VICTOIRE (PARTIELLE) : Monsanto recule sur les OGM en Europe
Attention ! Il ne s’agit que des demandes d’homologations, pas des importations. (Voir la fin de l’article). Mais c’est mieux que rien…
ARTICLE :
C’est un nouveau coup porté aux OGM en Europe. Le géant américain des biotechnologies Monsanto va retirer toutes ses demandes d’homologation en cours pour de nouvelles cultures transgéniques dans l’Union européenne. En cause : l’absence de perspectives commerciales dans un continent globalement hostile aux biotechnologies.
« Nous retirerons les homologations dans les mois qui viennent », a déclaré à Reuters, mercredi 17 juillet, Jose Manuel Madero, président et directeur général de Monsanto pour l’Europe. L’information a été confirmée par la Commission européenne qui a dit « prendre note de cette décision ».
RETRAIT DE SEPT DEMANDES
Sont concernées cinq demandes d’homologation pour du maïs, une concernant du soja et une autre de la betterave à sucre. Par contre, Monsanto ne compte pas retirer sa demande de renouvellement de l’autorisation pour son maïs MON 810 résistant aux insectes – le seul OGM actuellement cultivé à des fins commerciales en Europe depuis 1998.
Le groupe d’agrochimie a indiqué qu’il comptait se recentrer sur son activité traditionnelle de semences en Europe, en investissant 300 millions de dollars (230 millions d’euros) dans la décennie à venir dans « l’amélioration génétique des semences et la production de semences ». Il veut également s’employer à obtenir les autorisations d’importation dans l’UE de variétés de semences OGM dont la culture est généralisée aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.
HOSTILITÉ EUROPÉENNE
Cette décision reflète les difficultés rencontrées par de nombreuses entreprises de biotechnologies face à un système européen d’homologation des OGM long et complexe. L’Union européenne délivre en effet les autorisations de mise sur le marché ou de mise en culture des organismes génétiquement modifiés après une évaluation, au cas par cas, des risques pour la santé publique et l’environnement réalisée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ainsi qu’une consultation des Etats membres. Ces derniers peuvent ensuite faire jouer une clause de sauvegarde pour interdire sur leur territoire l’un de ces OGM.
Résultat, seulement trois variétés ont reçu un feu vert pour être cultivées sur le vieux continent : le MON810 – contre lequel huit pays européens ont toutefois pris des moratoires –, la pomme de terre Amflora – dont le producteur allemand BASF a arrêté le développement en janvier 2012 avant de déménager ses activités de recherche aux Etats-Unis – et le maïs T25 – tolérant à un herbicide mais qui n’a jamais été cultivé en Europe.
Au total, les cultures OGM, en baisse depuis des années, couvrent aujourd’hui 132 000 hectares en Europe, à 95 % en Espagne et au Portugal, soit moins de 1 % de l’ensemble des champs du continent. Conséquence : Monsanto réalise moins de 2 % de ses 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires européen grâce aux OGM, selon le Financial Times.
« Quant il est arrivé en Europe il y a quinze ans, Monsanto ne s’attendait pas à une telle résistance des Européens. Il pensait pouvoir se développer comme aux Etats-Unis », estime Christophe Noisette, chargé de mission pour l’association Inf’OGM. Le lobbying agressif de l’entreprise n’y aura rien changé.
POURSUITE DE L’IMPORTATION D’OGM
Malgré l’hostilité du public, les OGM restent présents en Europe par le biais des importations. Au total, 41 OGM sont autorisés à la mise sur le marché, selon Inf’OGM : du maïs, du coton, de la betterave, de la pomme de terre et surtout du soja. L’Union européenne est ainsi l’un des grands acheteurs mondiaux de céréales génétiquement modifiées : elle importe chaque année plus de 40 millions de tonnes de soja transgénique pour alimenter son bétail, dont 4 millions de tonnes pour la France.
« Si une majorité d’Etats européens n’ont pas envie de cultiver des OGM sur leur territoire, ils ne peuvent pas s’opposer à leur importation car ils ne sont pas autonomes en protéines végétales pour nourrir le bétail, analyse Christophe Noisette. L’Europe ne pourra pas sortir de la dépendance au soja transgénique sans une réelle implication des pouvoirs publics pour faciliter l’émergence d’une filière qui nous soit propre. » D’ici là, Monsanto a enregistré 26 nouveaux dossiers d’OGM qui attendent une autorisation pour être importés en Europe.
Source : Le Monde via SOS Planète