LA LÈPRE DE L’ULTRA-LIBÉRALISME MONDIAL : TRAITÉ DE LIBRE ECHANGE EUROPEEN AVEC LA COLOMBIE ET LE PEROU
J’ignorais qu’un autre traité de libre échange concernait le sud du continent américain. Et si nous avons du souci à nous faire pour ses conséquences chez nous, de l’accord en cours avec les US, voici l’analyse d’autres ravages programmés dont l’Europe serait directement responsable.
L’exemple est celui de la Colombie, mais il est facile de transposer ça au Pérou…Alors que ces pays du sud tentent de s’autonomiser et de se délivrer de la botte états-unienne, il devient clair que cela deviendrait une autre forme de main mise du léviathan ultra-libéral occidental sur le sud en accentuant l’exploitation et la paupérisation. Politiquement cela déstabiliserait et fragiliserait encore plus ces nations. Facile alors de retourner à des dictatures… télécommandées par la CIA qui n’apprécie pas du tout leur tentatives d’autonomie !
Est-ce ça que nous voulons ? Sommes-nous prêts à endosser cette responsabilité en tant qu’Européens ?
Extrait d’article :
Intal: «Quelles sont selon FENSUAGRO les plus grandes menaces posées par le TLC (Tratado de Libre Commercio = Traité de Libre-Echange) ? «
Eberto: « Nous voyons des implications qui en découlent dans divers domaines.
Tout d’abord, le TLC a un grand impact en termes économiques. Nous vivons aujourd’hui une crise très profonde, de nombreuses petites et moyennes entreprises ont du mal à survivre. Très concrètement, le TLC représente une menace pour les 600.000 familles de producteurs laitiers qui ne seront pas en mesure de rivaliser avec les producteurs européens. Le TLC va donc mener à un chômage massif avec un effet domino. Non seulement les producteurs de lait sont menacés, mais aussi des producteurs de riz, le maïs, de soja et d’autres cultures vivrières. Donc, nous allons à une dépendance encore plus grande par des importations massives de produits agricoles. Ces importations massives sont une menace pour la souveraineté alimentaire colombienne. En outre, l’importation des OGM, comme le maïs et les pommes de terre des États-Unis sont une menace pour la santé publique.
Deuxièmement, le TLC aura également des conséquences très négatives sur le plan politique. Pour avaliser cet accord de libre-échange, il faudrait changer la Constitution colombienne. À l’heure actuelle, un accord de libre-échange est déjà conclu entre la Colombie et les Etats-Unis. Cet accord négocié a conduit à une modification de la Constitution en faveur des multinationales comme McDonalds, Cargill, Monsanto, … Ce sont des exemples de l’industrie agroalimentaire, mais il en va de même pour les entreprises dans le secteur financier. Ils s’enrichissent toujours plus à travers l’intégration et la transaction de capital.
La troisième conséquence du TLC, c’est qu’il va certainement contribuer à un renforcement du trafic de drogue. Le seul produit viable et rentable dans une zone de libre-échange s’appelle cocaïne. Les paysans ne seront plus motivés à se développer dans la production de yucca ou de bananes car ils ne peuvent être compétitifs avec ces produits. Donc, la cocaïne est la seule alternative qui leur permettra de se maintenir.
En outre, le TLC a également une forte influence sur l’extraction des matières premières. Les grandes sociétés minières s’installent en Colombie et s’emparent des terres. Ils extraient le pétrole, l’or, le charbon, le nickel, l’uranium et l’eau. Non seulement ils s’accaparent les terres, mais ils polluent aussi le sol. Ils apportent la misère et la pauvreté parmi les communautés agricoles et une grande majorité de la population urbaine « .
POUR EN SAVOIR PLUS :
Suite à la difficulté de négocier des accords régionaux, l’UE se tourne depuis quelques années vers des accords de libre-échange bilatéraux (entre 2 pays ou groupes de pays). Ceux-ci permettent à l’UE de remettre sur la table des exigences que les pays en développement étaient parvenus à bloquer à l’OMC. Etant donné la puissance des multinationales européennes, il est clair que l’acteur dominant dans ces accords est bien l’Europe.
Les conséquences économiques générales qui découlent des accords de libre échange entre pays riches et pays pauvres:
- L’importation massive de produits manufacturés (y compris agro-alimentaires) des pays riches (UE) vers les pays dépendants (Colombie et Pérou).
- L’étranglement des industries et de l’agriculture des pays pauvres, qui sont pourtant nécessaires à la population de ces pays dominés. Ce qui a pour conséquences d’éliminer des forces productives dans le pays et d’appauvrir la population laborieuse.
- L’importation de capitaux pour développer des activités lucratives des pays européens dans ces pays dominés, avec endettement de ces pays qui doivent rembourser les prêts contractés avec de hauts taux d’intérêt. (FMI, BM, etc).
- L’exportation des matières premières y compris agricoles aux conditions économiques et politiques imposées par les pays européens.
- L’augmentation de l’ingérence des pays européens au niveau sécuritaire, politique et économique.
Les impacts du TLC :
Menace pour le développement local:
La libéralisation du commerce a un impact négatif sur l’emploi, la sécurité alimentaire et les revenus, tout en augmentant les inégalités déjà existantes.
Beaucoup de paysans et d’entrepreneurs colombiens redoutent les effets d’un tel accord commercial. L’Europe va, par exemple, exporter de nombreux produits laitiers vers la Colombie. Or avec les subventions qu’ils reçoivent, les grands producteurs de lait européens peuvent écouler leurs marchandises à un prix bien plus compétitif que les producteurs colombiens, et avec un meilleur rendement. L’Europe produit ainsi en 15 jours ce que la Colombie produit en 1 an. Pas moins de 380 000 agriculteurs colombiens risquent ainsi de perdre leur revenu.
Menace pour la santé:
Cet accord va intensifier la privatisation de secteurs tels que la santé. Des opérateurs privés auront tendance à faire monter les prix de leurs services, lesquels ne seront accessibles qu’à la partie la plus « rentable » de la population.
De plus, l’Europe propose une augmentation de la durée des brevets des médicaments. De cette manière, l’industrie pharmaceutique européenne étant en condition de monopole pourra imposer un prix fort. Plus de 4 millions de colombiens risquent de ne plus avoir accès aux médicaments.
Menace pour l’environnement :
L’impact de ces accords sur l’environnement est considérable.
L’économie devient plus orientée vers l’exportation, ce qui a comme conséquences la monoculture des produits et une augmentation de l’exploitation des ressources naturelles.
Menace pour les droits politiques et sociaux :
Des accords comme celui-ci vont encourager les injustices sociales. Là où l’injustice augmente, les violations des droits humains s’accentuent. La Colombie est déjà le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes et les activistes.