REVENU DE BASE : UNE SOLUTION AU CHOMAGE?

Nous avons publié ici en avril un film sur le sujet. Cette proposition revient sur le devant de la scène. En effet, les Suisses ont obtenu les 100 000 signatures nécessaires à un référendum sur le revenu de base inconditionnel d’environ 2000 euros. Cela semble utopique, pourtant, d’après l’article qui suit, cela contribuerait à éradiquer le chômage…

Définition :

« Le revenu de base est un revenu versé par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie (selon la définition du Basic Income Earth Network)1.

Développement sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base

Comment le revenu de base peut contribuer à faire diminuer le chômage

 

La productivité du travail s’accroit et le produit intérieur brut stagne ou diminue dans certains pays. La richesse privée augmente et les déficits publics explosent. Le chômage et les emplois précaires se multiplient. Les politiques de relance ou d’austérité ont montré leur inefficacité . Il existe une alternative : allouer un revenu de base universel et inconditionnel qui en s’ajoutant au revenu du travail libère l’individu.

Partout le chômage explose. En Europe il côtoie les 12 ,2% de la population active des 17 pays de l’euro ( 19,35 millions étaient au chômage en avril) et atteint des sommets en Espagne ( 26.8 % ) et en Grèce (27 %). En France, le taux de chômage est de 11% de la population active. Le chômage des jeunes de 16 à 24 ans atteint des niveaux inacceptables : plus de 56 % en Espagne, 62 % en Grèce, plus de 23 % dans l’ensemble de la Communauté Européenne. Les effectifs de l’intérim ont baissé de 16 % ; l’effondrement étant particulièrement significatif dans le Bâtiment et Travaux Publics (BTP) avec une baisse de 23% et dans l’industrie avec 19,1%. On constate que cet effondrement est proportionnellement plus important chez les cadres (16,5%) et chez les ouvriers qualifiés (17,9%). ( Jacques Sapir « Chômage : la marée noire qui nous menace » – 5 mars 2013 )

 

Si nous ne voulons pas que la prophétie cynique (1 ), qui effleura dans le cerveau des membres de la fondation Gorbatchev, se réalise, alors il faudra bien, pour partager le travail rémunéré et diminuer le nombre de demandeurs d’emplois, faire en sorte qu’un revenu complémentaire d’existence assure la sécurité financière que tout citoyen est en droit d’attendre.

 

L’allocation d’un revenu de base financé par une redistribution de la richesse accumulée ( qui n’a jamais cessé d’augmenter ) et d’une partie des revenus, (2) permettrait dans un premier temps d’assurer un revenu plancher à ceux qui sont à la recherche d’un emploi rémunéré, et très rapidement, beaucoup trouveraient un nouvel équilibre entre le temps consacré à l’exercice d’un emploi salarié et le temps passé à des activités choisies, libérant des milliers d’heures de travail et offrant ainsi de nouvelles perspectives aux demandeurs d’emplois. Beaucoup oseraient abandonner partiellement ou totalement un emploi salarié pour se lancer dans la réalisation d’un projet qui ne tarderait pas à son tour à générer de la richesse.

 

1. Le revenu de base universel et inconditionnel : un filet de sécurité pour ceux qui sont à la recherche d’un emploi rémunéré.

 

1.1. Pour les jeunes adultes qui souffrent le plus du chômage, une allocation Universelle d’Insertion (financée par une répartition différente du revenu de base entre l’enfance et les plus de 16 ans ) (3 ) s’ajouterait au revenu de base pendant cette période délicate de la vie où l’on doit étudier et apprendre un métier, acquérir une autonomie financière et s’insérer socialement. Avec le revenu de base et l’ allocation universelle d’ insertion on donne à chaque individu les moyens , de se former, d’acquérir des compétences professionnelles, d’exercer pleinement ses talents dans un monde marchand sans être contraint par le temps et par le manque de ressources financières qui conduisent, trop souvent, à accepter des emplois mal payés qui ne correspondent ni à sa formation, ni à ses goûts.

 

1.2. Lier sécurité et flexibilité dans le déroulé de la carrière professionnelle avec la constitution d’un capital temps individuel.

 

Avec le nouveau paradigme du revenu de base, les ressources financières de l’individu ne dépendent plus seulement de l’exercice d’ un emploi rémunéré, d’un salaire. Avec le revenu de base et une assurance temps individuelle financée par une réaffectation de la cotisation chômage et la cotisation à une retraite complémentaire, on peut transformer le congé contraint ou subi (chômage partiel ou licenciement) en congé choisi sans rupture du contrat de travail ; le salarié avec l’entreprise dispose ainsi de la possibilité d’exercer ce droit à congé rémunéré. On permet à chacun de moduler son temps libéré tout au long de la vie pour réaliser un projet personnel, se reconvertir dans un autre secteur d’activité. Avec l’allocation à tous de ce « crédit temps » de l’ordre de 10 % des années d’activité, on contribuera très sensiblement à la fois à la flexibilité du marché du travail et à la diminution de la demande d’emplois par la création de nombreux postes de travail complémentaires.

 

Avec l’Allocation Universelle d’Insertion pour les jeunes adultes, et la constitution de ce capital-temps individuel, la discontinuité dans une carrière professionnelle n’est plus synonyme de précarité ou de marginalisation mais au contraire elle peut être source de valorisation.

A coté de ce traitement du chômage subi nous sommes convaincus que le revenu de base, par la sérénité qu’il induit, va aussi permettre à beaucoup de personnes d’oser réaliser le projet de leur vie et de créer de la valeur tout en libérant des emplois salariés qualifiés.

 

2. Avec le revenu de base l’énergie individuelle va se révéler et générer de nombreuses activités locales et de la richesse.

 

L’assurance d’un revenu plancher, variable avec la composition de la famille, va permettre de pérenniser et de développer des activités locales actuellement insuffisamment rémunératrices pour assurer les besoins matérielles d’une famille. Ainsi un couple de jeunes paysans ne sera pas contraint d’exercer une activité salariée complémentaire ; les deux adultes pourront, s’ ils le souhaitent, se consacrer entièrement à l’activité de la ferme et, à deux, la développer et commercialiser les produits par des circuits courts de distribution. Dans le même registre, des activités artisanales la petite épicerie de proximité, le bureau de poste retrouveront un équilibre économique.

 

Beaucoup de personnes pourront oser se lancer dans l’auto entrepreneuriat en développant une activité que l’on a toujours souhaitée exercer. Avec le revenu de base, c’est l’assurance de ne pas se trouver démuni, c’est aussi la possibilité d’avoir accès plus facilement à un crédit pour investir dans du matériel. A terme ce sont des milliers d’emplois qui seront ainsi créés, libérant aussi d’autres milliers d’emplois salariés ; c’est de la valeur ajoutée qui sera créée localement réduisant d’autant l’importation à bas coût d’objets qui deviendront économiquement réalisables sur place.

La question du travail pénible sera aussi relativisée. L’augmentation de la productivité dans ce secteur (automatisation) et la diminution du temps consacré à des tâches difficiles, par une réduction du temps de travail, rendu possible grâce au revenu de base ( 4), en introduisant par exemple des discontinuités dans l’exercice de cette activité, rendront supportable l’exercice de tels emplois et seront aussi génératrices de nouveaux postes de travail.

 

Enfin l’assurance de ce revenu socle va faire en sorte que des activités « marchandisées » comme la garde d’enfant, l’accompagnement des personnes âgées pourront être assurées partiellement ou totalement par des membres de la famille qui le souhaiteraient. En reprenant la main dans l’exercice de ses responsabilités familiales, le coût social de la garde d’enfant ( crèches, maisons de retraite, défiscalisation, etc…) sera allégé significativement. Si des postes de travail précaires disparaitront dans les services à la personne, des postes d’emploi qualifiés dans les secteurs tertiaires ou secondaires seront libérés.

 

En redonnant à l’individu la maîtrise de la conduite de sa vie nous sommes certains que les conséquences bénéfiques sur la société sont encore insoupçonnées. En diminuant l’intensité du travail subi et en le répartissant entre tous , en libérant le temps, en encourageant la création et les activités choisies et utiles pour l’ensemble de la communauté, tout le monde s’en portera mieux. En rendant autonome l’expression de la solidarité entre tous les membres d’une communauté politique, par la redistribution d’une partie de la richesse accumulée on soulage le budget de l’État et des différentes institutions politiques de nombreuses dépenses sociales, on libère un grand nombre d’agents publiques de tâches administratives de contrôle. L’État pourra mieux concentrer son effort vers l’éducation , la recherche fondamentale la santé et vers ses autres missions régaliennes.

Ce coup de main mensuel , inconditionnel et universel , de tous pour tous, sera très rapidement compensé, d’une part par la richesse créée en donnant la possibilité aux travailleurs salariés d’être aussi des créateurs et des entrepreneurs de leur propre projet, et d’autre part par la réduction des coûts dans le traitements des agressions que beaucoup subissent, dans les aides conditionnées en tout genre, dans une société où trop sont abandonnés, précarisés, stigmatisés ou exclus.

 

Le revenu de base , véritable dividende universel, permettrait de réorganiser harmonieusement nos sociétés en partageant d’une part une partie de la richesse produite et d’autre part les emplois salariés qualifiés.

Il redonnera à tous cette capacité à créer, à assurer les activités familiales, vitales pour l’épanouissement de l’individu.

 

Avec L’Initiative Citoyenne Européenne pour le revenu de base , si elle est signée par 1 million de personnes en Europe, la Commission Européenne sera tenue d’étudier la pertinence de ce nouveau paradigme.

(1) « cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan » se sont réunis en septembre 1995, à l’hôtel Fairmont à San Francisco. L’assemblée commença par reconnaître une évidence indiscutable – que « dans le siècle à venir (21° siècle), deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale » Alors que faire pour gouverner les 80 % d’humanité surnuméraire dont l’inutilité a été programmée par la logique libérale ? La solution qui, au terme du débat, s’imposa, fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller de Jimmy Carter ) sous le nom de tittytainment. Il s’agissait de définir un « cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète »

 

( « L’enseignement de l’ignorance » Jean Claude Michéa Editions Climats Pages41-42)

(2) Voir l’article sur le revenu de base et un diaporama sur le même sujet

(3 ) Voir l’article sur l’allocation universelle d’insertion avec son financement.

(4 ) Voir l’article sur la semaine de 4 jours et le revenu de base

 

Source : AGORA VOX

Et si vous voulez signer la pétition : http://revenudebase.info/