LA BOMBE FINANCIÉRE AMÉRICAINE AU BORD DE L’EXPLOSION

Ça fait des mois maintenant que les sirènes d’un incendie financier ravageur retentissent : Gold-up, P. Jovanovic, Olivier Delamarche et d’autres encore, nous répètent que l’économie US est totalement fissurée malgré les apparences d’un marché qui surfe sur les crises en se gavant. Parallèlement à la bulle chinoise, (article sur les brins) la bombe US…  Bientôt le glas ?

Voici un extrait du dernier bulletin de Leap2020 et ses analyses économiques :

« …En deux mots, la politique américaine des mois qui viennent constitue la première des trois étincelles susceptibles d’allumer la mèche connectée au baril de poudre d’une économie mondiale qui n’a pas encore totalement coupé le cordon ombilical avec l’oncle Sam.

La Fed perd le contrôle

Plus grave, comme nous l’avions annoncé à maintes reprises, les taux des bons du trésor US sont désormais hors de contrôle. Malgré 45 milliards de dollars d’obligations publiques américaines achetées chaque mois par la Fed, malgré une émission réduite de bons du trésor grâce à la diminution du déficit budgétaire de l’administration fédérale, les taux continuent de monter. S’il ne s’agissait que des rumeurs de réduction de QE3, d’une part ils auraient commencé leur hausse après celles-ci, ce qui n’est pas le cas ; d’autre part, qu’une rumeur de réduction de 10% de QE3 provoque une hausse des taux de plus d’un point de pourcentage sur l’obligation à 10 ans augure mal de ce qui se passera lorsque la Fed devra arrêter complètement son soutien.

 

Taux d’intérêt des bons du trésor US à 10 ans : à gauche, septembre 2012 – septembre 2013, à droite, du 20 avril au 31 mai 2013 (source : MarketWatch/LEAP). Les premières rumeurs de tapering sont apparues le 13 mai et ont été confirmées par Bernanke le 19 juin.
Taux d’intérêt des bons du trésor US à 10 ans : à gauche, septembre 2012 – septembre 2013, à droite, du 20 avril au 31 mai 2013 (source : MarketWatch/LEAP). Les premières rumeurs de tapering sont apparues le 13 mai et ont été confirmées par Bernanke le 19 juin.
On comprend ainsi que la Fed ne maîtrise plus rien et que ses effets d’annonce a posteriori servent seulement à faire croire qu’elle contrôle encore la situation. De toute façon, ce QE3 est complètement inutile pour l’économie réelle puisqu’il ne soutient que la formation d’une bulle sur les marchés financiers et dans l’immobilier (5), c’est pourquoi elle ne rechigne pas trop à le réduire en le déguisant en une conséquence d’une soi- disant consolidation de l’économie. Tout n’est plus qu’une question d’image, la seule chose que la Fed réussisse encore à maintenir pour le moment.En réalité elle n’a pas vraiment le choix : outre son bilan qui croît dangereusement, de l’avis général le remède est maintenant considéré pire que le mal en repoussant sans cesse la confrontation à la réalité et l’éclatement des bulles susmentionnées. Sans parler bien sûr de la pression politique exercée sans doute par la Chine et d’autres pays. En outre, la Fed doit plus que tout préserver le rôle international du dollar, ce qui est vital pour l’économie américaine qui ne sortirait pas indemne d’un changement de monnaie de réserve internationale : cela exige notamment de maintenir sa valeur et pour cela d’augmenter l’attractivité des obligations US. Il est ainsi remarquable de constater que malgré les rumeurs d’un tapering dès septembre (6) qui réduirait la quantité de dollars imprimés chaque mois, malgré les rumeurs de guerre en Syrie qui habituellement auraient provoqué une « fuite vers le dollar », celui-ci n’a pas augmenté face à l’euro, preuve qu’il a vraiment besoin d’un coup de pouce pour éviter une dépréciation brutale extrêmement dommageable. Nous reviendrons sur l’absence de «fuite vers la sécurité» provoquée par le risque d’une attaque en Syrie, signe révélateur d’un changement d’esprit très inquiétant pour les États-Unis.Cette perte de contrôle des taux est la seconde étincelle proche du baril de poudre, une énorme étincelle celle-là, qui ressemble plutôt à un chalumeau.

La prochaine Chypre sera américaine

Mais il n’y a pas que les obligations fédérales qui sont en chute libre. À la suite de la faillite de Détroit, le marché des Munis (obligations municipales américaines) est lui aussi extrêmement tendu (7) comme on le voit à la figure suivante.C’est une situation alarmante pour de nombreuses villes américaines qui va inévitablement amener d’autres faillites retentissantes dans les mois qui viennent. À séparer les dettes municipales et nationales, on affiche certes de meilleurs chiffres, mais on dédouble les risques.

 

Taux des bons municipaux à 20 ans. Source : Fed de Saint-Louis.
Taux des bons municipaux à 20 ans. Source : Fed de Saint-Louis.
Parmi les prochaines victimes sur la liste des marchés semble figurer le Porto Rico qui se débat déjà avec des taux insoutenables (8). Cela n’est pas sans rappeler l’épisode chypriote, sauf que l’île est trois fois plus peuplée. Et que ça ne se passe pas en Europe mais dans la sphère américaine. Parions que cette fois l’île sera considérée comme insignifiante, contrairement à Chypre. « ———
Notes :(1) Source : ABC 7 News, 07/09/2013.

(2) Sources : Fox News (27/07/2013), CNN Money (06/09/2013), Huffington Post (10/09/2013).

(3) Lire par exemple Fiscal Times (10/09/2013) sur les conséquences d’un blocage concernant le plafond de la dette.

(4) Lire par exemple New York Times (05/09/2013) sur la diminution des aides versées à un nombre toujours plus grand de personnes dépendant des bons de nourriture.

(5) Pour ne parler que de ses conséquences internes aux États-Unis, les seules qui comptent aux yeux du pays malgré le rôle mondial toujours prépondérant du dollar qui devrait responsabiliser les dirigeants américains sur la scène internationale. Ça n’a jamais été le cas en 40 ans, ce n’est pas lors d’une crise majeure mettant en cause la survie du pays que cela va changer.

(6) Source : CNBC, 28/09/2013.

(7) Lire par exemple The Future Tense, 29/07/2013.

(8) Source : Wall Street Journal, (09/09/2013).

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Merci Robert.