Le secteur financier luxembourgeois pointé du doigt

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Connu pour sa fiscalité avantageuse et son secret bancaire, le Luxembourg, dont le secteur financier assure un tiers du PIB et des recettes fiscales, est montré du doigt alors que l’hypertrophie des banques a plombé l’économie de Chypre, qui vient d’être sauvée in extremis de la faillite.

Le modèle économique du Grand-duché est régulièrement mis en cause avec, lui aussi, la taille démesurée des dépôts des particuliers et des entreprises. Le ratio est supérieur à 500% du PIB, bien plus important encore qu’à Chypre.

« Le secteur financier est surdimensionné par rapport au reste de l’économie », reconnaît auprès de l’AFP un haut responsable luxembourgeois sous couvert d’anonymat.

« Secteur financier surdimensionné »
Le député allemand Joachim Poss, vice-président du groupe parlementaire du SPD au Bundestag, vient de pointer « les risques et les dangers des pays de la zone euro dont le modèle économique est basé sur un secteur financier surdimensionné ». Pour lui, la crise chypriote « devrait faire prendre conscience qu’on ne gonfle pas le secteur financier artificiellement, entre autres à travers un dumping fiscal ».

Communiqué officiel du gouvernement luxembourgeois
Dans une démarche inhabituelle, le gouvernement luxembourgeois a publié mercredi matin un communiqué récusant avec force toute comparaison entre Chypre et le Luxembourg sur la taille de leur secteur financier par rapport à la richesse nationale et « les prétendus risques que ceci poserait pour la soutenabilité budgétaire et économique ».

Secteur financier à « caractère international »
Le gouvernement, dont le Premier ministre est l’ancien patron de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a souligné le « caractère fondamentalement international » du secteur financier luxembourgeois au sein de la zone euro, « qui fait de lui un point d’entrée important pour les investissements dans la zone euro ». « Ce secteur contribue ainsi à la compétitivité générale de tous les Etats membres », a-t-il assuré en défendant « sa clientèle diversifiée, ses produits sophistiqués, sa supervision efficace et l’application rigoureuse des standards internationaux (qui) font sa spécificité ». Les autorités luxembourgeoises ont joint à leur communiqué des données chiffrées montrant que le secteur bancaire luxembourgeois compte 141 banques de 26 pays, l’Allemagne arrivant largement en tête devant la France et la Suisse.

Comparaison limitée
Si, à l’instar de l’île méditerranéenne, l’économie de ce petit pays niché au coeur de l’Europe est très dépendante de son industrie financière, la comparaison s’arrête là pour beaucoup de responsables européens. « Ce n’est pas à Luxembourg que s’est posé le problème, mais en Irlande avec certaines banques, en Espagne, au Portugal », a souligné en début de semaine le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier.

Bon élève de l’Union
Le Grand-duché, un des six fondateurs de l’UE, bénéficie de la meilleure notation possible de sa dette auprès des agences spécialisées, soit triple A. Sa dette tourne en effet autour de 20%, de très loin la plus basse de la zone euro, et son déficit public est largement sous la barre des 3% imposés par Bruxelles.

L’évolution « ambiguë du secteur financier
Toutefois, l’évolution du secteur financier du Luxembourg est « ambiguë », estime Gaston Reinesch, le nouveau président de la Banque centrale du pays, qui juge « inquiétante » la baisse de 5% du produit net bancaire entre 2011 et 2012. Le modèle économique luxembourgeois est d’autant plus fragile que son fonds de commerce s’est longtemps appuyé sur un secret bancaire absolu et une certaine banalisation de la fraude fiscale, punissable dans le pays uniquement lorsqu’elle porte sur des montants significatifs et qu’elle est répétitive.

L’exemple chypriote
Après Chypre, « il faut se poser la question sur d’autres en Europe », a estimé la semaine dernière Jacques Attali, le président de PlanNet Finance, en citant nommément « le Luxembourg qui est un paradis fiscal ». Face à la pression de ses partenaires européens, le gouvernement s’est résolu depuis 2011 à lever le secret bancaire. Mais l’échange d’informations avec les autorités fiscales des autres pays se fait au cas par cas, pas de manière automatique comme le voudraient ses partenaires européens.

Source : 7sur7.be

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