Mixité au travail : un cap franchi ?

Nous sommes en 2013 et il y a toujours une Journée des femmes. Ce vendredi 8 mars comportera son lot traditionnel de promesses et de bonnes intentions. Si l’on peut déplorer qu’une Journée soit encore nécessaire pour s’inquiéter de la persistance d’inégalités, il serait néanmoins abusif de dire que rien ne bouge. 2013 pourrait même être une année charnière, qui verrait la mixité se développer dans les entreprises à tous les niveaux de la hiérarchie, direction opérationnelle et conseil d’administration compris.

Les résultats du premier sondage réalisé par l’Observatoire de la mixité Capitalcom-Le Monde entre le 12 et le 19 février peuvent le laisser penser. « Ce sujet n’est plus considéré comme une affaire de femmes, un combat féministe. Il est désormais perçu comme un enjeu de société », analyse Caroline de La Marnierre, présidente de Capitalcom.

Or seule une mobilisation des hommes pourrait faire bouger les lignes. Puisque ce sont eux qui tiennent actuellement les rênes du pouvoir, que ce soit à la direction opérationnelle des entreprises ou dans leurs conseils d’administration et en particulier dans les comités de nomination, qui sélectionnent les candidats aux plus hauts postes hiérarchiques.

UNE MOBILISATION DES HOMMES EST IMPÉRATIVE

D’après ce sondage, il semble qu’aussi bien les hommes que les femmes ont désormais pris conscience de l’intérêt d’une plus grande mixité. 80 % des personnes interrogées estiment que les quotas de femmes dans les conseils d’administration sont une bonne chose, même si beaucoup nuancent leur propos en précisant que c’est un mal nécessaire.

En outre, une forte majorité (86 %) considère que les hommes ont un rôle à joueren faveur de l’égalité professionnelle. Et 60 % des hommes jugent que les politiques menées pour en favoriser l’émergence auront un impact positif pour eux-mêmes. Alors que seulement 46 % des femmes pensent qu’ils en bénéficieront effectivement.

La partie n’est cependant pas gagnée. On peut en effet se demander si les hommes ne tiennent pas là un discours d’affichage, pour se montrer vertueux et dans l’air du temps, mais sans faire le nécessaire pour se donner les moyens d’arriver aux fins qu’ils revendiquent. A la question : « Quel rôle les hommes pourraient-ils jouer en faveur de l’équilibre hommes/femmes au travail ? », des mesures pratiques et concrètes, telle la flexibilité en termes d’horaires et d’organisation, sont peu préconisées. Les hommes se déclarent en revanche tout disposés à « combattre les stéréotypes ». Ils sont prêts à se battre sur le plan desidées ; moins sur le terrain.

Inquiétante aussi, cette position des jeunes de 18 à 34 ans qui sont plus de 10 % à préférer que les femmes puissent congeler leurs ovocytes pour remettre leurgrossesse à plus tard, plutôt que d’interdire toute limite d’âge dans l’avancement d’une carrière. Or ces limites pénalisent les femmes, qui doivent interrompre leur parcours professionnel lors de leurs congés de maternité, alors qu’elles ont entre 30 et 40 ans, années considérées comme cruciales.

PROGRESSION DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATIONS

La situation actuelle, qui voit la présence des femmes s’accroître rapidement dans les conseils d’administration – là où la loi l’impose – mais stagner dans les instances de direction opérationnelle, peut aussi laisser dubitatif.

Mme de La Marnierre se veut néanmoins optimiste : « Nous avons passé un cap. Il y a un an, cette prise de conscience des avantages de la mixité n’aurait pas été aussi partagée. Cela ne veut pas dire que le problème est réglé. Mais ce sujet qui était tabou ne l’est plus. »

Marie-Claude Peyrache, cofondatrice du programme BoardWomen Partners, confirme elle aussi qu’« une dynamique s’installe ». Son programme vise à mettre en relation des femmes candidates à des postes d’administratrices et des dirigeants-administrateurs de grands groupes européens pour que ces derniers leur ouvrent les portes. Et ça marche : « Les états d’esprit ont beaucoup évolué. L’écart entre la féminisation des conseils d’administration et celle, bien moindre, des comités exécutifs, va poser problème. Ça ne va pas tenir. Des PDG s’y préparent. Les autres, ceux qui ne font rien, vont être confrontés à de grandes difficultés. »

A bon entendeur…

Source : lemonde.fr

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