MERVEILLEUSE EUROPE (2) Barroso : Non, Hollande ne l’a pas rêvé !
… Ou quand le « consensuel » Barroso montre sa véritable nature..
Hollande ne veut pas croire une telle chose nous dit-on !
Barroso, un homme si courtois, si policé, se serait mouché dans les rideaux !….
C’est un peu la même sidération qu’au lendemain de l’affaire Strauss-Kahn, ou celle de Cahuzac.
Sauf qu’il est à craindre que cette fois l’homme assume, et ne baisse pas le regard, se sentant protégé par plus fort…A moins qu’il ne se perde encore une fois dans ses circonvolutions habituelles levantines, propres à vous endormir. C’est ainsi qu’il a fait son petit bonhomme de chemin, sur le chemin de Bruxelles qui n’est pas celui de Compostelle. Rien d’un Saint-Just ou d’un Robespierre, mais plutôt un de ces exemples carriéristes que l’on vit fleurir sous la restauration.
Une déclaration en tout cas, intéressante, pour ce qu’elle nous révèle, et qui nous fait nous demander qui sont les véritables intérêts, et maîtres de cet homme !
De quoi s’agit-il ?…De quelle crime notre pays s’est-il rendu coupable pour que ce fonctionnaire sorte enfin de ses gonds, et en arrive presque à imiter Kroutchev, martelant de sa godasse, sur la table de L’ONU, le droit indescriptible de son pays à s’inscrire dans l’histoire.
Dans un entretien publié lundi par l’International Herald Tribune, José Manuel Barroso a en effet violemment critiqué la volonté française d’exclure le secteur audiovisuel du mandat de négociations commerciales de la Commission avec les États-Unis, qualifiant cette attitude de« réactionnaire ».
On accuse souvent la commission européenne d’être tiède, ou timorée, mais voilà bien l’exemple du contraire. Cet homme, tant vanté souvent pour son esprit consensuel vient de nous montrer que cette assemblée savait trouver de nouveaux éléments de langage… Le mot réactionnaire, cette pince multiprise venant de surgir de la main du plombier de toutes les europes libérales est en effet fort de café, et nous réveille sérieux, nous faisant loucher du coté du passé !
Diable, cette chose existerait-elle encore à Bruxelles, ce palais du neuf sans aspérités, où les drapeaux nationaux ressemblent à des pots de géraniums de toutes les couleurs ?
Une réaction désigne la politique prônant et mettant en œuvre un retour à une situation passée, réelle ou fictive. Le terme est opposé à révolutionnaire, celui qui est ouvert aux idées, à la modernité, et va de l’avant…..
Barroso deviendrait-il révolutionnaire ?
S’est il rallié à la pensée de Marx, ce grand décodeur ? Dans le manifeste du parti communiste, Karl Marx nous dit que les classes moyennes combattent la bourgeoisie, qui est une menace pour leur existence en tant que classe moyenne. « Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus, elles sont réactionnaires : Elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. ».
Mais dans quel sens ? La roue de l’histoire ressemble de plus en plus à celle d’une cage d’écureuil, baptisé « le marché « ! On nous dit qu’on a intérêt à en mettre un coup, si l’on ne veut pas se faire doubler par les écureuils américains ou asiatiques, beaucoup plus gros, hardis et voraces, pas des feignants peureux comme nous se cachant dans les arbres au moindre bruit !
Du coup, le matériel logistique propre à opérer, s’est bigrement rétréci sur le terrain des opérations, au fur et à mesure que le monde curieusement se complexait. En plus de la pince mutiprise, ajoutez dans la fameuse boite à outils un bon vieux marteau, comme au temps de l’union soviétique. Ca suffira pour la feuille de route, autre régal sémantique qui nous révèle l’improvisation de ces élites, quand elles doivent agir au niveau politique. La feuille de route est à la politique, ce que la liste des commissions est au commerce….
Pas besoin de lire Tocqueville et Keynes, pour appréhender cet univers.
Plutôt qu’à Marx, intéressez-vous plutôt aux Marx Brothers, et à la limite à Milton Friedman, celui dont la pensée éclairante comme le phare de Rhodes à permis aux généraux Chilien de sabler ce nouveau genre de démocratie qui a fait florès, et qui nous ramène, par un curieux retournement des valeurs, l’accusation de « réactionnaire » !.
Beaucoup de bruit pour rien, aurait dit Shakespeare, dans ce palais du silence où l’on fait plus souvent les comptes d’apothicaire, que de tenter de mettre les idées à plat.
Tout cela sera-t-il une tempête dans un verre d’eau, un lapin sorti du chapeau européen et repeint vite fait aux couleur de l’union américaine ?
Mais qu’est donc l’objet du délit ?
La France refuserait de se soumettre au marché, qui soi-disant sauve de tout, et avant tout de la faillite. On voudrait bien le croire et l’essayer à la limite, pour le mettre à l’épreuve du réel, quand les faits vous indiquent la nécessité d’un changement de paragdime.
Mais pour le coup on s’interroge ! Cette exception culturelle que la France a mise en place lui a permis justement de défendre vaillamment son cinéma sur le marché de l’export, de permettre à des producteurs et des artistes de vivre, tout en défendant des valeurs, une philosophie culturelle et une place dans le monde…Du moins, pour ce qu’il en reste.
Ce régime, que tant de pays nous envie, nous a permis d’être sur le podium de tête de la production cinématographique.
On aurait donc pu s’attendre à ce que notre homme justement encourage un système qui marche si bien, et promotionne des initiatives allant dans le même sens, dans d’autres domaines, afin que les gens puissent retrouver travail, dignité, richesse…. Et sens…. Un mot qui manque dans la fameuse boite à outils….. Pourtant le pied à coulisse indispensable que tout artisan chérit.
Je vois très bien la scène : La France, via Hollande, « voulant bien le croire », recevant des palmes à Bruxelles, au nom de la commission européenne reconnaissante.
Les chiffres de retour sur intérêts de cette exception que l’on a su défendre, sont à mettre dans la même poche que celle de nos spiritueux, dans la balance du commerce.
Mais a priori les chiffres et les statistiques n’intéressent les libéraux que quand ils peuvent les exploiter pour illustrer une doctrine totalitaire.
Cette exemple surréaliste c’est un peu, comme s’ils voulaient imposer à un champion de course à pied de se mettre des chaînes aux pieds pour courir plus libre. Entendez plus libéral, le mot détourné de son sens commun d’émancipation, pour sa vulgarisation la plus ville, celle d’une porte ouverte à tous les courants d’air et à tous les prédateurs.
S’il y avait justement un exemple pour illustrer que le protectionnisme était une source de richesse et de profit, c’est bien cette exemple de l’exception culturelle française dont il faudrait se servir.
Faudrait-il soumettre le cinéma et la culture en général à la même moulinette libérale qui a permis à Mittal d’éteindre les hauts fourneaux de Florange pour son plus grand profit ?
On le savait, mais on le voit comme jamais : En dehors de cette affaire ahurissante, et ce qu’elle révèle, il y a tout le sort du monde, dans ses différences qui est représenté.
Vous pouvez dire ce que vous voulez, vous égosiller, et prouver que votre affaire est judicieuse et rentable, le totalitarisme en place n’a que faire de vos belles paroles, contre lesquelles il répond à un dogme, une caricature de sens.
Ces ultra libéraux ressemblent comme deux gouttes d’eau à vendre aux inquisiteurs du moyen âge, qui répondaient à l’esprit des lumières naissant par leurs vérités toutes faites, elles mêmes issues d’un livre qui leur disait que la terre était plate, comme une pièce de monnaie justement.
L’argent, toujours lui. Incapable de répondre aux grands défis.
Ces gens sont habiles en tous sophismes, et vous diraient d’abandonner vos vêtements sur la banquise, afin de relancer le marché et la concurrence.
« Un renard libre pour un poulailler libre, avec des poules libres ! » Disait Orwell, pour se moquer….Il semble bien que son fameux livre « La ferme des animaux » soit toujours d’une actualité urgente. Cette novlangue n’admet que les flux d’argent, toujours plus intenses, survolant les frontières, s’en moquant, pour un but qui n’appartient qu’à cette aristrocratie autoproclamée, et dont la suffisance nous étouffe.
Il y a deux ou trois ans, Regis Debray, dans un autre livre plein d’esprit et de sens intitulé « Eloge des frontières » livrait une réflexion toujours plus actuelle sur cette soi-disant « ouverture » qui en est bien justement le contraire.
« Les éminents sociologues qui ont pris la distinction pour de la morgue ont ouvert les vannes de l’argent, que toute barrière en colère et que l’exception culturelle insupporte. La frontière a mauvaise presse ; elle défend les contre pouvoirs. N’attendons pas des pouvoirs établis, et en position de force, qu’ils fassent sa promo. Ni que ces passe-murailles, que sont évadés fiscaux, membres de la jet-set, stars du ballon rond, trafiquants de main d’œuvre, conférenciers à 500 000 dollars, multinationales adeptes des prix de transfert déclarent leur amour à ce qui leur fait barrage. »
Barroso finalement tombe à pic. On pourrait presque le féliciter d’avoir réouvert le débat. Bien des révolutions ont commencé par des paroles plus ou moins heureuses :
« S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! »
Et bien sûr Barroso, tapi derrière Marie-Antoinette, aurait ajouté :
« Et en plus ils sont libres de l’acheter où ils veulent !
SOURCE : Bakerstreet pour AgoraVox