Dossier affaire Dassault : La république des pourris
Tandis que tous les médias et la blogosphère s’enflamment pour l’affaire Dieudonné*, derrière cet épais rideau de fumée, un scandale d’état bien plus grave peut éclater dans une indifférence quasi générale.
M. Serge Dassault, maire et sénateur, dont vous lirez ci-dessous la liste des mises en causes par la justice, (et croyez moi, c’est impressionnant,) M. Dassault, voyou de la République a convaincu le Sénat de refuser la levée de son immunité parlementaire…
Mieux que ça : pour le récompenser sans doute de toutes les crimes et malversations pour lesquelles il est mis en examen, l’état a annoncé hier le déblocage d’un milliard d’euros pour moderniser l’avion de Dassault Aviation : le Rafale. (Avion, il faut le dire qui a été jusqu’à présent un échec commercial retentissant)…
(Serge Dassault, s’il ne dirige plus l’entreprise, est, comme nombre de membres de sa famille au conseil d’administration)
Voilà où passent les impôts dont on nous accable sous prétexte de redresser le pays : A soutenir les gangsters de la République.
Nous le savions déjà, me direz vous… Mais Cahuzac à côté de ce mafieux, c’est Blanche-Neige !
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EXPLICATIONS :
1) Décryptage de l’affaire Dassault
L’agglomération de Corbeil-Essonnes se trouve dans la tourmente. À quelques mois des échéances électorales, la ville est secouée par une affaire judiciaire dans lequel est impliqué Serge Dassault, maire de cette localité entre 1995 et 2009.
De graves soupçons
Serge Dassault se retrouve aujourd’hui au cœur de cette affaire éponyme. De graves soupçons pèsent sur cette personnalité concernant le transit frauduleux de plusieurs millions d’euros via des réseaux opaques, une tentative d’assassinat ainsi que l’annulation des élections municipales pour dons d’argent. Pour s’assurer du vote de l’électorat populaire qui était indispensable pour qu’il soit reconduit à la tête de la municipalité, l’industriel aurait mis en œuvre un système de clientélisme.
Qui sont les principaux protagonistes ?
Ils sont au nombre de quatre, dont Jean-Pierre Bechter, administrateur de la société Socpresse, propriétaire du Figaro. Il est en outre le bras droit du milliardaire et s’est retrouvé à la mairie de la ville après l’invalidation de l’élection de Serge Dassault par le Conseil d’État en 2009. La justice le soupçonne d’avoir acheté des votes durant sa campagne électorale.
Younès Bounouara est aussi un personnage-clef de l’affaire. Avant son incarcération pour tentative d’assassinat, il représentait l’homme de main de l’industriel pour intervenir dans les quartiers sensibles de l’agglomération. Serge Dassault lui a octroyé 2 millions d’euros en 2011, une somme qui aurait servi à payer les intermédiaires opérant au sein du système dans l’objectif d’acheter les votes de l’électorat.
Younès Bounouara est cependant soupçonné de ne pas avoir redistribué l’argent, ayant ainsi engendré la convoitise et la jalousie autour de lui. Comme le contexte s’est dégradé, il a tiré sur Fatah Hou qui a été grièvement blessé. Ce dernier intégrait l’équipe ayant clandestinement filmé l’industriel lorsque celui-ci évoquait le versement de grosses sommes d’argent. Il fait l’objet d’une plainte de la part des avocats de Serge Dassault auprès du Tribunal d’Évry avec René Andrieu, ancien braqueur qui a été parmi les proches de Serge Dassault.
Au Tribunal d’Évry
Plusieurs enquêtes judiciaires sont ainsi ouvertes autour de l’affaire Dassault, que ce soit à Évry ou à Paris, chaque partie assurant être la victime. Au Tribunal d’Évry, deux procédures distinctes ont été mises en œuvre. Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault ont été entendus dans le cadre de la première affaire qui concerne la tentative d’assassinat ayant ciblé Fatah Hou. La seconde enquête concerne les tirs qui ont visé Rachid Toumi, un jeune homme habitant à Corbeil-Essonnes, ce dernier ayant été à l’origine de la dénonciation du système qui consistait à acheter les votes de l’électorat des quartiers sensibles.
Selon les révélations faites par France Inter le 5 janvier 2014, Fatah Hou a déposé une plainte pour association de malfaiteurs au Tribunal d’Évry. La procédure vise 4 personnes : un diplomate marocain, un employé municipal, Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault.
Au parquet de Paris
En mars 2013, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour présomption d’achat de votes aux élections municipales entre les années 2008 et 2010, pour blanchiment, corruption et abus de biens sociaux. Les juges qui sont en charge du dossier ont soumis une requête auprès du Sénat pour une levée de l’immunité parlementaire de l’industriel, qui a été refusée récemment.
Par ailleurs, une information judiciaire est ouverte auprès du parquet de Paris depuis le 24 janvier 2013, à la suite de plaintes déposées par les enfants de Serge Dassault qui se déclarent victimes de nombreux appels malveillants. Trois personnes, toutes originaires de la ville de Corbeil-Essonnes ont été mises en examen dans le cadre de cette enquête.
SOURCE : Agoravox
2) Serge Dassault conserve son immunité : symbole d’une rupture entre élite et citoyens
L’immunité parlementaire de Serge Dassault n’a donc pas été levée mercredi 8 janvier. Le bureau du Sénat s’y est opposé par 13 voix contre,12 pour et une abstention. Sachant que le bureau est composé de 14 voix de gauche et 12 voix de droite, le calcul est vite fait : il y a une brebis galeuse dans la majorité. Le vote étant à bulletin secret, on cherchera longtemps qui fut le « traître » conduisant à cette situation politique ubuesque.
Alors que les citoyens sont de plus en plus défiants à l’égard des pouvoirs – exécutif comme législatif – ce vote les conforte dans l’idée que droite et gauche, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
Des sénateurs dont l’image se dégrade au fil des affaires
Déjà très privilégiés – ce qui ne remet pas en cause la compétence de certains – les sénateurs semblent être une caste à part, se protégeant et protégeant ses acquis. On ne peut pas dire que l’affaire Dassault, qui survient après celle des PV impayés de Jean-Vincent Placé, redore l’image de cette chambre haute. Avouons que nous n’avions pas imaginé ce scénario.
L’affaire Dassault est quand même sérieuse et porte atteinte à la République : tentatives d’assassinat, transactions financières opaques, corruption, abus de biens sociaux, blanchiment, achats de bulletins de vote, association de malfaiteurs… Aussi on reste abasourdis devant les arguments des opposants qui ne souhaitaient pas condamner Dassault « a priori ».
Le parquet s’était quand même prononcé : il était favorable à la levée de l’immunité. Le sénateur peut toujours être convoqué par les juges (en tant que témoin assisté par exemple) mais il est protégé de toutes mesures coercitives.
Un vote affligeant qui abîme la démocratie
Si j’étais mauvaise langue, je soupçonnerai un élu de gauche d’avoir été « acheté ». Mais n’en rajoutons pas : le Parti socialiste est déjà assez « horrifié » comme cela. On aimerait cependant en savoir plus sur la motivation du sénateur de gauche qui a voté contre.
Reste que ce vote est un mauvais signal envoyé aux électeurs. En rendant Dassault – provisoirement – intouchable, les sénateurs expriment un refus d’être des citoyens comme les autres et ce peu importe la gravité des accusations. De quoi nourrir les discours populistes en vogue. La coalition « UMP-PS » va ressurgir à coup sûr.
Ce vote est affligeant et abîme la démocratie. Serge Dassault ne méritait aucune compassion : il est présumé innocent. On lui demande juste de s’expliquer devant les juges, d’égal à égal avec n’importe quel citoyen. Tout patron du « Figaro » qu’il est, le plus riche des cumulards assistés (« le Figaro » a touché des millions d’euros d’aides à la presse, Dassault survit grâce à l’Etat, il est sénateur et ancien maire d’une grande commune, etc) est accusé de faits suffisamment graves pour qu’on cesse de le craindre au nom d’arguments spécieux.
A lui tout seul, il discrédite la fonction parlementaire et entache l’image des élus de la République.
La fin des privilèges ?
Les Français ne veulent pas seulement de la transparence politique, ils veulent abolir les privilèges qui se sont accumulés au fil des décennies, éloignant un peu plus le haut de la pyramide de sa base. Ne nous étonnons pas alors qu’ils s’abstiennent un peu plus à chaque élection, ou défient ce corporatisme en votant pour un parti hors système.
Depuis hier soir, tous les élus de gauche réclament la même chose : la fin du vote à bulletin secret. Ce jeudi 9 janvier, le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, a proposé le vote à main levée. « La transparence de la décision, c’est aussi sa légitimité et la responsabilité qu’elle implique pour chacun« . Ce serait un premier pas dans le bon sens.
Certains vont plus loin en voulant supprimer l’immunité parlementaire. Ce serait un grand pas en avant qui ne bouleverserait pas les équilibres politiques. Après tout, le système prévoit des suppléants en cas de défaillance, juridique ou autres, de l’élu.
On peut aussi imaginer une réforme plus grande : réduire à 200 le nombre de sénateurs, limiter à 70 ans l’âge légal pour être élu, l’impossibilité d’être propriétaire d’un média (cela vaudrait pour les députés). Car c’est aussi l’autre problème « Dassault » : le mélange des genres.
En protégeant Dassault, le Sénat a joué contre son camp
Le site du « Figaro » n’a consacré hier qu’un article – une dépêche AFP – à l’Affaire Dassault et un autre plus tôt dans la semaine, mentionnant que Dassault contre-attaquait. Depuis ce matin, pas un article ou une dépêche n’a évoqué les réactions des sénateurs de gauche et les propositions du président du Sénat. Distorsion de la vérité, indigne d’un grand média ; ce qui révèle là aussi des pratiques d’un autre temps et explique la méfiance des Français à l’égard du IVe pouvoir.
Il est indispensable que les citoyens puissent retrouver confiance dans leurs élus et dans les partis. Sans quoi tout peut s’effondrer. En protégeant Dassault, le Sénat a joué contre son camp, au même titre que « Le Figaro » perd de sa crédibilité en ne livrant pas toutes l’information à ses lecteurs. Dans ses colonnes, Dassault aurait quand même pu, pour une fois, remercier la gauche pour l’avoir sauvé, temporairement.
Défiance à l’égard du pouvoir législatif, méfiance vis-à-vis du pouvoir médiatique : l’affaire Dassault cristallise la rupture entre les citoyens et les « décideurs ». Le troisième pouvoir se doit d’être inflexible. Les juges ne doivent pas se décourager. Parions que le Sénat aura de nouveau à se prononcer sur cette affaire aux allures « mafieuses ».
Vincy Thomas pour http://leplus.nouvelobs.com
(Note : Il y en a marre de ces vieux c..ns pourris, sénateurs à vie, qui coûtent cher à l’Etat, se vautrent dans les ors de la République à nos frais… IL NE SERVENT A RIEN ! Si une pétition est lancée pour la suppression du Sénat, je signe !)
SUITE DU FEUILLETON :
(article dans lequel vous verrez surgir toujours le même argument : 500 entreprises françaises dépendent de Dassault Aviation… Ce qui nous renvoie à l’article que vous trouverez sur la page d’accueil concernant les LBO. En gros, on laisse la peste s’installer et on ponctionne l’état pour replâtrer… au bénéfices de quelques uns, biensûr !)
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* A propos de Dieudonné, je ne peux m’empêcher de partager avec vous cette pépite. Cela ne mérite pas un article, (on ne va pas hurler avec les loups ou bêler avec les moutons) mais comme ça m’a fait rire je transmets… Il a vraiment un sens très particulier de l’humour !
NDLR : Ce dossier, et la façon dont il est rédigé et commenté n’engage que moi. A chacun d’utiliser son libre-arbitre.