Les Etats-Unis déploient des avions de combat F-22 en Corée du Sud
La Corée du Sud a promis lundi une « violente riposte » en cas de « provocation » de la Corée du Nord, avec le soutien des Etats-Unis qui ont déployé des avions de chasse furtifs F-22 sur fond de vives tensions avec le régime nord-coréen dont le Parlement devait se réunir ce jour. La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, chef de file des conservateurs et faucons sud-coréens, s’est entretenue dans la matinée avec de hauts responsables militaires et son ministre de la Défense. « Je pense que nous devrions opposer une riposte violente et immédiate sans aucune autre considération politique si (le Nord) s’aventure à une provocation contre notre population », a déclaré la dirigeante, en fonctions depuis février. Le ministre de la Défense, Kim Kwan-Jin, a précisé que le Sud mènerait au besoin des frappes préventives sur les installations nucléaires et militaires nord-coréennes. « Nous (…) procéderions rapidement à ce qu’on appelle une ‘dissuasion active’ pour neutraliser les menaces nucléaires et balistiques du Nord », a-t-il dit.
Après des bombardiers B-52 et B-2, les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir déployé des avions de chasse furtifs F-22 dans le cadre de manoeuvres américano-sud-coréennes tenues sur fond de vives tensions avec le régime nord-coréen dont le parlement se réunit en plénière annuelle. Deux F-22 Raptor sont arrivés dimanche en Corée du Sud pour participer aux exercices annuels « Foal Eagle » qui doivent durer jusqu’au 30 avril, a indiqué à l’AFP un porte-parole des forces américaines. Les chasseurs seraient stationnés sur la base américaine de l’île d’Okinawa (sud) au Japon, selon des informations non confirmées. Les F-22 ont déjà été mobilisés pour ces manoeuvres interarmes mais le contexte est particulièrement délicat avec une inflation verbale que les spécialistes jugent inquiétante entre Pyongyang d’un côté, Séoul et Washington de l’autre. Les Etats-Unis ont annoncé la semaine dernière que des forteresses volantes B-52 et des bombardiers furtifs B-2 avaient effectué des vols d’entraînement en territoire sud-coréen, suscitant le courroux de la Corée du Nord.
Une escalade entre les deux Corée
La péninsule coréenne est le théâtre d’un nouvel épisode d’invectives et de menaces depuis décembre dernier, lorsque le Nord a procédé à un lancement réussi d’une fusée considérée par Washington et Séoul comme un tir d’essai de missile balistique. Pyongyang a ensuite procédé à son troisième essai nucléaire, entraînant l’adoption début mars de nouvelles sanctions à l’ONU. L’escalade n’a cessé depuis lors. Le Nord a annoncé ce mois-ci qu’il annulait l’armistice et les autres traités bilatéraux de paix signés avec Séoul pour protester contre les exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud et les Etats-Unis.
Le régime communiste s’est vivement irrité du passage dans le ciel sud-coréen de forteresses volantes américaines B-52 et de bombardiers furtifs B-2 qui ont effectué des vols d’entraînement, menaçant de frapper les îles américaines de Guam et de Hawaï dans le Pacifique. Pyongyang a enfin affirmé samedi être « en état de guerre » avec le Sud. Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre puisque la guerre de Corée de 1950-53 s’est terminée par un armistice et non par un traité de paix.
Pyongyang, puissance nucléaire
Depuis des décennies, la péninsule coréenne est régulièrement secouée par de brusques montées de tensions qui finissent par retomber. A ce stade, les experts écartent tant un apaisement soudain qu’une guerre ouverte qui serait forcément perdue par le Nord. L’Assemblée suprême du peuple, en principe simple chambre d’enregistrement des décisions du parti, s’est réunie ce lundi à Pyongyang en session plénière annuelle, pour une journée. Une ordonnance spéciale officialisant le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord a été entérinée par le Parlement. Ce document sur la « consolidation de la position d’Etat disposant d’armes nucléaires pour l’autodéfense » a été adopté à l’unanimité, de même que deux lois, respectivement sur le développement dans le domaine spatial et sur la mise en place d’un bureau d’Etat chargé de ce développement, toujours selon KCNA.
« Le Nord a joué la plupart de ses cartes politiques (…). Il diffusera probablement un message symbolique, par exemple un appel à tous les Nord-Coréens à se tenir prêts pour une possible guerre », a ainsi estimé Cho Han-Bum, analyste au Korea Institute for National Unification de Séoul. Dimanche, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un avait présidé une réunion du comité central du parti unique, le parti du Travail. Le comité a décidé que le droit de la Corée du Nord à posséder des armes nucléaires « devrait être inscrit dans la loi » et que son arsenal serait amélioré « en qualité et en quantité ». La Russie a appelé samedi les deux Corées et les Etats-Unis à faire preuve d’une « responsabilité et d’une retenue maximales ». De son côté, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Chuck Hagel, a souligné pour sa part que Washington ne se laisserait pas intimider par les menaces belliqueuses de Pyongyang et était prêt à faire face « à toute éventualité ».
Pak Pong-Ju, nouveau Premier ministre
La Corée du Nord a annoncé lundi la nomination de Pak Pong-Ju aux fonctions de Premier ministre, un poste qu’il avait déjà occupé avant d’en être évincé, en 2007, pour apparemment empêcher la poursuite des réformes économiques qu’il avait entreprises. Pak Pong-Ju, un expert économique âgé de 74 ans, a été investi dans ses nouvelles fonctions au cours de la session annuelle du Parlement, et remplace Choe Yong-Rim, selon l’agence de presse officielle KCNA. Pak Pong-Ju avait déjà été Premier ministre de 2003 à 2007 : il avait alors été le fer de lance de timides réformes économiques destinées à accorder davantage d’autonomie aux entreprises d’Etat et à graduellement réduire le rationnement des produits alimentaires et des autres biens de première nécessité. Mais, à la suite, semble-t-il, d’une vive réaction du parti unique et de l’armée, il avait été suspendu de ses fonctions en juin 2006 et limogé l’année suivante.
Source : La Tribune.fr