«On duplique simplement le cycle naturel de l’eau»

C’est plutôt une bonne nouvelle, mais il ne faudrait pas que ça serve de caution à la fraction hydraulique…

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JOURNEE MONDIALE DE L’EAU – Une PME angevine pourrait avoir trouvé une solution pour dépolluer ou dessaler l’eau sans consommer beaucoup d’énergie…

Changer de l’eau polluée ou salée en eau propre, voire potable, avec de l’énergie 100% renouvelable: Thierry Satgé n’est pas magicien mais directeur général de TMW, une PME angevine qui développe une technologie innovante permettant de traiter l’eau  de mer ou les effluents d’usines. Des cours d’eau bretons aux extractions de gaz de schiste, cette technologie pourrait avoir de nombreuses applications.

Qu’est-ce qui différencie votre technologie de celles qui existent déjà pour dessaler l’eau de mer?

TMW a développé une technologie qui contrebalance les inconvénients de l’osmose inverse ou de la compression mécanique. Pour celles-ci, il faut traiter de très gros volumes d’eau, elles nécessitent beaucoup d’investissements et de maintenance, et les procédés avec membranes sont assez fragiles. Avec notre technologie, nous pouvons rendre l’eau accessible à tout le monde, même loin de la mer, même hors des grandes villes, même sans réseau électrique.

Comment ça marche?

On duplique simplement le cycle naturel de l’eau. C’est un procédé thermique basé sur l’évaporation de l’eau, puis diffusion de la vapeur dans l’air et condensation de la vapeur sous forme d’eau distillée. L’eau se trouve ainsi recyclée et peut être soit réutilisée, soit rejetée sans  risque dans l’environnement. Nous avons donc besoin de cinq fois moins d’électricité que les autres techniques puisqu’on peut récupérer l’énergie produite pendant la phase d’évaporation. Cette énergie peut même être gratuite car si on est au fin fond du désert on va utiliser l’énergie solaire thermique; sur une décharge on sera alimenté par le biogaz qui alimentera une turbine à vapeur.

Quelles applications concrètes existent déjà?

Notre premier client est Canon qui, sur son site de Liffré en Bretagne, utilise deux de nos modules pour traiter ses eaux de rinçage et de lavage qui contiennent des polluants tels que les tensioactifs, les traces de métaux ou de lubrifiants. Les sociétés européennes sont confrontées à ce problème car elles génèrent des effluents pollués par des ions métalliques, des huiles dans l’industrie  mécanique, des colles dans l’industrie papetière, … et elles doivent traiter ces effluents. Nous pouvons mettre chez eux un équipement qui leur permet de s’inscrire dans la logique du zéro rejet.

A quels secteurs pourrait s’étendre votre technologie?

Au Croisic, nous travaillons avec des ostréiculteurs qui cultivent des naissains dans des bassins d’eau de mer qui doivent rester à une salinité stable: notre procédé permet d’ajouter de l’eau déminéralisée pour être toujours à la même concentration de sel. Nous avons aussi une demande énorme pour les eaux issues de la fracturation hydraulique, soit pour les gaz de schiste soit pour l’industrie minière, du cuivre ou du lithium. L’eau qui sort de cette fracturation hydraulique, on saurait la traiter, la purifier et récupérer une eau injectable dans le circuit. On a eu des discussions avec les Chiliens pour leurs mines de lithium dans le désert d’Atacama. Si on peut traiter l’eau pour la rendre aux villages qui en ont été privés, ce serait bénéfique pour tout le monde.

Propos recueillis par Audrey Chauvet
Source : 20minutes/Planète