Hausse des prix des denrées alimentaires: le monde sous la menace d’une nouvelle crise ?

Les prix des denrées alimentaires sont une préoccupation constante pour les populations les plus pauvres de la planète. Or, les cours sont repartis à la hausse, dépassant les niveaux atteints lors de la crise de 2007-2008 qui avaient fait passer le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde au-dessus du milliard. Nous ne sommes pour le moment pas dans une situation de crise majeure comme en 2007-2008. Pas encore. Mais des millions de vies sont d’ores et déjà menacées.

Les personnes pauvres des pays en développement consacrent entre 50 et 80% de leurs revenus en dépenses alimentaires. La hausse et l’instabilité des prix représentent donc une menace sérieuse sur leur capacité à se nourrir. De plus, cela réduit de façon non négligeable leurs dépenses dans d’autres domaines essentiels, tels que la santé ou l’éducation.

Bien qu’une grande majorité d’entre elles vivent de l’agriculture, ces populations sont exclues des bénéfices de la hausse des prix car trop pauvres. Faute d’accès aux terres (ou seulement de façon limitée), aux crédits, aux voies de communication, elles ont difficilement accès aux marchés. L’inégale répartition du pouvoir ne leur permet pas de négocier les prix alors qu’elles font face à l’augmentation des coûts du carburant et des engrais.

Quelle est la situation ?

Depuis juillet 2010, les prix de nombreux produits agricoles ont augmenté considérablement. Les prix du maïs, du blé et du sucre ont tous augmenté de plus de 70%. Le prix du riz (aliment de base de nombreuses populations pauvres dans le monde) est pour sa part heureusement resté à peu près stable.

La hausse et la volatilité des prix sont dues à une combinaison de facteurs : une production réduite en raison du mauvais temps (lui-même en partie dû au changement climatique) ; l’augmentation du prix du pétrole qui renchérit le coût des engrais et des transports ; la demande croissante de biocarburants qui détourne des terres de la production alimentaire ; des restrictions à l’exportation et les réactions de panique des acheteurs qui s’en sont suivies ; la spéculation financière ; et enfin une demande mondiale accrue. Autant d’éléments qui jouent tous un rôle dans cette flambée des prix.

Que faut-il faire ?

Les gouvernements doivent agir vite pour éviter une envolée incontrôlable des prix, telle qu’elle s’est produite durant la crise de 2007-2008. Les gouvernements doivent donc, à court terme :

  • lutter contre la volatilité des cours des produits alimentaires, par un soutien et des investissements croissants dans l’agriculture vivrière – par le biais, entre autres, d’aide pour l’achat d’engrais et de semences, de prêts – afin de garantir que la production de 2011 sera suffisante pour répondre aux besoins ;
  • aider les personnes pauvres, directement touchées par les conséquences des cours élevés et fluctuants, à travers des programmes de protection sociale.

A long terme, il faut s’attaquer aux causes structurelles de la flambée des prix des denrées alimentaires : 

  • en donnant aux pays en développement des marges de manœuvre pour mettre en oeuvre des politiques en faveur de la production nationale, des investissements agricoles (centrés sur les petits exploitants et les femmes) et de l’adaption au changement climatique
  • les pays riches doivent débloquer suffisamment de moyens financiers pour satisfaire les besoins à court et à long termes.

SOURCE : Oxfam.org

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