Un rapport de l’Igas inocule le doute sur l’institut Pasteur et sa direction

La fondation Pasteur rejoint la longue liste des personnalités et structures sous les feux de l’actualité printanière pour indélicatesses conduisant, entre autres, à faire joujou sur les marchés financiers et à payer grassement sa directrice.

Selon le Figaro de ce vendredi, le célèbre institut ferait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui pointerait des manquements à l’obligation de transparence sur l’utilisation des fonds collectés de ce qui est devenu depuis 1887 une fort utile et importante organisation internationale faisant appel à la souscription publique.

Cette dernière, selon les informations du quotidien, ne serait pas entièrement consacrée à la recherche mais à la « croissance » et aux fonds propres de l’Institut.

 

Selon le quotidien, le rapport de l’Igas doit être mis en ligne dans les jours à venir. En attendant, la directrice générale de l’Institut Pasteur, Alice Dautry, se déclare « choquée » par un rapport « malveillant ».

 

« Ce rapport risque de mettre à mal la confiance de nos donateurs et par­tenaires et de mettre en péril le travail des 2 600 personnes qui se consacrent à la ­recherche biomédicale », se défend la patronne de Pasteur dont l’importance du salaire est, critiqué par l’Igas.

Pasteur recueille 50 millions d’euros par an et dispose d’un patrimoine estimé à près d’un milliard. Et c’est précisément ce dernier qui augmenterait régulièrement au gré de placements adroits mais au détriment des ressources consacrées à la mission première de Pasteur.

Les rapporteurs de l’Igas, dont le service de relations extérieur n’a pu être contacté dans l’immédiat par Agoravox, reprocheraient à l’Institut Pasteur que bien que son « appel à la générosité publique est massivement centré sur la recherche », les fonds collectés ne sont pas forcément affectés à ces missions.

 

En outre, « une partie importante des dons et legs est affectée aux fonds propres et en nourrit la croissance, au lieu d’être affectée immédiatement aux équipes de recherche comme la communication de la fondation l’affirme aux donateurs ».

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Alors que les dons représentent 14 % des recettes en 2011, l’Institut Pasteur laisse par ailleurs croire aux donateurs qu’ils contribuent au tiers du budget, « ce qui concourt, à tort, à souligner l’immédiate urgence de leurs apports », écrit le Figaro.

À en croire les rapporteurs l’Igas, Béatrice Buguet et André Bernay, le déficit structurel affiché par l’Institut Pasteur est le fruit d’une « présentation artificielle » de ses résultats comptables, qui consiste à amputer son bilan annuel d’une partie des recettes.

La fondation met ce déficit en avant « dans sa communication à l’égard du ministère de la Recherche », dont la subvention a augmenté de 17 % entre 2008 et 2011. Les rapporteurs estiment aussi que l’utilisation de cet argent est « entachée de graves irrégularités », affirme également le Figaro.

Ainsi, le patrimoine de la fondation croît régulièrement. En 2011, l’Institut a augmenté ses fonds propres de 15 millions d’euros, alors que son résultat annuel est négatif de 25,5 millions d’euros. Considérant les revenus générés, l’Igas souligne que « la gestion des placements doit être plus encadrée et moins risquée, ne serait-ce que pour se rapprocher de la volonté des donateurs, qui n’entendent pas, en pensant contribuer à l’effort de recherche, prendre des paris sur l’évolution des marchés ».

Les rapporteurs notent également que la directrice générale de Pasteur détient « un pouvoir très important », gagné au détriment du conseil d’administration. Sa rémunération « représente en elle-même un fort risque pour la fondation si celle-ci souhaite rester un organisme à but non lucratif ». Le Figaro ne chiffre pas le montant de ces émoluments…

 

Source : agoravox