Une meilleure purification de l’eau avec les graines d’arbres Moringa
Une nouvelle étape franchie pour un procédé plus propre et efficace de l’assainissement de l’eau. D’une manière générale, les particules en suspension dans l’eau brute sont retirées par agrégation à l’aide de produits synthétiques. Mais il apparaît que les graines des arbres Moringa pourraient être utilisées pour former ces agrégats. Les protéines qu’elles contiennent seraient même plus efficaces que les produits utilisés actuellement.
Les Français consomment 110 milliards de m3 d’eau potable par an, le reste de la production annuelle est essentiellement utilisé pour l’agriculture et l’industrie. L’assainissement coûte 3,38 euros par m3, et ce sont quelque six milliards d’euros qui sont investis chaque année dans les services de l’eau potable. Le traitement de l’eau brute est complexe et nécessite plusieurs étapes. Il faut d’abord épurer les gros déchets, puis agréger les particules en suspension. Le processus de coagulation est la principale étape. Il faut d’abord introduire un coagulant, qui neutralise la charge des particules, et injecter ensuite un floculant pour agglutiner ces colloïdes. Par suite, l’eau est décantée, filtrée et désinfectée.
Si dans notre pays, l’eau est l’aliment le plus contrôlé, c’est loin d’être le cas dans le reste du monde. Les législations diffèrent suivant les États, et l’assainissement est coûteux. On estime que près de 900 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Sa gestion dans le monde est un réel problème, d’un côté les pays industrialisés rejettent des eaux usées souvent encore trop polluées, et de l’autre, 10 % de la population mondiale n’a pas accès à une eau saine. Les recherches scientifiques sont très actives, et trouver des méthodes de traitement efficaces, accessibles et moins onéreuses est une priorité.
D’après Lionel Porcar, de l’Institut Laue-Langevin, les neutrons sont un outil idéal pour comprendre la structure interne des agrégats organiques complexes formés par les protéines des Moringas (ici à l’image), grâce à la méthode de variation de contraste qui permet de mettre uniquement en évidence l’organisation des protéines dans les flocs. De plus, l’utilisation de la diffusion neutronique aux très petits angles a permis de suivre de manière non invasive la formation de ces flocs in situ, afin d’élucider leur mécanisme. © ILL
Dans un article récemment publié dans le journal Colloids and Surfaces, une équipe de recherche de l’université d’Uppsala rapporte que des graines d’arbres Moringa peuvent être utilisées pour purifier l’eau. Le procédé est naturel, mais serait surtout plus efficace que le processus actuel de floculation qui fait appel à des produits synthétiques pour agréger les particules colloïdales. Ces graines renferment des protéines qui, dans l’eau, se lient aux impuretés et provoquent leur agrégation.
Les premiers tests en Namibie et au Botswana
L’étude s’est focalisée sur la structure microscopique des agrégats formés à partir des protéines des graines de Moringa. Les complexes obtenus sont semble-t-il beaucoup plus compacts que les flocs obtenus par la méthode conventionnelle. C’est intéressant, puisque les particules en suspension dans l’eau peuvent être séparées du liquide plus facilement. Différentes variétés de Moringa ont été étudiées. L’équipe montre que le Moringa stenopetala a les graines qui forment les plus petits agrégats, mais ils restent largement plus grands que ceux obtenus avec des floculants ioniques ou polymériques.
Un communiqué de presse de l’Institut Laue-Langevin, impliqué dans l’étude, rapporte que l’équipe aurait déjà présenté ses résultats aux agences gouvernementales et aux organismes publics, en particulier en Namibie et au Botswana, où les Moringa sont déjà cultivés. « Des discussions sont en cours sur le meilleur usage des graines de Moringa, à la fois pour remplacer les floculants conventionnels utilisés dans les grandes stations de traitement des eaux et dans les petites unités de traitement », explique le communiqué. Il reste tout de même à déterminer le nombre de protéines qu’il faut fournir pour une floculation à grande échelle efficace.
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