C’est moi qui l’ai fait !
Dossier – Fini le cliché du papa bricolo dans son garage. Désormais, la bidouille touche tout le monde et ne consiste pas qu’à clouer, visser et boulonner. Surtout, le bricolage d’aujourd’hui s’inscrit dans un courant : le « do it yourself » rime avec plaisir, écologie et même résistance à l’hyperconsommation !
Vous avez fait quoi ce week-end ? Réponse A : vous vous êtes rendu(e) dans un garage associatif – il en existe plusieurs dizaines en France – pour apprendre à réparer votre voiture. Réponse B : vous avez préparé des yaourts pour la semaine. Réponse C : vous avez créé une « window farm » (une ferme fenêtre). Ce potager vertical à installer sur les fenêtres, inventé par une New-Yorkaise, réunit une communauté mondiale d’apprentis jardiniers urbains…
Si vous avez coché l’un des points précédents au moins, c’est que vous êtes un adepte du do it yourself (« fais le toi-même », DIY), l’expression aujourd’hui consacrée pour parler du fait maison. C’est le cas aussi, si vous êtes une fashionista qui, pour assouvir sa soif de style, a ressorti la machine à coudre de sa grand-mère. Ou si vous songez à faire l’acquisition d’une imprimante 3D, capable de fabriquer sous vos yeux des objets conçus par ordinateur.
Dans la vraie vie et grâce à Internet, le DIY (prononcez « di-aïe-ouaille ») se propage à la vitesse de la lumière. Les usagers de Commentreparer.com découvrent ébahis qu’avec l’aide de leurs semblables, ils peuvent redonner vie à leur lave-vaisselle sans passer par la case Darty. Les artisans du dimanche se rendent compte qu’en présentant sur la plateforme Etsy.com leurs plus belles créations de doudous brodés, ils trouvent des acheteurs enthousiastes dans le monde entier. Vous voulez explorer les méandres du phénomène ? Rendez-vous sur Instructables.com. On peut y apprendre à préserver des insectes dans de la résine, à fabriquer un bracelet en crochet, tout comme à installer une recharge sans fil à son smartphone.
La révolte par la bricole
Le DIY est le mot d’ordre de cette décennie. Pour mille et une raisons. La crise d’abord. Elle nous appauvrit, nous voilà contraints à la créativité, à la bidouille. Le plaisir ensuite ! A force de rester scotchés à nos écrans, on se réveille un matin avec une furieuse envie de fabriquer quelque chose de concret. La nécessité de recycler aussi. L’air de rien, les obsessionnels de la récup forment une armée de bricoleurs dont les rangs s’élargissent chaque jour. La prise de conscience récente autour de l’obsolescence programmée encore. Pourquoi accepterions-nous sans broncher ce diktat insultant des industriels ? Or, pour se révolter de nos jours, la bricole s’avère très efficace. « Je ne crois pas du tout à la lutte qui serait simplement dans les éclats de colère, dit le chantre de l’agroécologie, Pierre Rabhi, dans le film Au nom de la terre, sorti ce printemps. Je crois que la lutte aujourd’hui, ça doit être dans “ Je fais ”. »
Bidouille industrialisée
Cette culture du DIY pourrait même provoquer une troisième révolution industrielle. C’est notamment ce qu’annonce Chris Anderson, ancien rédacteur en chef de Wired, le magazine américain qui raconte depuis vingt ans la nouvelle ère numérique. Dans son dernier livre, Makers (Pearson, 2012), il raconte les prouesses des imprimantes 3D, découpeuses laser, logiciels et matériels « open source ». « Les Makers (ceux qui fabriquent, ndlr), affirme-t-il, sont en train d’industrialiser la bidouille et l’esprit DIY, en un mouvement tout à la fois artisanal et innovant, high-tech et low cost. » Chez Terra eco, on a testé la révolution DIY. Notre équipe a joyeusement donné de sa personne pour créer des cosmétiques, un lombricomposteur ou même une éolienne. C’est maintenant prouvé : on peut le faire ! Même sans un diplôme d’ingénieur. — E.V.
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Des cosmétiques au lombricomposteur, voici une liste de sites Internet (et de livres) autour du do it yourself.
Makers, de Chris Anderson (Pearson, 2012)
La Petite épicerie du fait-maison, d’Estérelle Payany, (Solar, 2013)
Mes bières maison, de John Parkes (Rustica Editions, 2010)
Je fabrique mes cosmétiques, de Sylvie Hampikian (Terre vivante, 2012)
Construire une serre, de Claudia Lorenz-Ladener (Ulmer, 2013)
Rafraîchir sa maison naturellement de Pauline Delmet (Ulmer, 2011)
How to DIY, (en anglais) (8 DVD, Digital Entertainment International)
http://www.lagrottedubarbu.com/
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SOURCE : Terraeco.net