Des défauts graves sont « plausibles » sur les centrales nucléaires, dit l’ASN
L’Autorité de sûreté nucléaire n’exclut pas de fermer cinq à dix réacteurs en quelques jours, en raison de « défauts graves » qui sont « plausibles », a averti son président, Pierre-Franck Chevet.
L’ASN : l’hypothèse d’un défaut simultané dans plusieurs centrales est plausible
Un défaut générique grave qui toucherait simultanément plusieurs réacteurs est une hypothèse plausible en raison de la standardisation des centrales, a estimé jeudi 16 mai le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lors d’une audition par le conseil national du débat national sur la transition énergétique.
Pierre-Franck Chevet a insisté sur l’importance de disposer de marges suffisantes dans le système électrique français pour faire face à l’éventualité d’une suspension rapide par l’ASN de plusieurs réacteurs qui présenteraient un tel défaut générique grave.
Le débat sur la transition énergétique, organisé jusqu’à l’été, doit permettre de définir la nouvelle politique énergétique française en vue d’une loi de programmation attendue à l’automne prochain.
Le parc nucléaire français (19 centrales pour 58 réacteurs) est standardisé, a rappelé M. Chevet, en présentant l’avis rédigé par l’ASN en guise de contribution à ce débat. Cela veut dire qu’une anomalie générique, c’est-à-dire un défaut qui affecte simultanément plusieurs réacteurs, peut arriver, a-t-il ajouté.
Il a rappelé qu’une anomalie générique a déjà été constatée, au début des années 90, concernant des couvercles de cuves.
« Une anomalie grave (…) ne peut absolument pas être exclue, elle est même plausible. Dans un tel cas, nous serions amenés à suspendre le fonctionnement de plusieurs réacteurs assez rapidement », a souligné M. Chevet, évoquant la possibilité de devoir suspendre 5 à 10 réacteurs en quelques jours.
« Dans ces conditions, cela aurait à l’évidence un impact sur l’équilibre électrique. (…) Il faut que le système électrique tienne compte de cet événement plausible », a-t-il poursuivi refusant toutefois de se prononcer sur les marges qui permettraient d’y faire face (importer de l’électricité, réduire des consommations…).
L’ASN estime également nécessaire d’anticiper dès maintenant les futures mises à l’arrêt définitif de réacteurs nucléaires, pour laisser le temps d’installer de nouvelles installations de production d’électricité, quelle qu’en soit la nature (nucléaire, gaz, renouvelable, etc).
M. Chevet a rappelé que les centrales, mises pour la plupart en service dans les années 1980, ont été dimensionnées pour une durée de vie d’au moins 40 ans. « Nous ne nous prononçons pas sur le fait que cela soit possible d’aller au-delà de 40 ans », a-t-il ajouté, rappelant que l’exploitant, EDF, souhaitait aller au-delà.
Source : Romandie.com via Reporterre