Aquaponie au jardin partagé de Yandina
Le mot aquaponie, traduction de l’anglais « aquaponics », est un mot-valise formé par la fusion des mots aquaculture (élevage de poissons ou autres organismes aquatiques) et hydroponique (culture des plantes par de l’eau enrichie en matières minérales).
L’aquaponie est donc la culture de végétaux en « symbiose » avec l’élevage de poissons.
L’aquaponie reproduit le cycle de l’azote, fondement de la nature qui fonctionne en circuit fermé dans lequel la même eau est alternativement enrichie en minéraux (par les poissons) et purifiée (par les plantes qui absorbent en particulier nitrates et phosphates).
Le principe :
L’aquaponie est un système ancestral puisqu’il a été utilisé, dans les hortillonnages précolombiens (les chinampas sur lesquels étaient apportés les boues des canaux, chargées entre autre d’excréments de poisson) et dans les rizières asiatiques.
Dans un système aquaponique, les cultures végétales traitent l’eau en prélevant l’azote et le phosphore produits par les élevages aquatiques. L’atelier aquacole fournit quant à lui les éléments fertilisants nécessaires à la croissance des plantes, grâce aux déchets d’élevage qui sont alors valorisés au lieu d’être rejetés et de polluer l’environnement.
Le système peut alors fonctionner en circuit fermé, avec recyclage intégral de l’eau. L’aquaponie demande une source d’énergie pour activer le système de pompage mais n’utilise que 10% de l’eau utilisée dans un jardin conventionnel.
La technique connaît un engouement important, notamment en Australie et aux Etats-Unis, mais aussi dans les zones arides où l’eau est rare et dans les zones urbaines où le foncier est coûteux.
Des kits d’aquaponie sont déjà disponibles tout en restant plutôt destinés à une utilisation de loisir que pour une production économique. Pourtant, et dans une perspective d’intensification écologique, l’aquaponie est appelée à se développer dans le monde entier dans les années qui viennent.
Son fonctionnement :
Il s’agit en fait d’un écosystème dans lequel interviennent trois types d’organismes vivants dans un cycle écologique:
- Les poissons dont les déjections, riches en azote (ammonium et urée) et en phosphore et potassium, sont la source de nutriments pour les plantes, l’aliment apporté aux poissons permet d’enrichir le milieu sous forme d’engrais.
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Des bactéries aérobies qui transforment les matières organiques comme l’ammoniaque/ammonium et l’urée en nitrites puis en nitrates, ces derniers étant assimilables par les plantes sous forme minérale. Elles permettent de jouer le rôle de filtre biologique puisque les excrétions des poissons sont toxiques pour les poissons (blocage de l’hémoglobine et donc de la respiration) à des concentrations trop élevées. Il y a un ratio de 100 en toxicité entre les différents composés azotés, seuils toxiques: de NH4+/NH3 < 0,5 mg/l, de NO2- (nitrites) < 5 mg/l et NO3- (nitrates) < 50 mg/l voire plus selon les espèces.
- Les plantes cultivées épurent l’eau de l’aquarium par l’assimilation des racines, elles se servent des nutriments sous forme minérale pour croître.
En pratique, l’eau de l’aquarium est pompée pour être emmenée dans le système hydroponique, de préférence une table à marée avec support de culture (billes d’argile, graviers…) et NFT horizontal ou vertical en sortie de filtre biologique, pour ensuite retourner vers les poissons.
L’enjeu principal est de trouver le juste équilibre entre la population de poissons, la nourriture apportée, la population bactérienne et la végétation cultivée : une carence en azote (jaunissement des feuilles se développant en partant du bas des plantes) sera le signe d’une sous-population de poissons et ou d’un manque de nourriture.
À l’inverse des taux de nitrites et de nitrates trop élevés indiquent que le filtre sur plante est inefficace et que le métabolisme de ces dernières est insuffisant pour dépolluer l’eau des déjections. Il arrive que des carences apparaissent principalement en fer et oligo-éléments, qu’il est aisé de trouver dans des décoctions d’algues et des extraits de fer chélaté.
Site du jardin de Yandina : http://yandinacommunitygardens.com.au/
http://www.bio-logiques.org/index.php?option=com_content&view=article&id=229:aquaponie-au-jardin-partage-de-yandina&catid=127:australie-2&Itemid=464