Le futur, c’est aujourd’hui : Google et le cauchemar du transhumanisme.
A lire absolument, c’est inquiétant, mais il faut savoir ce qui nous attend.
Ce n’est pas que le délire de quelques savants fous.. C’est déjà en route, c’est le monde que l’on projette pour nos enfants hors de tout contrôle ! Pour la plupart d’entre nous, Google est un moteur de recherche. Cependant, la réalité démontre que cette société a des domaines d’activités beaucoup plus diversifiés. Mais de quoi parle-t-on ? Que vient faire ce moteur de recherche dans le domaine de la recherche scientifique ?
« La stratégie secrète de Google apparaît… »
Interview de Laurent Alexandre, expert en technologies du futur. Il analyse le nouveau rôle de Google dans nos vies et dans nos sociétés.
Laurent Alexandre est une personnalité atypique dont l’expertise est écoutée. Chirurgien urologue de formation, diplômé de l’ENA, HEC et Sciences-Po, cofondateur de Doctissimo.fr, il préside désormais la société de séquençage de génome DNA Vision. Ce « cerveau » s’intéresse « aux bouleversements qu’entraîneront pour l’humanité les progrès de la science, de la technomédecine et des biotechnologies ». Il y a consacré un essai remarqué intitulé La Mort de la mort dans lequel il affirme que « l’homme qui vivra 1.000 ans est déjà né« .
Google est le premier embryon d’intelligence artificielle au monde, selon vous. Pourquoi?
L’objectif des dirigeants de Google est de transformer leur moteur de recherche en intelligence artificielle. Progressivement ils s’en rapprochent. En fait, personne ne l’a vu venir, ni les utilisateurs quotidiens du moteur de recherche, ni ses concurrents. Il a fallu du temps pour que la stratégie des dirigeants de Google soit comprise. Je suis bluffé par la vitesse à laquelle cette société contrôle les industries clés du XXIe siècle.
Expliquez-vous…
Regardez la vague de rachats de start-up et de sociétés auxquels Google procède! En deux ans, cette entreprise a réussi à préempter trois marchés clés.
Celui de la lutte contre la mort : elle a créé Calico, une filiale qui a cet objectif fou d’augmenter l’espérance de vie de vingt ans d’ici à 2035. Elle a investi dans le séquençage ADN avec sa filiale 23andMe, mais aussi dans un projet de lentilles intelligentes pour les diabétiques, qui mesurent en temps réel votre glycémie. Parallèlement et en moins d’un an, Google a racheté les huit principales sociétés de robotique. Dont Boston Dynamics, qui crée le chien robot « BigDog » pour l’armée américaine, ou Nest, leader mondial de la domotique et des objets intelligents… Pendant ce temps, sa Google Car, un mélange incroyable de robotique et d’intelligence artificielle, roule seule sur des milliers de kilomètres sur les routes de Californie sans accident. Si en l’an 2000 vous évoquiez l’idée d’une voiture robot autonome, tout le monde riait! En 2025, elle sera démocratisée.
Enfin, depuis quelques années, Google débauche les plus grands noms de l’intelligence artificielle. Comme Ray Kurzweil, le « pape » du transhumanisme, qui vient d’être nommé ingénieur en chef du moteur de recherche.
«Google maîtrise toutes les technologies qui sous-tendent le transhumanisme»
Quel est le lien entre l’idéologie « transhumaniste » et Google?
Cette idéologie est née dans les années 1950. Elle considère légitime d’utiliser tous les moyens technologiques et scientifiques pour augmenter les capacités de l’homme – son corps, son cerveau, son ADN – et pour faire reculer la mort.
À l’époque, c’était de la science-fiction ; aujourd’hui cela devient concret. Google soutient cette idéologie et maîtrise toutes les technologies qui la sous-tendent : la robotique, l’informatique, les moteurs de recherche et l’intelligence artificielle, les nanobiotechnologies, le séquençage ADN dont le coût a été divisé par 3 millions en dix ans…
Quel est le but de cette croissance tentaculaire?
Une société qui maîtrise l’intelligence artificielle – et Google est la plus avancée sur ce terrain –peut potentiellement entrer dans n’importe quel domaine. Elle le fait d’ailleurs : elle est même présente dans les VTC qui concurrencent les taxis avec Uber, une filiale de Google Ventures! En réalité, Google est beaucoup plus qu’une société informatique. Les principaux acteurs de la robotique viennent de le comprendre ; mais trop tard, Google a déjà racheté les meilleurs d’entre eux à bon prix. Cette stratégie est bluffante… Google a été la première à comprendre la puissance de la révolution des technologies NBIC, cette convergence de quatre vagues (nanotechnologies, bio-ingénierie, informatique et cognitique) qui va construire le XXIe siècle et donner une puissance extraordinaire à la lutte contre la mort. Car ces technologies NBIC constituent en réalité une seule et immense industrie, qui contrôlera toutes les autres.
Aucun concurrent de taille pour ébranler ce géant?
Si les rumeurs assurant qu’Apple débauche les principaux spécialistes de la santé électronique se vérifient, si le projet de montre iWatch consiste bien en un instrument de mesure en continu des variables de santé… alors Apple pourrait peut-être le concurrencer sur l’ensemble des NBIC. Mais il en est encore très, très, très loin.
Qui contrôle Google aujourd’hui?
Personne, en dehors de ses actionnaires. Or il me semble indispensable d’encadrer l’intelligence artificielle au niveau mondial, de poser des garde-fous. Les États-Unis y réfléchissent sérieusement. L’Asie aussi. En Europe? On est largué, on regarde le train passer… Google est une société magnifique. Pourtant, si elle devient leader en matière de lutte contre la mort, d’intelligence artificielle, de robotique, de domotique, de voitures intelligentes, il faudra vraiment réfléchir à la démanteler! Elle pourrait devenir plus puissante que les États.
Le tableau est effrayant… N’est-ce pas trop tard?
Il n’est jamais trop tard. Mais la croissance très rapide des technologies NBIC rend possible ce qui relevait jadis de la science-fiction. La bataille entre le microprocesseur et le neurone a commencé, et l’intelligence artificielle arrive à grands pas. Selon la loi de Moore, la puissance informatique double très rapidement. Le nombre d’opérations réalisées par les plus gros ordinateurs est multiplié par 1.000 tous les dix ans et donc par 1.000.000 en vingt ans. En 1950, un ordinateur effectuait 1.000 opérations par seconde. Aujourd’hui, on atteint 33 millions de milliards d’opérations par seconde. Ce sera 1.000 milliards de milliards en 2029! Autour de 2040 émergeront des machines dotées de la capacité du cerveau humain. Et d’ici à la fin du siècle, elles nous dépasseront en intelligence, ce qui poussera l’homme à vouloir « s’augmenter » par tous les moyens. Imaginez si de tels robots, plus forts que nous, ayant accès à l’intelligence artificielle et à l’impression 3D, connectés et contrôlant Internet, existaient… Leur pouvoir de manipulation serait quasi illimité. Quand « BigDog » aura un fusil d’assaut M16 dans les mains, il vaudra mieux ne pas se promener en forêt!
Source : leJdd.fr/economie/
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