MISE A JOUR : Wilfred et Olivier agressés à Paris : « Voici le visage de l’homophobie »
En tant que rédacteur qui a posté cette info, et au vu des commentaires qu’elle génère, je me permets ce droit de réponse qui n’engage que moi seule et non le blog tout entier.
Effectivement, il manque des détails sur le fait lui-même, et le site Facebook duquel tout est parti est le site de la victime.. Donc suspect de subjectivité !
L’IDÉE N’ÉTAIT ABSOLUMENT PAS DE PRENDRE POSITION POUR OU CONTRE LE MARIAGE POUR TOUS. CHACUN EN PENSE CE QU’IL VEUT.
L’idée était de dire : « regardez ce que notre société génère »..
C’ÉTAIT UNE ALERTE À L’INTOLÉRANCE, C’EST TOUT !
C’est bien notre rôle ici, non ?
Les réponses ont montré qu’il y a là effectivement un grave déficit. Qu’aurait-il fallu pour que les lecteurs s’émeuvent ? Que ce pauvre type meure ? En gros : les homos, ça ne me dérange pas du moment qu’ils se planquent et qu’ils nous foutent la paix.
En ce qui me concerne, les malades bourrés de bière et de haine qui menacent de mort un arbitre et cassent tout dans un stade de foot, tapent sur les groupies de l’équipe d’en face, et qui encouragent un trafic de fric scandaleux en achetant des billets hors de prix, ça, ça me pose un problème !
Que cet événement ait été utilisé pour des raisons politique ensuite, peut-être, mais les faits sont là. Ce type a été démonté par la bêtise et la méchanceté de la « bien-pensance « normale », et je suis désolée, mais homo ou curé ou clochard, ou malien, qu’importe ? Ça ne change rien au problème.
Regardez-la, cette photo, regardez-la bien, même si elle vous dérange, c’est peut-être ce qui arrivera un jour à n’importe lequel d’entre nous, pour n’importe quelle raison, si nous nous taisons…
Je ferais juste remarquer qu’un homo, est avant tout un humain de chair et de sang, avec une histoire, un cœur qui bat. Comme nous tous, il court après le bonheur. Mais eux, ils sont différents des autres et ça perturbe notre vision normative de la société, même si ce n’est pas la plupart du temps un choix pour eux.
C’est très difficile de s’intégrer dans une société à priori hostile lorsqu’on est pas « comme tout le monde »…J’ai lu de nombreux témoignages de lecteurs qui essayent simplement de vivre autrement et se plaignent du jugement et de l’ostracisme de leur entourage… Alors quand on est vu, comme anormal, déviant, pervers et j’en passe… Imaginez !
Je suis hétéro, « normale »,comme je le lis, mais je ne l’ai pas choisi. C’est comme ça. Il se trouve que je colle à la majorité : Ouf!
Si notre société était peuplée d’individus humains au plus beau sens du terme, il n’y aurait aucun malaise, donc aucun problème, et besoin d’aucune loi.
Le problème des lois, c’est qu’elles ne compenseront jamais les déficits des membres qui composent le groupe social.
L’empathie est-elle une démarche si difficile ? La compassion est-elle devenue hors de notre portée dans cette société ? Le problème est là, et il est gravissime;
Vouloir changer le monde c’est une très belle intention.
Faut-il rappeler les bains de sang, les viols,les pillages, les barbaries des révolutions ? Pourtant, ces gens étaient portés par la certitude que leurs idées étaient les meilleures et qu’ils allaient le changer, ce monde… On voit ce que ça a donné et ce que ça donne encore…
Alors, ce monde sans amour du prochain qui se révèle dans de nombreux commentaires sur les blogs dits « alternatifs », je vous le laisse. Ce ne sera jamais le mien, et, je l’espère vraiment, pas celui de la majorité de ceux qui nous lisent.
mtramp
La photo est devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit Wilfred de Bruijn, le visage tuméfié, rouge de sang et des coups qu’il a reçus dans la nuit de samedi à dimanche, dans un quartier populaire de Paris. Il a accompagné cette photo d’un mot d’explication :
« Désolé de vous montrer ça. C’est le visage de l’homophobie. La nuit dernière, dans le XIXe arrondissement à Paris, Olivier et moi nous sommes fait violemment agresser, simplement parce que nous marchions bras dessus, bras dessous.
Je me suis réveillé dans une ambulance couvert de sang. Une dent me manquait et j’avais des os cassés autour des yeux. Je suis à la maison maintenant. C’est très triste. Olivier prend soin de moi. J’ai un arrêt de travail pour au moins dix jours. »
Au téléphone, Wilfred raconte avec un sourire élégant dans la voix qu’il boit désormais avec une paille. Il ne se souvient de rien. Olivier, si :
« On sortait d’un dîner arrosé avec des amis.On marchait bras dessus, bras dessous vers le métro Ourcq. Pas de “façon homo”. On avait passé une très bonne soirée, on en parlait. Un peu fort peut-être. Là, j’ai entendu : “Ah des homosexuels !” Je me suis pris un premier coup dans les yeux. Je me suis protégé, mais en tout, je me suis pris six coups. […]
Ça a été une déferlante de haine. Très violente. J’ai vu mon compagnon à terre, sa tête était devenu un ballon de football, j’ai hurlé “Dégagez !”, ils sont partis en courant. »
Puis les ambulances arrivent, puis les policiers. Ils expliquent au couple qu’à une heure aussi tardive, « il vaut mieux prendre un taxi ». Ce qui a beaucoup énervé Olivier.
Ils ont hésité à poster cette image sur Facebook, mais Wilfred explique :
« On est rentrés des urgences vers 10h30. On s’est tout de suite pris en photo. On a douté, parce que ce n’est pas de très bon goût, mais c’était un moyen de prévenir nos amis. »
« On montre ça “in your face” »
Ils ne cachent pas que pour eux, cette photo est surtout un geste politique. Wilfred a milité pendant longtemps au centre LGBT, et Olivier avait monté une association de lutte contre l’homophobie dans son école ce commerce. Wilfred dit :
« C’est un acte politique. On montre ça “in your face” [au grand jour, ndlr]. »
Avant de développer :
« Si c’est un fait divers banal, il s’inscrit dans un contexte. Je suis hollandais. Je vis en France depuis 2003 et je suis très choqué de ce que je vois depuis cet été, avec le débat sur le mariage pour tous. Des responsables religieux, politiques, ont tenu des propos extrêmement violents. »
Un propos qu’il tient de suite à nuancer :
« Il faut toujours être prudent. Nos agresseurs n’ont peut être pas été au courant des ces propos et chacun est responsable de ses actes. »
« Dès qu’on baisse un peu la garde… »
Tous les deux expliquent que normalement, ils font attention. Dans la rue, il ne se tiennent que très rarement le bras comme ça, la main presque jamais.
« On se conditionne. Et dès qu’on baisse un peu la garde, voilà ce qui arrive. »
Olivier et Wilfred vont porter plainte, mais ils aimeraient d’abord voir avec l’association SOS Homophobie s’ils peuvent récupérer des vidéos. Leur agression a eu lieu près d’un magasin de voitures. Ils aimeraient avec l’association récupérer des bandes s’il en existe, puis porter plainte.
« Sinon, ce sera une plainte contre X. »
D’autant que ni Wilfred, ni Olivier n’ont pu voir le visage de leurs agresseurs.
Le 10 avril, une manifestation contre l’homophobie aura lieu à Paris, à 20 heures dans Le Marais (IIIe et IVe arrondissements). Début 2013, les associations Le Refuge et SOS Homophobie disaient avoir reçu trois fois plus de témoignages de victimes d’homophobie en 2012 qu’en 2011.
Sur son blog, Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, s’est dit horrifié de ce fait divers et l’a lié à l’action contre le centre LGBT du mouvement du « Printemps français » :
« Je suis absolument horrifié […] Je condamne cette agression homophobe qui fait suite à plusieurs exactions intervenues ce week-end notamment au “ Printemps des assoces ” organisé par l’inter LGBT. Je demande à ce que toute la lumière soit faite sur ces actes inqualifiables. »
A la une : La photo et le texte diffusés par Wilfred de Bruijn, sur Facebook, en avril 2013 (DR)
SOURCE : RUE89