ABRIBUS ET PORNOGRAPHIE

je voulais rendre hommage à ce courrier paru dans la revue SILENCE – Écologie, alternatives et non-violence. Ecrit par Mr Jean-Louis Siccardi S’il lit ses lignes, je tiens à le remercier et j’aimerai bien rentrer en contact avec lui !

La pornographie est de retour dans les abribus. Si vous habitez Grenoble, vous avez certainement remarqué ces publicités de lingerie féminine.

(…) On y voit des jeunes femmes, aux formes sensuelles, avec des sous-vêtements et des accessoires affriolants. Les poses de ces femmes et la nature des articles ne laissent aucun doute sur l’attrait attendu de ces produits sur le fantasme masculin. On est loin de la simple fonctionnalité d’une culotte et d’un soutien-gorge.

Bref, c’est du porno au vu de tout un chacun, vieux en mal de sexe, jeunes qui se rincent l’œil gratis, mais aussi collégiennes qui peuvent penser que l’attitude ce ces jeunes femmes et leur accoutrement constitue une normalité, voire une obligation pour accéder au statut de femme.

Peut-être, me direz-vous, que j’exagère en parlant de pornographie. Mon dictionnaire m’indique : « représentation (par écrits, dessins, peintures, photos) de choses obscènes destinées à être communiquées en public » et à obscène : « qui blesse la délicatesse par des représentations grossières de la sexualité ». Donc, je confirme, ces publicités sont pornographiques. Et c’est bien cet aspect qui est utilisé par les publicistes, car une photo de sous-vêtements sans le corps féminin qui les porte n’aurait aucun intérêt.

Une certaine image de la femme est véhiculée dans ces publicités : femme objet, femme désir, objet sexuel. Et qui fabrique ces sous-vêtements ? D’autres femmes, jeunes ou encore enfants, qui travaillent dans d’autres pays pour des salaires misérables. Les conditions de travail sont sordides, la sécurité précaire. Récemment, une usine a brûlé au Bangladesh. Bien d’autres incendies ont déjà eu lieu dans différents pays. Les issues sont fermées pour éviter les vols et les pompiers ne peuvent intervenir. Des dizaines de filles meurent, mais les filles comptent peu dans ces pays-là.

Chez nous non plus. Des filles meurent dans l’incendie de l’usine dans laquelle elles fabriquent nos sous-vêtements, ça ne fait pas la une des médias. L’arrivée d’un footballeur au PSG, oui.

A l’autre bout de la chaîne, des filles laissent photographier leurs corps. Leur situation est certainement plus enviable que celle de l’enfant du Bangladesh, mais elles participent à la même exploitation de la femme pour le profit, cet argent qui humilie, maltraite, tue.

Les donneurs d’ordre de ces marques connues sont occidentaux. Bien sûr, ils pourraient imposer des règles de sécurité, mais cela réduirait leurs profits. Bien sûr, nos gouvernants pourraient exiger des conditions de fabrication aux produits importés, mais ce serait un frein au libre-échange des marchandises (…)

Dans cette mondialisation libérale, nous avons tout à perdre. Pour le profit de quelques-uns, l’immense majorité de la population subit les conséquences de ce libéralisme débridé. Et les femmes, encore une fois, en paient le plus lourd tribut.

Jean-Louis Siccardi

 

 

 

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