Greenpeace mobilise des milliers de personnes dans le monde pour ses militants détenus en Russie
Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi 5 octobre à travers le monde pour réclamer la libération de trente militants de Greenpeace, arrêtés après avoir tenté d’aborder une plateforme pétrolière du géant russe Gazprom dans l’Arctique – une action relevant de la « pure provocation » selon Moscou.
Les trente membres de l’équipage du navire « Arctic Sunrise » – 28 militants de l’ONG écologiste et deux journalistes – ont été placés en détention pour deux mois à Mourmansk, dans le nord-ouest de la Russie, et inculpés de « piraterie en groupe organisé ». Ce qui leur fait encourir jusqu’à quinze ans de prison.
Le groupe compte deux Néerlandais, un Français, six Britanniques, quatre Russes, deux Argentins, deux Canadiens, deux Néo-Zélandais, un Américano-Suédois, un Américain, un Australien, un Brésilien, un Danois, un Finlandais, un Italien, un Polonais, un Suisse, un Turc et un Ukrainien. Plusieurs d’entre eux ont tenté d’escalader la plateforme pour dénoncer le risque qu’elle fait courir à l’environnement, avant que leur brise-glace, parti fin août, ne soit arraisonné, en septembre.
47 PAYS
La journée de mobilisation à l’appel de Greenpeace dans quarante-sept pays a débuté en Nouvelle-Zélande, puis en Europe, et devait se poursuivre aux États-Unis et au Canada. A Paris, l’ONG a revendiqué plus de 300 manifestants, et a adressé vendredi une lettre à François Hollande pour lui demander d’intervenir en faveur de la libération de ses militants.
Des manifestations étaient aussi prévues dans dix-sept villes du Royaume-Uni. A Londres, l’acteur Jude Law, les musiciens Damon Albarn et Paul Simonon (The Clash) ainsi que la styliste Vivienne Westwood ont participé au rassemblement, qui a réuni entre 800 personnes selon la police et un millier selon les organisateurs devant l’ambassade de Russie. Jude Law et Damon Albarn (Blur), qui sont amis avec l’un des militants détenus, ont jugé « absurde » et « ridicule » l’inculpation des activistes pour « piraterie ». « Tout le monde est inquiet parce qu’il s’agit de la Russie, qui n’a pas l’habitude de céder à la pression internationale », a souligné Damon Albarn.
En Allemagne, des manifestations étaient prévues dans quarante-huit villes, notamment à Berlin et Hambourg. Ils étaient également un millier à La Hague, devant l’ambassade de Russie aux Pays-Bas, où ils se sont fait entendre avec tambours et trompettes, mais aussi environ 1 300 à Helsinki, environ 500 à Stockholm, et 200 à Vienne. Plusieurs centaines de personnes ont aussi manifesté au principal port de Hong Kong en formant une chaîne humaine en forme de lettres « Libérez les 30 de l’Arctique ». A Moscou même, une trentaine de personnes se sont rassemblées aux abords du parc Gorki, dans le centre, exhibant des portraits des personnes détenues
INQUIÉTUDES DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
La France a indiqué mercredi que les ambassades en Russie des pays ayant des ressortissants parmi les militants de Greenpeace incarcérés à Mourmansk « se concertaient » sur le sujet. Depuis, l’Australie a fait part de son « inquiétude » quant aux accusations « très graves » portées par Moscou contre l’un de ses ressortissants, en détention provisoire en Russie.
De leur côté, les Pays-Bas ont entamé contre la Russie une procédure d’arbitrage, estimant que Moscou aurait dû leur demander la permission d’interpeller l’« Arctic Sunrise » au motif que le bateau utilisé par Greenpeace battait pavillon néerlandais. Mais le vice-ministre russe des affaires étrangères, Alexeï Mechkov, a vigoureusement contesté les arguments des Pays-Bas, soulignant que les autorités néerlandaises avaient été maintes fois averties des dangers encourus par les agissements de l’équipe de Greenpeace.
SOURCE : Le Monde/Planète