RÉFLEXION : vivre c’est résister
Parfois, devant le spectacle du monde, on pourrait tenter de renoncer.
Devant la catastrophe annoncée, niée seulement par quelques irréductibles et la plupart des médiatisés, plus d’un parmi nous pourrait baisser les bras, renoncer, démissionner.
Tout va mal et le monde creuse chaque jour notre perte. L’Europe ne sait plus où elle va, détruit à hue et à dia tout ce qui ose comporter encore une part de social, les socialistes font un programme de droite molle, la droite s’extrémise et l’extrême droite tue, dénonçant le gauchisme de ceux qu’elle assassine.
Bref, il y a de quoi s’abstenir de penser, se renvoyer soi-même au néant, ne plus vouloir participer de ce fiasco général, en finir avec tout ça.
Mais heureusement, il n’y a pas que « ça ».
Un oiseau qui vient piquer dans le riz, laissé sur une table voisine d’un café de la gare Montparnasse, semble dire : « Vive la vie ! » Comme un signe, un événement réjouissant.
Et cet oiseau, naturel, vivant, intégré dans un espace artificiel créé par l’homme non prévu pour cette même nature (la SNCF a horreur du végétal, même les gares sont l’apothéose de l’idéologie minérale), quai-clandestin, mais pourtant bien là, est un symbole de la résistance. Et son premier acte de résistance, c’est d’être là, et de vivre.
Vivre, vouloir vivre dans la dignité, malgré les attaques que le système oligarcho-merdiatique nous assène continûment, de façon régulière, quotidienne, afin que nous baissions les bras, justement, épuisés par une lutte sans fin contre un monstre sans visage, ou aux milles visages, c’est déjà dire « NON ».
Je veux vivre ! Ce n’est pas dire « J’accepte de survivre encore un peu dans un effondrement perpétuel », c’est refuser cet effondrement. Au moins en pensée, intérieurement, et être en accord avec soi-même.
De cet accord en viendront d’autres, de ce refus du premier choc en viendront également de nouveaux. D’une parole qui se libère viendront des écoutes en harmonie, ou non, avec ce qui est dit, des discussions animées ou consensuelles. Et si l’autre est destructeur, le silence aussi peut être salvateur.
Je veux vivre, signifie également je veux être moi. Créer si j’ai cette fibre, voyager vers l’inconnu, donner aux amis, être libre de mes choix. Ce n’est plus dire « je veux avoir, je veux consommer ». La consommation s’adresse au cerveau reptilien. Elle est indispensable pour survivre, mais elle ne peut ternir de centre de décision pour soi et pour les autres, tant elle restreint notre être qui a d’autres niveaux de réflexion, de pensée et d’action.
Vivre, c’est une volonté qui en appelle d’autres, et si l’on y réfléchit bien, le premier pas d’une résistance fondamentale. L’acte téméraire d’Antigone contre Créon qui ose dire : je suis qui je suis.