Alerte alimentation : Manger du poulet menace notre réponse aux antibiotiques

Un quart des poulets et dindes vendus sont porteurs de bactéries. Certains, révèle un test de l’UFC-Que Choisir, présentent des résistances aux antibiotiques utilisés en médecine humaine, menaçant l’efficacité de nos traitements.

 

Les enquêteurs de l’UFC-Que Choisir ont acheté en France cent morceaux de poulets et dindes en grandes surfaces, sur les marchés et en boucherie. Leurs résultats publiés lundi 10 mars 2014, donnent la chair de poule: 26% des volailles sont contaminées par des bactéries Escherichia col, majoritairement résistantes aux antibiotiques.

61% des échantillons contaminés présentent des bactéries résistantes à une ou plusieurs familles d’antibiotiques. Pire: il s’agit dans 23% des cas d’antibiotiques critiques, c’est-à-dire les plus importants utilisés en médecine humaine pour des pathologies graves.

L’UFC-Que Choisir constate que les volailles « premier prix » sont plus touchées par l’antibiorésistance que les volailles biologiques, élevées avec une stricte limitation au recours aux antibiotiques. Les viandes Label Rouge sont moins touchées mais lorsqu’elles le sont, « cela concerne les antibiotiques critiques, les plus forts ».

Ces résultats conduisent l’Association à réclamer le renforcement de la réglementation « de l’étable à la table » sur ce sujet de santé publique, et notamment à faire appliquer l’engagement du plan Ecoantibio 2012-2017 de réduction de 25% de l’utilisation des antibiotiques dans les élevages. Autre piste: interdire aux vétérinaires prescripteurs de vendre eux-mêmes les traitements aux éleveurs.

Le choix des consommateurs, de plus en plus avertis, oriente également le marché: le succès récent des poulets élevés en plein air et soignés aux plantes et sans antibiotiques vendus par Carrefour le confirme.

L’Inserm rappelle que « les résistances aux antibiotiques sont devenues massives et préoccupantes, certaines souches sont multirésistantes, c’est-à-dire résistantes à plusieurs antibiotiques. D’autres sont même toto-résistantes, c’est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques disponibles ». Ce dernier cas, hélas en augmentation, place alors les médecins dans une impasse thérapeutique.