La ferme du Mont d’Or, une exploitation et une famille en transition

Chez les Marchand-Tourneur, la céréaliculture se transmet de génération en génération. Seulement, au moment d’envisager une transmission de l’exploitation dans les années 2009, aucun des enfants ne se positionnait : le modèle conventionnel ne les attirait pas et n’était plus rentable économiquement, aucun n’était de formation agricole. Finalement, après plusieurs réunions de famille, Emmanuel et Stéphanie (frère et sœur) ont décidé de reprendre l’exploitation et de lui donner un nouveau tournant. Place à l’agroécologie, à l’agroforesterie, à la diversification (ou transformation) et à l’ouverture au public.

Ainsi, depuis 2010 Emmanuel s’occupe de la production végétale, Stéphanie gère la boulange et la meunerie, Emma (femme d’Emmanuel) développe le programme pédagogique et gère l’accueil du public. Ils se sont constitués en société civile d’exploitation agricole (SCEA).
La conversion en agriculture biologique suit son cours, d’ici 2013 toutes les récoltes auront le label. Les céréales sont valorisées pour partie en farine, en pain et les productions sont vendues à la ferme, dans des réseaux d’AMAP, en magasin de producteur, et dans un collège voisin. Il y a un fort soutien des clients, les consom’acteurs de la ferme du Mont d’or !

Outre la transition en marche, dans un territoire peu marqué par l’agriculture biologique, l’originalité de cette exploitation est sa stratégie. Telle une entreprise, elle a bâti un plan d’actions simples et engageantes sur 10 ans afin d’atteindre les objectifs fixés pour l’exploitation : avoir une cohérence tant sur le plan humain, qu’environnemental ou économique pour tendre vers plus d’autonomie et de sobriété.

Ex. planter 1km de haies/an sur 10 ans, mettre en place 10 ha agroforesterie sur 10 ans

Une collaboration avec la LPO pour la préservation de la biodiversité

La LPO s’est inscrite en 2004 dans le programme national Agriculture et Biodiversité avec 3 réseaux agricoles (FARRE, FNAB, FNCIVAM). La Ferme du Mont d’Or a fait partie de la deuxième génération de ce programme (2010) et la LPO a ainsi réalisé des diagnostics et proposé un plan de gestion pour l’exploitation. La plantation de haies et la restauration de mares figuraient parmi les recommandations. Aymeric Delporte, responsable de la vie associative à la LPO Charente-Maritime (groupe local de la LPO), a tout de suite vu l’intérêt d’associer des bénévoles à la mise en œuvre de ce plan de gestion.

Le 20 janvier 2013, une soixantaine de personnes de tous horizons (bénévoles de la LPO, de la Fédération apicole de Charente-Maritime, des AMAP, du réseau Colibri, etc.) se sont retrouvées sur la Ferme du Mont d’Or. Bilan de l’opération : 600 arbres plantés en 3h sur 8 ha ! Une après-midi certes fatigante, mais l’ambiance était conviviale et les bénévoles sont repartis enchantés.

Emmanuel avait remarqué que les projets autour des arbres attiraient beaucoup les amis, consom’acteurs et partenaires, notamment ceux du réseau des AMAP qui souhaitaient pouvoir participer à leur manière aux projets de la Ferme. L’action de planter un arbre est porteuse de sens pour beaucoup. Elle est très concrète. Les gens ont le sentiment d’avoir contribué à la transition de l’exploitation vers un modèle qui leur ressemble et qu’ils encouragent.

L’éducation à l’environnement, un pilier de la ferme

Le projet pédagogique de l’exploitation ne s’arrête pas aux chantiers bénévoles. En effet, l’objectif pour l’hiver 2012-2013 est de planter 3200 arbres (la moitié en haies champêtres et l’autre moitié pour l’agroforesterie). Les enfants de l’école élémentaire Joseph Deplanne du Thou ont aussi contribué à ce projet et ont planté 250 arbres sur la ferme. Ils ont ensuite participé à des plantations sur la commune.

En 2012, Emma a testé des activités pédagogiques pour les ajuster au mieux aux différents publics. Elle a notamment développé un cycle de 4 séances (une par saison) avec le réseau d’assistantes maternelles pour accueillir 45 enfants de 15 mois à 3 ans, sur deux jours, autour d’activités de découverte de la ferme sous différents aspects et à chaque saison de l’année (les semis de blé,  la fabrication du pain, les produits de saison, la plantation d’ arbres, les fruits et les feuillages etc.).

La boulange est également intégrée dans les activités pédagogiques avec l’accueil d’Instituts médico-éducatifs, d’écoles, d’adultes, etc. Un moulin est en cours de construction et pourra être le support de nouvelles activités.

À terme, il y a une réelle volonté de diversifier les publics, les outils et les activités. Il y aurait notamment la possibilité de créer des parcours de jeux et de découverte sur les surfaces de l’exploitation, de développer un réseau de mares, de mettre en place un suivi de la biodiversité, etc.

Ainsi, une nouvelle dynamique est lancée dans la Ferme des Mont d’Or depuis 2010. La famille est ravie que l’exploitation retrouve un avenir durable. Espérons que ces expériences donnent envie à d’autres agriculteurs d’envisager le bénévolat nature comme un levier de valorisation de leur exploitation.

La LPO : agir ensemble pour protéger la nature

Forte de 45 000 membres, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) est aujourd’hui l’une des premières associations de protection de la nature en France. Elle agit au quotidien pour la sauvegarde de la biodiversité, à partir de sa vocation de protection des oiseaux.
Son groupe local, la LPO Charente-Maritime, fort de plus de 800 adhérents, est très dynamique. Il organise des enquêtes naturalistes (suivi des migrations d’oiseaux, enquêtes busards…), des sorties nature au cours desquelles les participants découvrent la richesse ornithologique du département, invitent les particuliers à se préoccuper des équilibres naturels au jardin à travers le programme REFUGES LPO et collabore avec les acteurs locaux de la Charente-Maritime pour les accompagner dans leurs démarches en faveur de la biodiversité.

C’est tout naturellement que la LPO Charente-Maritime a proposée à la ferme du Mont d’Or de mobiliser ses bénévoles pour les aider à concrétiser leur projet de plantation de haies et d’agroforesterie. Cette action est la suite logique des diagnostics environnementaux et du plan de gestion rédigé par la LPO France sur ce terrain dans le cadre du programme national Agriculture et Biodiversité.

Source photos et article : http://www.jagispourlanature.org

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