La fraude, le sport des traders
Tandis que Goldman Sachs a annonçait hier que le segment placement et prêts, qui suit les investissements de la banque dans les marchés boursiers et obligataires, a réalisé un revenu qui a pratiquement septuplé au deuxième trimestre, une enquête sur les marchés américains du trading confirme ce que nous savons déjà : c’est un milieu de voyous… Il y aurait-il un lien de cause à effet ?
Tout ça, me direz-vous, ce ne sont que des chiffres sur un écran, alimenté par des banques centrales qui émettent du PQ.. Mais pendant que les banques gonflent on demande aux états de maigrir… C’est triste à dire, mais vivement que ça pète !
Article :
Les leçons non tirées de la crise financière
« The more things change, the more they remain the same » (« plus les choses changent, plus elles restent les mêmes »). Ce proverbe anglo-saxon n’a jamais été autant d’actualité. Les bonus se portent bien, les profits des banques affichent une insolente santé et les masters de gestion de portefeuille ne désemplissent pas. Cinq ans après la chute de Lehman Brothers, force est de constater que les mentalités n’ont pas évolué d’un dollar.
La crise semble n’avoir insufflé aucune réelle prise de conscience chez les acteurs des marchés, comme le met en évidence un rapport publié mardi 16 juillet aux Etats-Unis, et qui fait déjà couler beaucoup d’encre.
Modeste dans son échantillon (250 employés du secteur financier), mais tranché dans ses conclusions, ce sondage a été conduit par un cabinet d’avocats spécialisé dans la défense de « lanceurs d’alerte » dans la finance. Le point de départ : les promesses des mastodontes de Wall Street ont-elles été suivies d’effet ? Non, répondent les auteurs de l’étude, qui pointent « une régression des trois facteurs qui agissent comme ‘filet de sécurité’ : l’intégrité individuelle, le leadership et la culture d’entreprise ».
La « boussole morale ne fonctionne plus », déplorent-ils, les « leaders de demain considèrent les malversations au bureau comme un mal nécessaire et craignent d’en faire part à leur hiérarchie ». Et ceci alors que les pouvoirs du régulateur boursier américain, la SEC, ont été considérablement renforcés ces dernières années.
Pour la moitié des répondants, les malversations sont avérées chez leurs concurrents, mais « seulement » un quart d’entre eux pensent que leurs propres collègues ont pu s’adonner à des pratiques douteuses pour remporter des ‘deals' ». Plus grave, près d’un tiers des sondés estiment que les employés du secteur doivent à un moment ou à un autre enfreindre les règles et la loi pour obtenir des résultats.
Encore plus édifiant : si on leur propose de gagner 10 millions de dollars, un quart des sondés seraient prêts à se rendre coupables de délit d’initié (38 % des sondés, quand on interroge ceux qui ont dix ans ou moins d’expérience).
Cause ou conséquence, ce sens moral défaillant s’accompagne d’un très fort sentiment de défiance des employés vis-à-vis de leur employeur : 28 % d’entre eux pensent que les établissements financiers ne placent pas les intérêts des clients avant les leurs.
Des écarts-types sont notables entre jeunes diplômés et « vieux de la vieille », tout comme entre hommes et femmes : les femmes et les plus jeunes sont plus nombreux à penser leurs collègues coupables d’activités frauduleuses. Ces différences liées au genre et à la séniorité se retrouvent dans plusieurs questions, notent les auteurs.
Banalisées, les fraudes ne sont plus des actes isolés : 23 % des répondants ont « personnellement observé ou ont eu connaissance directe d’une malversation au travail ».
Enfin, la culture du secret autour de la fraude s’est largement répandue : 32 % des plus jeunes professionnels et pas moins de 36 % des femmes craignent des mesures de rétorsion en cas de dénonciation.
Pourtant, les sondés sont dans une large majorité confiants en la capacité des régulateurs à détecter et punir les abus. 89 % d’entre eux seraient d’ailleurs prêts à dénoncer – anonymement, sans crainte pour leur poste et avec une compensation financière (trois spécificités du programme de la SEC destiné aux lanceurs d’alerte) – une fraude dont ils auraient été les témoins. Le chiffre semble haut et encourageant, et pourtant… il a baissé de 6 % en un an.
Audrey Fournier
Source : economieamericaine.blog.lemonde.
Autre nouvelle :
D’après les Echos, les banques françaises voient le bout du tunnel avec une rentabilité qui atteint les 10%.. Ouf, on était inquiets ! Tout va bien pour eux, dormez braves gens !