Quand les petits ne veulent rien manger: la néophobie alimentaire
« J’aime pas ». « J’en veux pas ». Ces sont les refrains courants des enfants entre 2 et 6 ans quand ils sont à table et qu’on leur présente de nouveaux aliments.
Un peu déconcertant – voire décourageant – pour les parents… Il n’y pas pourtant pas de quoi s’énerver ou se décourager. C’est.. normal. C’est la phase de néophobie alimentaire.
La peur des nouveaux aliments
Une fois que la découverte de tous les aliments est faite, après la diversification alimentaire à partir de 6-8 mois, puis l’introduction progressive des aliments que le système digestif de l’enfant peut complètement digérer, il y a une phase d’arrêt : c’est la néophobie alimentaire.
Un nouveau comportement alimentaire
La néophobie alimentaire est un sentiment de peur face aux aliments NOUVEAUX : tout d’un coup, les enfants refusent de goûter un nouvel aliment, et le trouvent systématiquement mauvais quand ils acceptent de le goûter.
Cette néophobie peut aussi se traduire par un refus de manger des aliments déjà connus !
Mais il faut bien que l’enfant se nourrisse. Il va donc sélectionner certains aliments qu’il va accepter de manger, exclusivement ceux-là, et souvent en grandes quantités, comme s’il n’arrivait plus à respecter sa satiété. Et ce ne sont pas du tout les aliments qui plaisent aux parents…
Bref, les enfants deviennent très difficiles à table. Les repas peuvent se transformer en cauchemar pour toute la famille !
Les aliments qu’ils acceptent de manger :
les féculents (pâtes, riz, frites), les gâteaux, le chocolat, les bonbons, les chips…
= des aliments dense et très énergétiques, sucrés ou salés
Les aliments qu’ils refusent souvent de manger :
les fruits et légumes ( en quantité et en qualité)
Les signes de la néophobie alimentaire des enfants
– avant de manger( = pour éviter de manger) :
- ils observent longuement les aliments
- ils les trient lentement
- ils les triturent
- ils les sentent
- ils parlent, parlent, parlent… d’autres sujets (pour les plus grands)
– s’ils mangent quand même :
- ils mâchent très longtemps le même aliment
- ils le tournent dans la bouche et font des boules avec
- ils les recrachent
– et pour les plus petits :
- ils refusent d’ouvrir la bouche
- ils repoussent la cuillère
- ils détournent la tête.
Quelles sont les causes de la néophobie ?
On n’a pas encore toutes les réponses pour expliquer ce comportement qui peut être radical chez certains enfants. De nombreuses études en pédiatrie sont toujours d’actualités sur ce sujet.
1- La peur d’avoir une mauvaise expérience en goûtant l’aliment nouveau
Tout aliment inconnu est potentiellement dangereux à leurs yeux. Les moindres détails peuvent être déclencheur : un brin de persil posé sur une purée de pommes de terre précédemment très appréciée peut déclencher cette néophobie !
2- L’âge de l’affirmation de soi
Entre 2 et 3 ans, c’est l’âge du « NON ». L’enfant s’affirme et cherche à montrer qu’il peut choisir et décider tout seul. Les refus alimentaires participent à cette affirmation de soi, surtout par rapport aux parents.L’enfant acceptera de manger des épinards à la cantine ou chez ses grands-parents, mais pas chez ses parents !
3- La recherche de sécurité
Paradoxalement, l’enfant a en même temps peur des risques. Les aliments nouveaux sont inconnus et donc une prise de risque que l’enfant juge dangereuse.
Chez tous les enfants ? A quel âge ?
Environ 50% des enfants connaissent la néophobie alimentaire.
Elle est très forte vers 3 ans et peut durer jusqu’à 6 ans.
Les solutions pour faire passer ou éviter la néophobie alimentaire
Que les parents soient rassurés, les solutions existent pour permettre aux enfants de passer le cap – ou éviter ! – cette néophobie qui ne touche que la moitié de nos chérubins.
1. Donnez l’exemple !
Un enfant ne mangera pas de légumes si ses parents n’en mangent pas eux-mêmes ! C’est l’effet miroir. Montrez-lui l’exemple, montrez que vous appréciez, dites que vous trouvez ça bon et pourquoi vous trouvez ça bon ( sans trop en faire quand même…) !
ASTUCES :
- mettez les légumes et les fruits en avant dans la cuisine, avec une jolie présentation dans une corbeille par exemple.
- faites participer votre enfant à la préparation de la cuisine : demandez-lui d’éplucher, de couper, de préparer une pâte à tarte en y mettant les mains, de mélanger la pâte d’un gâteau, bref mettez-lui la main à la pâte ! Il va finir par goûter tout seul à ce qu’il prépare…
2- Allez-y par étapes
Ne faite pas tout en même temps ! Les aliments nouveaux doivent arriver un par un.
Le nouvel aliment – un légume, le plus souvent – doit être toujours le même et toujours sous la même forme, pendant plusieurs fois, afin que l’enfant s’habitue à sa consistance, à sa couleur, et à son odeur. Et s’il vous voit le manger, il va finir par y goûter aussi. Ça prendra du temps, mais c’est le prix à payer pour la familiarisation avec cet aliment qui va finir par ne plus devenir nouveau.
Combien de fois faut-il faire goûter ?
Il faut goûter 10 fois un aliment nouveau pour vraiment savoir si on aime ou pas !
3- Dédramatisez !
Votre enfant ne va pas se laisser mourir de faim pour autant.
Même s’il sélectionne des produits denses en énergie, il en a besoin ! Les pâtes, le riz, les pommes de terre, bref, les féculents et les céréales, sont bonnes pour la santé. Essayez de les choisir tout de suite plutôt complètes que raffinées : les bénéfices santé seront encore meilleurs, avec plus de vitamines, de fibres et de minéraux.
Et n’oubliez pas que la période est transitoire !
4- Restez zen
Gardez à l’esprit que le repas doit être un moment convivial, détendu ; un moment de partages positifs. Une ambiance cool qui traduit bien le plaisir que peut représenter le fait de se nourrir va permettre à l’enfant de ne pas faire ce temps avec ses parents une épreuve de forces.
5 – Restez maître du choix des repas
La néophobie alimentaire d’un enfant n’est pas une raison pour qu’il décide du menu de toute la famille ! C’est le rôle des parents de choisir le menu, et de ne par perdre de vue l’un des rôles essentiels de la parentalité : l’éducation au goût et à l’alimentation.
Le conseil de la diététicienne :
Soyez patients, allez-y en douceur mais sachez rester fermes ! L’équation entre une attitude parentale ni trop répressive ni trop permissive n’est pas facile, je sais bien, mais elle vaut le coup à être mise en oeuvre.
N’oubliez pas non plus de proposer des quantités raisonnables, sans forcer l’enfant à finir son assiette, mais au contraire en l’interrogeant sur sa sensation de faim avant de le resservir. Vous le réserverez d’un risque de surpoids en même temps.
Source : elishean au féminin