Crise au Portugal : Des milliers de policiers dans la rue – 10 blessés

Pour eux aussi, c’est la main de fer de la dette et de l’austérité.

Plus de 15 000 policiers en colère, selon le décompte des organisateurs, ont défilé jeudi 6 mars à Lisbonne contre les coupes dans leurs salaires, avant de manifester devant le Parlement dans un climat tendu, face à leurs collègues en uniforme. Des manifestants sont parvenus à forcer les barrières de sécurité dressées par les forces de l’ordre, occupant brièvement les premières marches d’accès au Parlement.

elon Rui Costa, porte-parole de la police de Lisbonne, la manifestation s’est soldée par dix blessés parmi les policiers et les manifestants, dont deux ont été hospitalisés, et deux interpellations. Un millier d’agents avaient été déployés pour tenter d’empêcher les débordements qui s’étaient produits lors de la dernière manifestation des policiers en novembre, qui avaient coûté sa place au directeur de la police nationale. Les policiers avaient lancé un ultimatum pour exiger que les protestataires quittent les marches, et les organisateurs avaient lancé un appel au calme.

A l’intérieur du bâtiment, la présidente du Parlement, Assunçao Esteves, a accepté de recevoir une délégation de représentants des forces de l’ordre. Peu avant, les protestataires avaient défilé entre le centre de la capitale et l’Assemblée nationale aux cris de « Gouvernement prends garde, les policiers sont en colère ! ». D’autres ont exprimé leur ras-le-bol sifflets à la bouche ou en entonnant l’hymne national.

« ON M’A DÉJÀ RETIRÉ 200 EUROS DE MON SALAIRE »

Cette manifestation, convoquée notamment par les syndicats de la police nationale, de la gendarmerie et des gardiens de prison, a été décidée après plusieurs réunions jugées infructueuses avec le ministre de l’intérieur, Miguel Macedo. A l’issue de ces négociations, les agents des forces de l’ordre n’ont obtenu qu’une modeste revalorisation de 25 euros de leur prime mensuelle d’entretien d’uniforme. « C’est une miette, surtout quand on compare aux 150 euros de primes que nous avons perdus », a affirmé José Alho, responsable de l’Aspig, une association représentant les gendarmes.

« Depuis janvier, on m’a déjà retiré près de 200 euros de mon salaire. Et je ne compte plus les coupes appliquées depuis trois ans ! » a témoigné Antonio Ferreira, un gendarme venu de Coimbra (centre du pays). « J’ai une femme et trois enfants à nourrir. On a des crédits pour payer la maison et la voiture contractés avant le début de la crise. On ne s’attendait pas à ce changement de situation. C’est difficile de joindre les deux bouts », a raconté un autre policier. « Je suis certain que ceux qui nous gouvernent n’ont pas idée de la réalité des gens, des difficultés du quotidien », a lancé Joao Oliveira, 50 ans, qui a fait le déplacement depuis Aveiro (centre).

Le programme de rigueur budgétaire draconien auquel le Portugal est soumis en échange d’un plan d’aide internationale a suscité la grogne de la population, mais les syndicats avaient peiné à mobiliser ces derniers temps. Pour cette année, le gouvernement a approuvé des coupes sévères dans les salaires des fonctionnaires et les retraites.

Vidéo en anglais

Source : Le Monde.fr