois qu’ils furent soignés et évangélisés, on leur a demandé une petite participation à l’effort économique européen, ce qui en a décimé un bon nombre. Les raisons morales et humanitaires d’attaquer la Russie ne manquent pas. D’abord, il y a l’Ukraine, nouvelle passion occidentale et américaine. L’Ukrainien est aux années 2010 ce que le Bosniaque et le Kosovar furent aux années 90 du siècle dernier : un être d’élite, aux sentiments fins et aux pensées délicates. Le priver de la Crimée, qui fut russe trois fois plus longtemps qu’elle ne fut ukrainienne, représenterait néanmoins un outrage innommable à l’équilibre mental et physique de l’Ukrainien, ce nouveau modèle pour l’humanité. Mais s’il n’y avait que ça. La Russie multiplie, depuis quelques années, les raisons d’être attaquée, envahie et détruite. Dans le désordre de l’Internet : les Femen blondes et les milliardaires russes emprisonnés, l’asile offert au traître américain Edward Snowden, les embrassades de Poutine avec le déserteur fiscal français Depardieu, etc.
Ne renouvelons pas l’erreur qui fut fatale aux illustres prédécesseurs de M. Obama et de Mme Ashton, à savoir Napoléon et Hitler : on doit partir maintenant si on ne veut pas, comme eux, rester embourbés devant Stalingrad ou geler sur la Berezina. Je me demande même s’il n’est pas déjà trop tard dans l’année, s’il ne serait pas judicieux de repousser l’attaque à 2015. Car pas question d’être humiliés par les Russes une troisième fois. Non mais !
Source : Le Point