La Ferme en coton avait déjà participé, en février dernier, à une opération de sensibilisation sur l’agroforesterie auprès des élèves de CE1. (Photo Michel Amat)

L’arbre reprend peu à peu racine dans le Gers. Un souffle nouveau qui intervient après des années où ils ont été malmenés. « Au début du XXe siècle, on est passé d’une agriculture biologique à une agriculture chimique où la biodiversité a été remplacée par les molécules et les fertilisants », explique Séverin Lavoyer, vice-président de l’association française de l’agroforesterie (Afaf).

« On souhaite aujourd’hui redévelopper des systèmes de production basés sur le génie végétal, la couverture végétale maximale des sols, base essentielle pour recréer les conditions de vie biologique et ainsi en améliorer les capacités de production ».

Car l’agroforesterie, ce n’est pas seulement planter des arbres dans des champs, c’est aussi et surtout réintroduire des habitudes de polyculture dans les exploitations.

« On a un peu oublié tous ces gestes simples qui font qu’on peut avoir plusieurs productions sur une même parcelle de terrain », rappelle Alain Canet, président de l’Afaf et directeur d’Arbre et Paysage 32.

« Si vous cultivez des légumes, par exemple, planter des arbres fruitiers permettra de protéger votre culture maraîchère tout en produisant des fruits. Par ailleurs, les arbres permettront également de restocker du carbone dans les sols qui pourront ainsi emmagasiner plus d’eau et être plus riches en matière organique. »

Depuis deux ans, l’association de l’agroforesterie œuvre à réimplanter l’arbre au cœur des exploitations agricoles. Un projet de longue haleine qui passe aujourd’hui par le besoin d’établir un cadre de formations spécifiques à l’agroforesterie.

« La formation en agroforesterie est un levier important pour assurer le développement de ces nouvelles pratiques à grande échelle », indique le président de l’Afaf.

« On a besoin de techniciens spécialistes, de conseillers qui pourront établir un diagnostic sur une exploitation et envisager des projets d’aménagement et de gestion en fonction des besoins de l’agriculteur, puis mettre en œuvre un panel de conseils, de techniques et de modifications pour mener à bien ces projets », ajoute Séverin Lavoyer.

C’est pourquoi, le lundi 22 avril prochain, à Auch, La Ferme en coton recevra conférences, animations et débats sur cette agriculture de troisième génération.

L’exploitation gersoise, qui a récemment accueilli sur ses terres 200 nouveaux arbres, réunira les têtes pensantes nationales de cette nouvelle manière de pratiquer l’agriculture.

Ces dernières seront présentes pour réaliser un référentiel du métier de « conseiller en agroforesterie », de façon à inciter la création de formations initiales et continues dans les lycées agricoles « très demandeurs » selon le vice-président de l’Afaf. La création de ce référentiel métier permettra ainsi de structurer la filière agroforestière, de la plantation à la valorisation des produits qui en sont issus.

La journée du 22 avril se terminera par un débat à la salle des Cordeliers d’Auch, animé par le chef Arnaud Daguin qui orientera son expertise culinaire autour de l’agroforesterie. « Il faut instaurer un dialogue entre les agriculteurs et ceux qui utilisent leurs produits, explique Alain Canet. Car pourquoi aller chercher ailleurs des produits qu’on peut produire chez nous ? »

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