NBIC, LA VIDÉO QUI VOUS REND HEUREUX D’ÊTRE VIEUX

Ce film est terrible… Terrible parce qu’il fait prendre conscience non seulement d’avancées technologiques et biotechnologiques folles, mais surtout parce qu’elle donne la parole à ceux qui sont investis dans ces recherches, et c’est là ce qui est le plus effrayant. Efficacité, capacités augmentées, immortalité, ordre, rentabilité et j’en passe.. A part quelques égarés qui se posent tout de même quelques questions éthiques, les discours sont totalement déconnectés de ce qui fait la grandeur de l’humain.. Je ne verrai sans doute pas cela, et, égoïstement, je m’en réjouis. Moi qui ne supporte pas d’entendre un GPS me donner des ordres…

Tant que nous le pouvons encore, il faut prendre conscience de cette folie et entrer en résistance.Nos petits enfants ou nos enfants sont déjà pervertis malgré nous.. Parlons avec eux, éduquons-les sur le sujet. Ce sont eux les cibles…

Source : lesmoutonsenragés

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Transhumanisme : nouveau Graal pour immortels friqués

Neurologues, chirurgiens et biologistes préparent une prochaine révolution humaine, élargissant les capacités de l’homme en dehors de ses terres naturelles, relativisant la mort et, bien sûr, la vie. Ces nouveautés commandées le plus souvent par des milliardaires donnent à penser qu’il s’agit d’un grand profit pour l’être humain. Battons en brèche ces préjugés, prenons de la hauteur et analysons plus en profondeur les mirages de la science au service de la corporalité humaine. Portrait critique des avancées techniques qui prétendent ridiculiser Prométhée.

La lecture des lignes de la main fait partie des rites de divination permettant à ce que l’on appelle un chiromancien de prédire votre avenir fatalement inscrit dans un langage codé au creux de vos paumes. Cette pratique n’est pas nouvelle puisqu’elle date d’il y a 5 000 ans en Orient puis a peu à peu conquis le monde. C’est aujourd’hui l’art divinatoire le plus populaire et le plus répandu. Mais que dire lorsque nous apprenons qu’au Japon, une nouvelle mode consiste à débourser 600 € pour laisser un chirurgien plasticien brûler vos paumes au scalpel électrique afin de redéfinir vos lignes de la main et, cela va de soi, « changer votre destin » ? Du chiromancien au chirurgien, de la destinée divine à l’homme maître de lui-même, cette curieuse pratique résonne comme un révélateur, presque un avertissement.

LIGNES GOODLe paradoxe est ici exceptionnel, car pour croire en une destinée pré-inscrite, il faut croire en quelque chose de plus grand que soi, quelque chose sur quoi nous ne pouvons avoir prise et qui a prise sur nous, une divinité, en somme. Dès lors, si l’on accepte ce postulat et que l’on est donc croyant, comment croire qu’une entaille faite volontairement par l’homme dans sa main changera quelque chose à ce que Dieu ou l’Univers a déjà décidé pour nous ?

Ambiguïté très révélatrice de l’homme actuel, incapable de prendre conscience de l’univers autour de lui depuis qu’il est enfermé dans des murs de béton aseptisés, il se considère limité comme une case à la barrière de son corps. L’idée qu’il est intégré à un ensemble plus grand que lui, comprenant la nature et les autres individus, ne lui effleure même plus l’esprit. Chaque acte qu’il commet lui semble contenu à son propre être et l’idée qu’une action bénigne puisse interagir et changer la vie de quelqu’un d’autre ne peut être envisagée dans son logiciel de pensée.

Ce paradoxe montre l’incapacité à comprendre l’influence de la généralité sur la particularité, du monde sur l’individu et de l’individu sur le monde. Les lignes de la main sont héréditaires, décidées par les gènes des parents, c’est-à-dire un processus naturel sur lequel on ne peut rien. Croire en un destin, c’est croire en une suite de causalités dont on ne maîtrise pas tous les tenants et les aboutissants. En elle-même, pourtant, brillant paradoxe, la chirurgie des lignes de la main démontre l’incapacité des individus à se penser comme composant d’un ensemble : elle est la négation de la causalité et du destin et donc de la croyance elle-même, par des individus a priori croyants.

Greffer une tête : l’immortalité à deux pas

À en perdre les pédales, ou justement la tête : la science envisagerait n’importe quel moyen pour combattre l’ennemi juré de chaque homme en vie : la mort, l’irréductible prédestination. C’est ainsi que ne sachant où s’arrêter, un neurochirugien italien, Sergio Canavero, lance sa réclame en nous promettant de pouvoir transplanter une tête sur le corps d’un être en état de mort cérébrale, d’ici quelques années. Gageons qu’il y arrive.

Les possibilités ouvertes par une telle pratique sont nombreuses mais ne rendront pas pour autant l’être humain immortel. Cela pourra permettre à des personnes paralysées de retrouver un corps intact et en pleine capacité de ses forces. Cela pourrait aussi permettre, soyons fous, à des personnes assez fortunées de pouvoir échanger de tête ou de corps, pour changer de sexe, de look ou de taille. Dans tous les cas cette pratique, pour le moins intrigante, est l’exacte grande sœur des chirurgies des lignes de la main : l’homme cherche à y changer son destin en opérant sur lui-même une chirurgie matérielle, délaissant toute portée spirituelle et toute pensée en dehors de lui et de son enveloppe.

« Le corps a une importance invraisemblable sur notre perception et donc notre personnalité, changer de corps n’est donc pas un acte anodin. »

La dimension métaphysique supplémentaire qu’apporte cet acte, c’est de considérer que l’homme est contenu dans sa tête et plus exactement dans son cerveau, et que le reste, l’enveloppe charnelle, n’est qu’un rangement interchangeable. Mais en qualité de médium, le corps a une importance invraisemblable sur notre perception et donc notre personnalité, changer de corps n’est donc pas un acte anodin. En délaissant son corps au profit d’un autre, c’est toute une histoire que nous partageons avec lui que nous désolidarisons. D’une certaine manière, changer de corps ne constitue pas une continuité mais une rupture. Dans ce changement, une partie de votre personnalité meurt au profit de la naissance d’une nouvelle et, d’une manière générale, plus le changement est grand, plus la part de personnalité, c’est-à-dire de caractère propre, meurt par la même occasion. Sur l’intégralité d’un corps, il faudrait donc penser qu’il s’agit d’une renaissance.

Mais là où tout se complique, et où l’on peut comprendre toute la complexité humaine, c’est que des chercheurs sont en train de découvrir, ou plutôt redécouvrir, que d’autres parties de notre corps sont capables de penser. Ainsi serait enroulé autour de nos entrailles un système nerveux entérique composé de cent millions de neurones soit 1/1000e du cerveau principal. C’est peu, mais c’est toujours suffisant pour relativiser l’importance que nous donnons à notre tête par rapport au reste du corps.

Téléchargement de conscience : une pratique brainstream ?

De son côté, le téléchargement d’esprit consiste à traduire l’ensemble de votre cerveau, son fonctionnement et sa mémoire en code binaire pour l’implanter et le sauvegarder dans une machine, le fameux Ghost in the Shell. Cette pratique n’est pas prévue pour demain mais est en partie déjà possible. Les machines commencent à savoir interpréter les stimuli de notre cerveau. Mais en quoi le téléchargement d’esprit combattra la mort ? À y regarder de plus près, le téléchargement d’esprit ressemble à s’y méprendre à l’éducation. Un professeur ou un parent, par le langage et le geste, cherche à transmettre son esprit en communiquant aux nouveaux êtres sa mémoire et sa structure.

599734_sans-titreL’enfant porte en lui cette capacité de transcender la mort, de pérenniser la destinée des parents, biologiques ou non, et de l’espèce. Cependant, bien que procédant de la continuité de l’éducateur, l’enfant ne lui appartient pas et l’éduquer revient à se livrer à l’autre, c’est un geste intéressé et pourtant altruiste. L’écriture et d’autres arts possèdent d’ailleurs cette même fonctionnalité, figurer son être intérieur et communiquer ses pensées et ses expériences à un public, à autrui. À la différence d’un public ou d’un enfant, le téléchargement d’esprit propose de renier la mort en inscrivant sur un disque physique l’intégralité de la conscience et de pouvoir reproduire une intelligence artificielle proche de votre manière d’imbriquer les éléments de votre pensée. Vous ressuscitez dans une machine, en quelque sorte. Peut-être même qu’avec les progrès de la science dans le domaine de la bio-informatique pourra-t-on se reproduire « corps et âme » ?

Dès lors, la perspective de ce changement de succession est que l’homme passera d’un idéal altruiste d’évolution par la rencontre à un idéal individualiste de duplication pouvant subir des transformations, intégré dans la théorie de l’information. Les mélanges opérés à chaque nouvelle génération ne seront plus et l’on peut craindre que l’homme s’affaiblira comme un vieux médicament n’ayant plus d’effet. Cela relève pourtant d’une parfaite logique capitaliste, individualiste et d’une logique d’accumulation de vies successives plutôt que d’un partage de la vie d’être en être.

L’homme, une machine ?

C’est peut-être finalement ce phénomène de téléchargement d’esprit qui va nous éclairer le plus, tant il montre la vision indûment perçue de l’homme par la science postmoderne. Dans la réflexion que nous essayons d’illustrer depuis le début de cet article, l’homme n’est perçu que comme un tout matériel, un ensemble d’engrenages composant une machine très sophistiquée. Ce n’est pas pour rien que le monde postmoderne est segmenté. Ainsi, pour chaque secteur défaillant de votre vie, vous trouverez réponse chez un spécialiste. Nutritionniste, psychiatre, généraliste, dermatologue, sexologue, coach en entreprise, économiste et sociologue : tous les mécaniciens de l’homme vous apporteront une réponse bien ciblée.

Cela dit, c’est oublier la grande différence entre la machine et l’enfant : l’un est inerte et l’autre est vivant. Un enfant, à la différence d’un disque dur, interprétera et changera ce qui lui sera communiqué mais lui seul pourra faire vivre l’information, et la dynamique implique nécessairement l’évolution.

La machine, bien qu’animée, est incapable d’évolution, elle n’interprète et ne change rien, elle agit sur commande, c’est-à-dire impulsion humaine. Peut-être un jour réussirons-nous à nous créer un alter ego en silicium mais il faudra alors le considérer comme un pair, et non comme un robot ou un meuble. Le problème de la conception ultra-matérialiste de l’homme est donc qu’elle réduit celui-ci à la finitude de son enveloppe. Pourtant, à y regarder de près, la nature de l’homme semble bien plus éthéréenne, pour ne pas dire spirituelle.

« Nous nous propageons par le langage et par l’action sur autrui. Notre existence ne se limite pas à l’étroitesse de notre enveloppe charnelle […]. »

En physique, on remarque que la matière s’adjoint à un autre phénomène : l’onde. À y réfléchir, l’homme semble posséder les mêmes caractéristiques que celle-ci, par métaphore. Nous nous propageons par le langage et par l’action sur autrui. Notre existence ne se limite pas à l’étroitesse de notre enveloppe qui reprend alors sa véritable nature, celle de vecteur et non de conteneur. La perversion du postmodernisme, en attribuant à l’enveloppe une sur-importance capitalisante, celle du coffre-fort possédant votre être, est de conduire à une vision étriquée de l’homme réduit à une machine animée, d’une âme poète prisonnière d’un corps machine laborieux et non d’une symbiose entre une énergie et un vecteur. Toute notre capacité de propagation et de réception d’autrui mais plus largement du reste du monde est alors atrophiée et délaissée au profit d’un misérable égocentrisme concentré sur nos pensées contenues et notre chair, nos sensations.

Pourtant, bien encadrées, ces nouveautés à venir ne sont pas toutes effrayantes : l’idée de téléchargement d’esprit pourrait notamment servir à conserver des structures de pensée. Imaginez que plutôt que de lire Einstein,  vous puissiez lui poser une question : le futur en sera peut-être capable. Agir sur son corps et intervenir sur lui pour qu’il dure plus longtemps dans un état agréable est même positif : cela pourrait renforcer la caractérisation de la personnalité, faisant de l’homme un être de plus en plus profond, différencié et unique. Changer de corps, de tête ou de volume au gré des désirs pulsionnels est la seule issue détestable et sera le meilleur moyen de détruire la différence pour entrer dans une conformité au mouvement à la mode, changeant de peau comme de vêtement, réservée aux plus riches. Tout n’est donc qu’une éternelle question de juste milieu, de ligne rouge et de cordon éthique. Reste à trouver l’harmonie.

Boîte noire

SOURCE : Vincent Froget pour Ragemag.fr