Carafes filtrantes : 5 impostures démasquées
Alors que les fabricants de carafes filtrantes multiplient les opérations marketing, le mensuel 60 millions de consommateurs a testé les performances de 8 modèles de carafes filtrantes dans son numéro de juin 2011. Aujourd’hui, 25% des buveurs d’eau du robinet utilisent une carafe ou un système de filtration.
Mais dans bien des cas, l’eau filtrée est pire que l’eau du robinet ! La dernière étude de 60 millions de consommateurs (numéro de Juin 2011) confirme l’imposture de ces carafes filtrantes.
Les résultats obtenus sont si médiocres que 60 millions de consommateurs préfère n’en recommander aucune !
1/ Les carafes filtrent le chlore : vrai mais inutile, voire dangereux
Oui, les cartouches au charbon actif retiennent le chlore, ce qui débarrasse en partie l’eau du robinet de son mauvais goût. Mais cette filtration favorise aussi l’apparition de bactéries…
« Si l’eau n’a plus de goût ni d’odeur, elle devient aussi sans protection face aux bactéries », note 60 millions de consommateurs.
Méfiez vous de l’eau qui dort ! Car ce constat rejoint celui de l’étude menée par Que Choisir qui pointait les dangers d’une « contamination [des cartouches] propice à la prolifération des microbes ».
En testant les cartouches utilisées chez une trentaine de familles, l’association avait découvert la présence de germes liés à la manipulation de la cartouche que de nombreux utilisateurs contaminent avec leurs mains.
2/ Les carafes filtrent le calcaire : faux et c’est tant mieux !
En plus de débarrasser l’eau de son chlore, les fabricants de carafes promettent de retenir le calcaire – en réalité le calcium – grâce à une résine échangeuse d’ions. Un « argument marketing anticalcaire qui tombe à l’eau » estime le magazine qui cite « des résultats médiocres. »
Et c’est tant mieux ! Car « le calcium est un minéral indispensable à l’organisme et son apport via l’eau permet une bonne assimilation sans apporter de calories » rappelle 60 millions de consommateurs.
En résumé, les carafes filtrantes proposent de filtrer des substances bonnes pour la santé. Heureusement qu’elles ne tiennent pas leurs promesses.
3/ Les carafes filtrent les nitrates : faux et tendancieux !
En matière de nitrates, les « résultats sont très mauvais » juge 60 millions de consommateurs. Les carafes testées n’ont retenu que 8% à 17% de la quantité de nitrates présentes dans l’eau.
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- Cet argument anti-nitrates, largement utilisé par les fabricants de carafes, pose problème : il surfe sur l’inquiétude des femmes enceintes ou des jeunes mères.
Car pour les nourrissons et enfants en bas âge, une eau trop chargée en nitrates provoque des problèmes d’oxygénation du sang lourds de conséquences. C’est pour cela que les médecins préconisent une eau dont la teneur en nitrates n’excède pas 10 mg/L. Or, la teneur maximale de nitrates dans l’eau du robinet est bien plus élevée puisqu’elle est limitée à 50 mg/L.
En retenant 8% à 17% de ces nitrates, la teneur de l’eau du robinet filtrée en nitrates est encore bien trop élevée pour de jeunes enfants et des femmes enceintes.
En_promettant_une_eau_debarrassee_de_ces_nitrates_les_fabricants_de_carafes_induisent_donc_le_consommateur_en_erreur_il_serait_temps_d_obliger_ces_fabricants_a_indiquer_que_l_eau_filtree_ne_convient_ni_aux_nourrissons_ni_aux_enfants_en_bas_ages »> En promettant une eau débarrassée de ces nitrates, les fabricants de carafes induisent donc le consommateur en erreur. Il serait temps d’obliger ces fabricants à indiquer que l’eau filtrée ne convient ni aux nourrissons ni aux enfants en bas âges.
4/ Les filtres à eau relarguent du charbon actif : vrai !
Lors de leur mise en route, toutes les cartouches relâchent des particules issues du charbon actif ou des résines échangeuses d’ions contenus dans le filtre. Problème : « on retrouve le phénomène au bout de 28 jours pour la plupart des carafes », note les experts de 60 millions de consommateurs. Même si on change les filtres régulièrement, on reste exposé à des particules indésirables !
Il n’est pas acceptable d’ingérer des substances absentes de l’eau non-filtrée » s’énerve 60 millions de consommateurs. D’autant que ces substances sont souvent plus nombreuses que celles reconnues par les fabricants. En plus du charbon actif, on retrouve certains métaux lourds comme l’argent ou des résines d’ion.
5/ L’eau filtrée contient des phtalates : vrai !
Interrogé par 60 millions de consommateurs, Yves Lévi, Professeur de santé publique à l’université Paris 11, révèle qu’ « on peut retrouver des phtalates dans l’eau filtrée (…) ». Une substance jugée cancérigène par l’OMS.
Au lieu de filtrer l’eau et d’améliorer sa qualité, les carafes exposent les consommateurs à des substances absentes dans l’eau du robinet d’origine ( phtalates, argent, charbon actif, résines d’ions).
Circonstance aggravante, la déchloration de l’eau et la manipulation des filtres exposent les consommateurs à des risques de contaminations bactériologiques. Quant à la filtration des nitrates, les résultats médiocres rendent scandaleux cet argument marketing qui laisse penser qu’une eau filtrée de ses nitrates pourrait convenir à l’hydratation des jeunes enfants ou des nourrissons.
Au final, l’étude de 60 millions de consommateurs rejoint celle réalisée en 2007 par Que Choisir. A l’époque, les analyses avaient inspiré ces conclusions accablantes à Jean-Pierre Geai, le directeur de Que Choisir :
« L’analyse de l’eau filtrée par les carafes chez une trentaine de famille donne des résultats pires que l’eau du robinet avant filtration.
Tous les paramètres évoqués comme le plomb, les nitrates, les pesticides ou le relargage d’argent sont amplifiés. Au final, les résultats sont désastreux pour l’eau filtrée ».
Dans ce contexte, ces carafes filtrantes représentent-elles un danger en matière de santé publique ? Une député UMP avait demandé au ministre de la santé de réaliser une étude sur la qualité sanitaire de l’eau filtrée.
A l’époque, la ministre Roselyne Bachelot estimait que « l’efficacité et l’innocuité de ces procédés sont de la responsabilité de la personne qui les met sur le marché ».
Une réponse étonnante pour un ministère chargé de réglementer la sécurité sanitaire de l’ensemble des produits vendus sur le marché français…
Et pourtant :
Source : www.amessi.org