Dossier : L’alcool, première cause d’hospitalisation en France

Sujet aigu et brûlant en France, pays du bon vivre, où l’alcool est culturellement indissociable de la notion de fête et de détente.

Connu comme ayant un effet anti-dépresseur, et désinhibant il devient un recours facile en cas de situation déstabilisante (chômage, divorce, deuil etc…) Malheureusement, comme dans toute maladie nous ne sommes pas égaux devant le problème.

L’ambiance générale actuelle ne risque pas arranger les choses !

D’ailleurs plusieurs médias importants traitent le sujet ce mois-ci (Fr. Inter, Match, La Presse.ca etc..)

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L’alcool est la première cause d’hospitalisation en France. Environ 400 000 Français ont été hospitalisés en un an pour des comas éthyliques, des hépatites, des cirrhoses ou encore des troubles psychiques dus à l’addiction. Ces hospitalisations ont bondi de 30 % en trois ans, selon un rapport de la Société française d’alcoologie repris par Europe 1.

Au total, les hospitalisations liées à l’alcool sont deux fois plus nombreuses que celles causées par le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Les séjours courts de moins de deux jours ont progressé de 80 % en trois ans, et concernent de plus en plus souvent des femmes et des jeunes.

« On voit de plus en plus de jeunes qui se présentent aux urgences très fortement alcoolisés, qui vont rester vingt-quatre heures, parfois deux jours, pour dégriser. On les trouve aussi dans les services de réanimation », constate  Damien Labarrière, médecin gastro-entérologue au CHR d’Orléans sur Europe 1. Le médecin alerte quant aux conséquences « déjà très graves » sur la santé, évoquant de plus en plus de « cirrhoses qu’on ne voyait pas à l’âge de 25 ans, mais beaucoup plus tard ».

Les professionnels demandent des moyens supplémentaires, et notamment la présence d’alcoologues dans les services d’urgence pour permettre aux patients venus pour un dégrisement un suivi.

Source : Le Monde.fr

 

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Olivier Ameisen: “L’alcoolisme est une maladie biologique”

 

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A travers votre guérison spectaculaire, vous témoignez d’une découverte : l’alcoolisme et d’autres dépendances peuvent être supprimés grâce à un médicament générique, le baclofène.

Absolument. Grâce à un myorelaxant utilisé depuis quarante ans par les neurologues pour soulager les personnes dont les muscles souffrent d’atrophie (sclérose en plaques, paralysie) ou pour le torticolis spasmodique de l’enfant. Ce médicament, à haute dose, supprime complètement chez l’alcoolique la montée du « craving », ce besoin irrépressible de boire. D’une intensité comparable à la sensation de soif ou de faim, cette pulsion est court-circuitée par la molécule dans le cerveau du malade qui devient alors indifférent à l’alcool. Sous ce traitement, il ne remplit plus aucun des critères diagnostics de la dépendance à l’alcool.

– Quel est le mécanisme d’action du baclofène ?
Il agit au niveau du système de récompense cérébral dans le récepteur GabaB, contrairement aux autres médicaments utilisés dans l’addiction qui agissent sur le récepteur GabaA. Le système de récompense fait que, lorsqu’on a une expérience agréable, quelle qu’elle soit, on tend à la reproduire. L’hormone de la récompense, la dopamine, est libérée de façon abondante, maintenant ce besoin de reproduire l’expérience. Le baclofène, en réduisant la libération de dopamine, rééquilibre le système de la récompense et rétablit le phénomène de la satiété. Contrairement à d’autres molécules qui tendent à diminuer l’envie de boire, le baclofène est aujourd’hui le seul médicament qui rend indifférent à l’alcool en supprimant ce besoin. On est alors libre de boire (comme une personne qui n’est pas alcoolique) ou de ne pas boire (par désintérêt total). De plus, le baclofène procure souvent une sensation rapide de bien-être et d’estime de soi, ce que les alcooliques n’ont pas.

Passer de l’abstinence à l’indifférence, c’est une révolution pour les malades !
Oui, ils revivent ! Très souvent l’“alcoolique réformé”­ ­réorganise sa vie autour de l’abstinence. Il doit se tenir à l’écart des tentations liées à l’alcool, trop dangereuses pour lui, avec le risque de se sentir désocialisé. Eviter les situations qui risquent de provoquer de fortes émotions, y compris positives, ou un grand stress, terrain privilégié d’une montée de “craving” ! Toute l’énergie de l’abstinent passe dans sa lutte pour le rester. On peut parler d’une torture, d’une souffrance sans fin puisque le malade alcoolique peut à tout moment rechuter, même après des années.

Est alcoolique “celui qui a perdu la liberté de s’abstenir de boire de l’alcool”, disent les Alcooliques anonymes. Pourquoi est-il si difficile de rester abstinent ?
L’alcoolisme n’est pas la maladie de la volonté ou de la faiblesse, c’est une maladie “biologique” ! Le phénomène d’addiction se loge dans l’amygdale du cerveau (anxiété, pulsions) et non dans le cortex (volonté). Ce qu’on ­demande ou ce qu’on attend des malades ne sert hélas pas à grand-chose. Selon moi, l’addiction à l’alcool provient du déficit d’une substance calmante (GHB) produite ­naturellement par le cerveau. Ce qui expliquerait pourquoi le baclofène, dont l’action se fait sur le même récepteur (GabaB) que le GHB, peut compenser ce manque.

Comment se déroule le traitement ?
Comme l’efficacité de ce médicament dépend de son dosage, la posologie est augmentée par paliers. C’est le ­patient qui indiquera si le traitement est efficace. Il est le seul à pouvoir dire : “Je n’ai plus aucune envie de boire.” Certains vont atteindre le seuil de l’indifférence en quatre jours, à 40 milligrammes, d’autres auront besoin comme moi de 270 milligrammes. Une fois le seuil atteint, on ­diminue progressivement la dose tout en maintenant ­l’indifférence.

Ne risque-t-on pas de remplacer une dépendance par une autre ?
A ma connaissance, pas un seul cas d’addiction au ­baclofène n’a été décrit. Ça n’est pas un traitement “de substitution”, ni une drogue à la place d’une drogue. Cela agit sur le mécanisme de la récompense et non par substitution.

En l’absence d’essais cliniques, l’Afssaps et la Société française d’alcoologie (SFA) ont exprimé leurs craintes sur les conséquences inconnues sur le long terme…
On connaît en revanche très bien les conséquences dévastatrices de l’alcoolisme à court et à long terme !
La ritournelle, en ce moment, chez les addictologues universitaires français, est de dire : “Nous ne pouvons pas prescrire le baclofène car nous ne disposons pas d’essais cliniques.” Or ce sont ces addictologues qui ne les lancent pas ! Depuis 2004, j’ai publié plusieurs articles dans des revues scientifiques (“Alcohol and Alcoholism”, “Jama”, “The Lancet”), appelant de mes vœux la réalisation d’études contrôlées. Toutefois, une immense nouvelle : l’université d’Amsterdam lance actuellement un essai clinique contre placebo. Il sera financé par les 500 000 euros de don anonyme d’un mécène néerlandais “guéri grâce à [mon] livre et en reconnaissance pour [ma] découverte”. La mortalité due à l’alcoolisme continue d’augmenter et les traitements se révèlent largement inefficaces et non dépourvus de complications ! Nos addictologues pourraient s’appuyer sur l’expérience des
experts en baclofène à haute dose, les neurologues américains qui, eux, prescrivent avec un recul de quarante ans. Pas un seul cas de décès ni un seul effet secondaire grave ou irréversible n’a été rapporté, ce qui est exceptionnel ! Les effets secondaires les plus courants, comme la somnolence ou les brûlures d’estomac, apparaissent surtout en début de traitement puis disparaissent.

Quel accueil réserve-t-on au baclofène, outre-Atlantique, dans la prise en charge de la dépendance ?
Plusieurs médecins universitaires en neurologie et psychiatrie m’ont soutenu, notamment le Pr Jonhatan Chick, rédacteur en chef de la revue médicale “Alcohol and Alcoholism”. Le Pr Fred Levin, psychiatre à l’université Northwestern (Chicago), qui suit une centaine de patients depuis plus d’un an, a annoncé d’excellents résultats sur plusieurs types d’addiction (héroïne, cocaïne…). Là-bas, les médecins qui pensent que le baclofène peut marcher se lancent.

Le baclofène doit-il être pris à vie dans le cas de la dépendance à l’alcool ?
Avec un recul de sept années pour mon propre cas et de près de six ans pour les centaines de patients dont j’ai supervisé le traitement, je répondrai : probablement, oui. Car il s’agit d’une maladie chronique. Au même titre que l’hypertension artérielle, le diabète… Sans les médicaments, on ne peut ni stabiliser la tension artérielle ni faire ­descendre le taux de sucre dans le sang ; et avec, on est heureux de vivre !

Interview du Dr Olivier Ameisen par Vanessa Boy-Landry – Paris Match

Photo : Jacques Lange

« Le dernier verre », Olivier Ameisen, éd. Denoël.

 

Nota : SANS REMETTRE EN CAUSE A PRIORI, L’HONNÊTETÉ DU DR AMEISEN, L’ARTICLE SUIVANT EST A TRAITER AVEC PRÉCAUTION : LE BACLOPHENE PRÉSENTÉ COMME LA MOLÉCULE MIRACLE  EST PRESCRIT PAR CERTAINS ALCOOLOGUES SANS AMM, (AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ) CE QUI SOULÈVE UNE POLÉMIQUE ET RAPPELLE LE SCANDALE DU MEDIATOR.

IL SEMBLE RAISONNABLE D’ATTENDRE LE RÉSULTAT D’AUTRES ESSAIS CLINIQUES ACTUELLEMENT EN PLACE ET LA SORTIE DE L’AMM POUR CET USAGE. D’UN AUTRE CÔTE, IL M’A SEMBLÉ INTÉRESSANT D’INFORMER NOS BRINS D’HERBE SUR CE NOUVEL ESPOIR.

GRANDE PRUDENCE DONC !

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LES CHIFFRES DE L’ALCOOL:

 

Le poids économique et culturel de l’alcool

 

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Que représente l’alcool dans la culture française ?

L’alcool, en particulier le vin, est l’un des symboles de la gastronomie française. Il est associé à la fête, à la convivialité en famille ou entre amis. Il accompagne systématiquement les événements marquants de la vie sociale : naissances, mariages, emménagements, pots de retraite, succès professionnels ou sportifs, etc. L’alcool est apprécié pour le plaisir du goût, mais aussi pour ses vertus socialisatrices, relaxantes et euphorisantes.

Quelle est la place de l’alcool dans l’économie française ?

Selon l’InseeLien externe, ouverture dans une nouvelle fenetre, le chiffre d’affaires de la filière alcool française représentait 15,8 milliards d’euros en 2007, dont :

  • 7,4 milliards d’euros pour le secteur des vins, champagnes et mousseux,
  • 4,8 milliards d’euros pour les spiritueux (whisky, rhum…) et les eaux de vie naturelles (cognac, armagnac, etc.),
  • 2,7 milliards d’euros pour la brasserie.

En 2008, les ménages français ont consacré 15 milliards d’euros, soit 1 % de leur budget (ou encore 8,6 % du budget « alimentation ») aux boissons alcooliques (source : Insee).
La filière alcool représentait près de 500 000 emplois directs ou indirects en France en 2000 (source : Inserm).
La France comptait en 2003 environ 540 000 débits de boissons (190 000 débits à emporter, 80 000 restaurants et 270 000 débits à consommer sur place) (source : DGDDI)
Les investissements publicitaires en faveur des boissons alcooliques représentaient 306 millions d’euros en 2006 (données TNS Media Intelligence).

Comment l’alcool contribue-t-il à la balance commerciale ?

Plus du tiers du chiffre d’affaires de la filière (6 milliards d’euros) est réalisé à l’étranger (source : Insee). La France est le premier producteur et exportateur mondial de vin (source : Viniflhor). Elle se situe au 5ème rang européen pour la production de bière (source : Brasseurs de France), et au 3ème rang européen pour les spiritueux (source : Fédération française des spiritueux).

Combien l’alcool rapporte-t-il à l’Etat ?

Chaque année, les taxes sur les boissons alcooliques (hors TVA) représentent environ 2,5 milliards d’euros, dont près de 80 % proviennent des spiritueux, plus de 10 % sont issus des bières et environ 5 %, des vins (source : Insee). A titre de comparaison, les taxes sur le tabac (hors TVA) rapportent environ 9 milliards d’euros par an.

 

LES CHIFFRES DE LA CONSOMMATION.

Pour les consommations régulières

  • pas plus de 2 verres standard (ou unités d’alcool) par jour en moyenne pour les femmes, soit 14 verres standard par semaine
  • pas plus de 3 verres standard (ou unités d’alcool) par jour en moyenne pour les hommes, soit 21 verres standard par semaine

Pour les consommations occasionnelles

  • pas plus de 4 verres standard (ou unités d’alcool) en une seule occasion

Au moins un jour par semaine sans alcool

 

L’alcool au volant

Depuis 1995, il est interdit de conduire un véhicule avec une concentration d’alcool dans le sang (ou alcoolémie) supérieure ou égale à 0,5 gramme d’alcool par litre de sang. La conduite en état d’alcoolisation avec une alcoolémie comprise entre 0,5 et 0,8 g/l constitue une infraction sanctionnée par une peine d’amende forfaitaire et le retrait de 6 points du permis de conduire. Au delà de 0,8 g/l, le conducteur se trouve dans une situation de délit qui, outre une amende et le retrait de 6 points du permis, peut entraîner de lourdes sanctions (suspension ou annulation de permis, emprisonnement).

De nouvelles mesures sont envisagées pour renforcer la lutte contre les risques liés à l’alcool sur la route, en particulier :

  • la mise à disposition d’éthylotests dans les lieux de vente de boissons alcooliques pour permettre à la clientèle de s’auto-tester avant de prendre le volant ;
  • l’équipement d’éthylotests antidémarrage dans les véhicules de transport d’enfants ;
  • l’interdiction, pour les conducteurs condamnés pour conduite sous l’empire de l’alcool, de conduire un véhicule qui ne soit pas équipé d’un éthylotest anti-démarrage.

Source : alcool info services