EMISSIONS DE C02 DES VOITURES : LES PETITS SECRETS DES CONSTRUCTEURS POUR DÉJOUER LES TESTS

MONTREUIL, LE 15 MARS 2013 – LA CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE RÉELLE DES VOITURES VENDUES EN EUROPE S’ÉLOIGNE DES CONSOMMATIONS DE CARBURANT ANNONCÉES PAR LES CONSTRUCTEURS. EN MOYENNE, LES ÉMISSIONS DE CO2 CONSTATÉES SUR LES ROUTES SONT SUPÉRIEURES DE 23% AUX ÉMISSIONS ANNONCÉES PAR LES CONSTRUCTEURS, CONFIRME UN NOUVEAU RAPPORT DE LA FÉDÉRATION TRANSPORT AND ENVIRONMENT .

Contrairement aux dires de l’industrie automobile, ces écarts ne résultent pas des modes de conduite des automobilistes mais s’expliquent en majorité par les manipulations des constructeurs sur les paramètres du véhicule et les conditions du test.

Les constructeurs trompent les consommateurs et les décideurs

Des indicateurs fiables sont indispensables pour légitimer les affichages environnementaux, restaurer la confiance des consommateurs à leur égard et fonder les politiques règlementaires et fiscales (ex : bonus-malus) sur des bases solides. Cerise sur le gâteau, ce sont ces mêmes constructeurs qui payent les laboratoires officiels pour homologuer leurs véhicules !

Mais les constructeurs recourent à pas loin de 20 tours de passe-passe différents pour minorer la consommation d’énergie nécessaire lors du test. En diminuant le poids des véhicules, en retirant les rétroviseurs, en réduisant la résistance à l’avancement, en utilisant des lubrifiants ultra performants, et en augmentant la température, les constructeurs exploitent les lacunes des procédures de test en laboratoire et sur les pistes d’essai. Résultat, les automobilistes qui achètent des véhicules plus efficaces n’en ont pas pour leur argent [1].

Comment empêcher les manipulations des constructeurs ? 

Des mesures s’imposent pour réduire ces écarts et redonner au système de test les moyens d’atteindre les objectifs visés. Dans l’immédiat, les lacunes des procédures de test doivent être comblées et les véhicules neufs re-testés. Ensuite, un nouveau cycle de conduite plus représentatif des modes de conduite réels doit remplacer l’actuel cycle NEDC d’ici à 2016 et l’indépendance des autorités chargée de la mise en conformité des véhicule doit être surveillée.

Lorelei Limousin, chargée des questions transports au Réseau Action Climat fait le lien avec les négociations en cours à Bruxelles, où le Parlement Européen et les Etats membres dont la France sont en train de fixer un objectif moyen de 95g CO2/km pour les véhicules vendus en 2020 (soit 3,7 l/100km) :

« À peine est-il adopté que cet objectif est déjà mis à mal par les constructeurs automobiles qui se démènent pour déjouer les tests et détricoter la législation en y introduisant des super-crédits. Grâce à ces bonifications, les constructeurs peuvent compter doubles chacune de leurs ventes de véhicules électrifiés, au détriment de l’environnement et du portefeuille des automobilistes.(1)

L’Union européenne et les autorités françaises doivent renforcer les réglementations de façon à ce que l’objectif 95g CO2/km représente bien 95g CO2/km sur les routes et pas seulement sur le papier ! », ajoute Lorelei Limousin.

(1) l’objectif de 95g CO2/km est une limite moyenne répartie entre tous les constructeurs selon le poids de leur véhicule (un critère loin d’être neutre et qui n’encourage pas à l’allègement des véhicules par ailleurs). les super crédits pèsent doubles ou triples dans le calcul de la moyenne, ce qui réduit les efforts nécessaires par ailleurs. Les ventes fictives de véhicules électriques ont donc pour conséquence de relever significativement l’objectif de 95g au dessus de la barre des 100gCO2/km et au delà.
Lire le rapport Mind the Gap !

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et le résumé (en anglais)

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[1] Les automobilistes perdent en moyenne 2000€ d’économies sur la durée de vie du véhicule par rapport aux promesses des étiquettes

Source : http://www.rac-f.org

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