Science : Les gènes volent d’une plante à l’autre pour survivre
Voilà qui vient contredire l’idée que les ogm ne se transmettent pas aux autres plantes !
Le labo génome et développement des plantes de l’université de Perpignan a mis en évidence un chaînon manquant de l’évolution.
Les plantes se déplacent, les gènes volent et ma grand-mère fait du vélo. Derrière cette moquerie qui se veut masquer l’ignorance, se cache pourtant la réalité de l’évolution. Enfin, pas pour la grand-mère à bicyclette… Si on sait depuis longtemps que le monde végétal n’est pas immobile (comme le palétuvier), ce qu’on savait moins en revanche, c’est que les gènes se transmettent autrement que par l’unique reproduction sexuée.
L’Américaine Barbara McClintock l’avait prouvé dans les années 50 ; le laboratoire génome et développement des plantes de l’Université Via Domitia, à Perpignan, vient de montrer que ce n’était pas une singularité mais bel et bien quelque chose qui se produit à grande échelle dans le monde végétal.
« Les éléments transposables créent de la nouveauté dans la nature »
Qu’ont découvert les scientifiques catalans ? Des gènes qui volent d’une plante à l’autre. Enfin, ce ne sont pas vraiment des gènes, ce sont ce qu’on appelle des éléments transposables, des “mini-gènes” (leur séquence ADN peut ne contenir que quelques centaines de molécules de base) qui ont la particularité d’être « capables de se déplacer dans le génome ». Parasites inoffensifs à l’action très limitée dans ledit génome, l’élément transposable, ou rétrotransposon, a aussi une courte « durée de vie ».
Un processus naturel « très fréquent chez les plantes »
« Donc, il saute ou il meurt. » À la manière d’un virus, dixit Olivier Panaud, chercheur au labo perpignanais, l’élément transposable va donc “coloniser” un nouvel hôte susceptible d’assurer sa survie. On ne sait pas encore comment il met en place cette « stratégie évolutive », quels vecteurs, quels porteurs il utilise pour se déplacer (Virus ? Champignon ? Insecte ? Par le sol ?) mais les scientifiques viennent de montrer que ce processus naturel est « très fréquent chez les plantes » (plus de deux millions de transferts horizontaux auraient eu lieu chez les plantes à fleurs dans un passé récent).
Une nouvelle espèce
Une fois arrivé chez son nouvel hôte, de la même espèce ou pas que le précédent, l’élément transposable va se répliquer au sein du génome dans lequel il vient d’atterrir. Parfois, souvent même, il ne se passera rien mais il arrive que cette intrusion ait un « impact fonctionnel » comme ce fut le cas pour le placenta chez les mammifères (lire ci-dessous).
Un petit coup de pied aux fesses des créationnistes
En tout cas, cet élément participe à « créer de la nouveauté dans la nature ». Le génome reprogrammé, il peut apparaître, par hybridation naturelle, une nouvelle espèce. La nature n’a décidément pas fini de nous surprendre. Au-delà de la remise en cause des dogmes de la biologie, c’est un grand pas dans la connaissance de notre milieu qui vient d’être franchi. Et un petit coup de pied qui vient d’être donné aux fesses des créationnistes.Le placenta est né d’un saut de gènes
En génétique, Il y a donc le transfert vertical (reproduction sexuée) et le transfert horizontal (le saut ou le vol des éléments transposables).
Cela concerne d’abord les plantes mais le monde animal bénéficie aussi de cette part d’évolution depuis toujours. À commencer par les mammifères. « Les éléments transposables ont été essentiels dans la création du placenta chez les mammifères, rappelle Olivier Panaud. Ils ont parasité le génome mammalien. Ils ont changé l’expression de tout un tas de gènes, lesquels se sont mis à fabriquer un placenta. » Ce placenta qui, pour Jean-Louis Hartenberger, célèbre paléontologue nîmois, a donné un avantage décisif aux mammifères dans l’évolution des espèces » (cf. Bréviaire de mammalogie, édition Belin, 2001).
Ces cyprès qui entourent nos jardins d’une barrière végétale n’existent que grâce à l’action des éléments transposables, les rétrotransposons. Explications d’Olivier Panaud : » C’est un jardinier anglais qui, vers 1850, a gardé cet hybride de deux cyprès (Lambert et Nootka), né de la pollinisation. L’arbre était stérile mais c’est le conifère qui grandit le plus vite. L’homme l’a domestiqué en le multipliant par bouturages. »
SOURCE : Le Midi Libre