OGM : le maïs transgénique Bt affecterait la faune aquatique

maisbt.jpgSelon une étude américaine, l’insecticide produit par le maïs génétiquement modifié Bt, abondamment utilisé aux Etats-Unis, agirait aussi sur les insectes des cours d’eau, notamment via le pollen.

 

Dans la saga des OGM, voilà un nouvel épisode où des scientifiques apportent des pièces à charge. Un groupe de chercheurs mené par Todd V. Royer, de l’université d’Indiana, a étudié les effets du maïs Bt sur les écosystèmes aquatiques. Génétiquement modifiée, cette céréale possède un gène issu de la bactérie Bacillus thuringiensis, qui provoque la production par le maïs d’une substance toxique pour les insectes, permettant de réduire la quantité d’insecticides épandus dans les champs.

 

Entre 2005 et 2006, l’équipe a passé au peigne fin douze rivières de l’Etat d’Indiana pour comprendre ce que devenaient les apports en produits végétaux émis par les champs de maïs : le pollen mais aussi les débris de feuilles et d’épis. Leurs résultats sont publiés cette semaine dans les comptes-rendus de l’académie des sciences des Etats-Unis (Pnas, Proceedings of the National Academies of Sciences).

 

Un insectide efficace

Le premier constat est que ces produits parviennent bien dans les cours d’eau avoisinant les champs de maïs. Le deuxième est que des insectes vivant dans ces eaux, des trichoptères, ingèrent ces débris végétaux, que l’on retrouve dans leur système digestif. Le troisième est plus inquiétant. Au laboratoire, des trichoptères nourris avec des matériaux végétaux tirés du maïs Bt affichent un taux de croissance de moitié inférieur à celui d’animaux nourris uniquement avec du maïs normal. A condition de monter les proportions de maïs Bt à deux ou trois fois celles rencontrées dans les cours d’eau étudiés par l’équipe, la mortalité des trichoptères augmente beaucoup. Les chercheurs précisent que, d’une rivière à l’autre, les quantités de maïs Bt varient énormément. Or, dans d’autres Etats, comme l’Iowa et l’Illinois, ce maïs OGM est davantage présent et les auteurs estiment tout à fait possible que de telles doses se rencontrent dans les rivières de ces régions.

 

Pourquoi ces conséquences n’ont-elles pas été déjà observées ? Avant la mise sur le marché du maïs Bt, en 1996, expliquent les chercheurs, des tests ont bien été effectués pour estimer l’effet sur la faune aquatique mais ils ont été conduits sur des daphnies. Ces animaux sont des crustacés, et donc assez éloignés des insectes. Il n’est pas surprenant que la toxine du Bt ait davantage d’effets sur les trichoptères. L’impact des vastes étendues de cultures de ce maïs producteur d’insecticide pourrait donc être plus important que prévu sur les écosystèmes aquatiques.

 

Source : wikistrike

 

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PCB : n’abusez pas des poissons de rivière

 

L’Agence nationale de sécurité sanitaire recommande de limiter la consommation des poissons d’eau douce qui peuvent contenir des composants chimiques dangereux pour les populations fragiles.

L’anguille, le barbeau ou la carpe font partie des poissons d’eau douce visés par la recommandation de l’Anses jeudi. Selon l’Agence de sécurité sanitaire, il faut limiter leur consommation à «une fois tous les deux mois» pour les femmes enceintes ou allaitantes, les adolescentes et les enfants en raison de la capacité de ces poissons à accumuler le PCB. Pour le reste de la population, la recommandation est de «deux fois par mois».

Cet avis s’appuie sur les conclusions d’une étude nationale conduite auprès de consommateurs de poissons d’eau douce pour évaluer leur «imprégnation» en polychlorobiphényles (ou PCB), des substances chimiques également connues sous le nom de pyralènes pouvant avoir des conséquences pour la santé (fertilité, croissance, cancers). Ils sont interdits à la vente depuis 1987.

L’étude a porté sur 606 pêcheurs amateurs ou membres de leur foyer et 16 pêcheurs professionnels dans différentes zones, quatre contaminées (Seine, Somme, Rhône et Rhin) et deux non contaminées (Loire et Garonne), a précisé la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF), qui a collaboré à l’étude.

«Pour chaque participant, les habitudes alimentaires, ainsi que les pratiques de pêche et de consommation des poissons d’eau douce ont été recueillies. En parallèle, un prélèvement sanguin a été réalisé afin de déterminer le niveau d’imprégnation aux PCB», détaille l’Anses.

L’étude a mis en évidence que la consommation des espèces concentrant les PCB – anguilles, barbeaux, brèmes, carpes, silures – provoquait une «augmentation de l’imprégnation en PCB» des sujets. Cependant, «très peu de participants dépassent le seuil d’imprégnation critique», note l’Anses, soulignant que les taux constatés sont «inférieurs à ceux de la population française des années 80 lorsque les PCB ont été interdits».

En outre, ces espèces sont assez peu consommées par comparaison avec les poissons d’eau de mer. Les principaux concernés sont les pêcheurs amateurs et leurs proches, qui en mangent en moyenne une fois par mois.

(Avec AFP) pour Le Figaro