La trêve hivernale des expulsions s’achève !

SOCIAL – Le gouvernement avait repoussé de quinze jours la fin de la trêve hivernale…

 

article_photo_1364709391278-1-HD

La trêve des expulsions locatives s’achève dimanche en même temps que le plan hivernal de mise à l’abri des SDF, attisant l’inquiétude des plus démunis et des associations, qui réclament un moratoire sur les expulsions pour 2013 et la réquisition de logements vides.

 

 

Le gouvernement avait accordé à la mi-mars un répit provisoire aux locataires menacés d’expulsion en prolongeant de 15 jours la trêve hivernale, mais désormais c’est «le retour des angoisses» pour de nombreuses familles, souligne La Fondation Abbé Pierre. Selon Droit au Logement (DAL), beaucoup ont déjà reçu leur avis d’expulsion.

A Montfermeil, Malia s’attend à l’intervention de la police «début avril». «Mon mari est parti en laissant des dettes. La maison a été saisie et le nouveau propriétaire me réclame 1.000 euros par mois, alors qu’on vit avec 1.200 euros d’allocations familiales», explique cette mère de 5 enfants, qui a fait une demande DALO (droit au Logement opposable).

Le gouvernement a annoncé à l’automne l’arrêt des expulsions des ménages reconnus prioritaires DALO, mais «actuellement, le traitement d’une demande DALO en Ile-de-France est devenu si lent, que l’expulsion arrive plus vite que l’octroi du fameux label», affirment les Mal-logés en Colère.

Face à la crise, le «Collectif des associations unies» (dont la Fondation Abbé Pierre, le Secours catholique et Médecins du Monde) a réclamé «un moratoire sur toutes les expulsions locatives en 2013», pour les locataires de bonne foi en situation de précarité. «Il ne s’agit pas de faire reposer l’effort sur les propriétaires», affirme Christophe Robert, porte-parole du collectif, rappelant qu’un fonds, insuffisamment abondé selon lui, permet d’indemniser le propriétaire si le préfet refuse l’expulsion du locataire. Le collectif réclame aussi une meilleure prévention, en amont des expulsions.

«La prévention est essentielle», confirme Jean-Daniel Lachkar, président de la Chambre nationale des huissiers de justice, dont le siège a été occupé vendredi par le collectif Jeudi Noir. Il souhaite que les huissiers, qui «connaissent bien ces situations» puissent «participer aux commissions sur la prévention des expulsions». «Un dossier qui arrive jusqu’à l’expulsion, c’est un échec pour nous», dit-il.

Le 115 saturé

«L’expulsion ne doit pas sanctionner la pauvreté, mais uniquement les locataires indélicats», estime le ministère du Logement, qui communiquera la semaine prochaine sur le sujet. Il travaille notamment sur une «garantie universelle des loyers», qui permettrait de sécuriser le propriétaire dès le premier impayé et d’étudier la situation du locataire pour trouver une solution.

Expulser une famille a «un coût social et financier important», puisqu’il faut la reloger, le plus souvent en hôtel faute de places dans les centres d’hébergement, souligne Florent Gueguen, de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars). Le 115, numéro d’urgence pour l’hébergement des SDF, est régulièrement saturé, et depuis trois mois, une personne sur deux qui appelle n’a aucune proposition d’hébergement, ajoute-t-il.

Et les difficultés vont s’accentuer avec la fin du plan hivernal de mise à l’abri des SDF, qui avait permis d’ouvrir temporairement jusqu’à 16.000 places supplémentaires.

Le ministère, qui a demandé aux préfets de préparer des «plans territoriaux de sortie de l’hiver», affirme «qu’un certain nombre de ces places seront pérénisées», mais les associations dénoncent des plans «au rabais et incomplets». A Paris et à Bordeaux par exemple, plus de 200 personnes, hébergées dans des gymnases, vont se retrouver sans solution, affirme Florent Gueguen.

A Rosny-sous-bois (Seine-Saint-Denis), des SDF d’un centre qui devait fermer fin mars l’ont occupé pendant deux jours et ont obtenu son maintien jusqu’en août. Ils souhaitent désormais une amélioration des conditions d’hébergement.

«On demande aussi que les réquisitions deviennent effectives», explique Jean-Baptiste Eyraud, du DAL. Le gouvernement a lancé fin 2012 une procédure de réquisition de logements vides pour accueillir des SDF, «mais on ne voit toujours rien venir. Le mal-logement, c’est toute l’année, et pas seulement l’hiver», rappelle Elise Aubry, militante de Jeudi Noir.

source : 20 minutes avec AFP

 

N° Vert de la fondation Abbé Pierre :

abbé pierre