Iran : les Etats-Unis prêts à sanctionner Michelin

Ou quand la guerre économique fait rage mais on se fait des risettes, on se donne des poignées de main devant les caméra, on jure qu’on s’aime et par derrière on organise les coups bas… Que du beau linge ! Heuuu… A propos, mr Kerry, les US ont été déclarés tuteurs exclusifs de l’Iran ? Oups ! ça m’avait échappé !

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Disons-le franchement, mais alors sans prendre de pincettes: « ils nous font ch**r ces américains!!! »

Les États-Unis ont sanctionné l’Iran, un embargo généralisé que tout le monde devait bien gentiment suivre sous peine de menaces et de sanctions, car les États-Unis décident ce qui doit être fait ou non. Mais depuis, les tensions sont « un peu retombées », comprenez par là que les USA sont financièrement de plus en plus foutus, et qu’ils se sont dit « Tiens, et si on tentait de faire de l’argent avec l’Iran? ». Du coup, les USA tentent de caser leurs entreprises et de faire du gros business en Iran, quitte à virer de leur chemin les entreprises déjà en place comme Peugeot-PSA (8000 emplois en moins en France pour le coup), Renault, quand à ceux qui comptent s’installer… La France perd des emplois, de l’argent, et on laisse faire sans rien dire? Alors là bravo les politiques, aucun courage, aucun patriotisme, rien, que dalle, nada! Et pendant ce temps, les USA sont en train de caser leurs produits en Iran…

Preuve s’il en était besoin que les sanctions mises en place contre l’Iran pour freiner ses ambitions en terme de nucléaire militaire seraient avant tout destinées à préserver les intérêts économiques et financiers des firmes US  ….

Alors que début février, le secrétaire d’État américain, John Kerry a tenu à appeler directement le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius pour lui signifier ouvertement son désaccord, suite au déplacement sur le sol iranien de plus d’une centaine de patrons d’entreprises du CAC40, effectué à l’initiative du Medef, trois sénateurs républicains viennent de s’adresser au Pentagone pour lui demander de sanctionner les compagnies françaises qui cherchent à établir des relations commerciales avec l’Iran.

En visant en tout premier lieu Michelin, lequel pourrait faire de l’ombre à Goodyear ? Il n’est pas interdit d’y penser …

Selon l’Agence de presse de la République islamique (IRNA), Trent Franks, Doug Lamborn et Joe Heck ont envoyé une lettre à Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense en vue de lui d’exercer des pressions sur la compagnie française de pneumatiques afin de l’empêcher d’établir des relations commerciales avec l’Iran.

Les sénateurs ont ainsi demandé à Hagel de mettre en garde Michelin, en l’informant que dans le cas où le groupe conclurait un accord avec Téhéran avant l’accord final sur son programme nucléaire, tout nouvel accord entre le Pentagone et Michelin serait impossible.

Une menace qui intervient alors qu’en 2007, Michelin a signé un accord avec les forces armées américaines d’un montant de plus de 2,4 milliards de dollars.

Début février, John Kerry avait estimé pour sa part la visite des plus grandes firmes françaises dans la capitale iranienne était « malvenue ».

Téhéran « ne peut être considéré comme un marché ouvert, parce que l’allègement des sanctions est tout à fait provisoire, tout à fait limité et tout à fait ciblé », avait indiqué quant à lui Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques.

L’argument – officiel – est clair : un tel empressement de la France à se rendre en Iran laisserait sous entendre que Téhéran a bel et bien redoré son blason sur le plan international. Et qu’il est donc désormais politiquement correct de commercer avec le régime iranien. « Nous avons respecté la convention de Genève, signée en novembre dernier. Il y a d’autres délégations de pays européens qui se sont rendus en Iran », avait souligné préalablement Pierre Gattaz, le patron des patrons, histoire de désamorcer toute bombe éventuelle.

Mais l’accès au marché iranien pourrait être au final le véritable enjeu.

Rappelons en effet que depuis le 20 janvier dernier, une partie des sanctions internationales qui pesaient jusqu’à lors sur l’Iran ont été temporairement levées. Les allègements concernent les secteurs de l’or et des métaux précieux, les produits pétrochimiques (en dehors du pétrole, du gaz et des carburants), l’industrie aéronautique et l’automobile.

Histoire de relativiser l’importance de la visite, le Quai d’Orsay avait toutefois tenu à préciser que la visite du Medef à Téhéran avait lieu « à titre exploratoire », mais l’argument a semble-t-il été considéré quelque peu léger aux yeux des Etats-Unis.

D’autant plus que le patronat français a frappé au cœur même des ambitions US les plus tenaces, la délégation de chefs d’entreprise à Téhéran étant conduite par Thierry Courtaigne, vice-président, directeur général de Medef international mais également Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d’automobiles.

Et ce, alors même que GM tente par tout les moyens – ou presque – de bouter Renault et PSA hors d’Iran. Physiquement et commercialement parlant. En juillet 2013, le lobby United Against Nuclear Iran a ainsi adressé à Renault, une sommation de se retirer d’Iran sous peine de sanctions américaines.