Projet de scierie-incinérateur dans le Morvan : une boîte de Pandore de plus ?

 

Alors que les actualités autour de la gabegie de Notre-Dame-des-Landes se font plus discrètes, d’autres projets qui soulèvent la controverse sortent du bois. Et l’expression a ici toute sa place concernant le projet d’implantation du groupe Industrie du Bois Vielsalm (IBV&Cie SA) à Sardy-lès-Epiry dans la Nièvre d’un complexe industriel mélangeant scierie, cogénération et production de pellets à destination de la Belgique.

Parc à grumes (Scierie IBV à Vielsham – Belgique)

Pour résumer le projet en quelques chiffres :

Scierie : 500.000 m³/an de capacité

Chambres de séchage : 100.000 m³/an de capacité totale ;

3 chambres Unité de cogénération : 52 MW de puissance calorifique installée

Production d’électricité : 12 MW de puissance installée

Pellets en bois 250.000 tonnes par an

Efficacité énergétique 90 %

Investissement 150 millions d’euros

Création d’emplois 120 directs et environ 200 indirects

Superficie totale : 60 ha.

 

Sur le papier, le projet s’annonce lui-même comme une bouffée d’air à l’économie locale et une alternative aux énergies fossiles.

 

Quand on gratte un peu, on peut légitimement se poser de nombreuses questions quant à la viabilité d’un tel projet et nombreux sont les détracteurs et ce quel que soit le niveau : particuliers, associations de défense de l’environnement, professionnels de la filière-bois locale et EELV ont pris position contre se projet, dénonçant une boîte de Pandore qui apporterait au final plus de problèmes que de solutions.

 

Au plan environnemental, le complexe menace un bois de 100ha riche de biodiversité sur lequel on trouve entre autres, une zone humide de 6 ha. Sans compter l’impact sur les infrastructures routières et le trafic quand on considère les chiffres de production annoncés.

Ensuite, l’approvisionnement d’une telle unité de transformation n’est pas sans interrogation étant donné qu’elle absorberait en sciage à elle seule entre 30 et 50% des capacités de production en bois résineux de la région, estimé aux alentours de 1,3 millions de m3 par l’institut technologique FCBA (Forêt, Cellulose, Bois-construction, Ameublement), institut de référence au plan national.

 

http://www.youtube.com/watch?v=rOaLgD3j_UU

 

Ce qui fait rebondir sur le volet économique du projet dans une région où, la filière de transformation du bois est déjà équivalente aux capacités  de production en bois. Une augmentation aussi importante de la demande ne pourrait être satisfaite qu’au prix d’une anticipation des coupes de bois et donc d’un appauvrissement des réserves forestières à court terme ou alors par un approvisionnement dans les régions voisines induisant en plus, une pression importante sur les infrastructures routières.

Au final les emplois annoncés ne risquent-ils pas de détruire tout un tissu économique au profit d’une industrie centralisée qui laisserait libre-court à toutes les spéculations libérales une fois seule au monde ?

 

Toutes ses questions ont amenés plusieurs groupes de citoyens à se mobiliser contre le projet et à lutter contre son implantation. Ainsi l’arrêté préfectoral autorisant le lancement effectif du projet vient de se voir suspendre par une décision par le tribunal administratif de Dijon. Il s’agit déjà de la troisième suspension en un an.

Une mobilisation familiale

Et des collectifs se montent pour défendre ce bout de territoire contre un projet qu’ils jugent pharaonique et mené comme à Notre-Dame-des-Landes sans réelle concertation et vision à long terme de la gestion d’un territoire unique le Morvan. Collectifs qui doivent déjà faire face à l’agressivité d’un groupe industriel peu avare en menace de poursuite en diffamation pour ceux qui s’opposeraient à son projet.

 

Plus d’informations : http://adretmorvan.org/

 

La parole à aux porteurs du projet ; les brindherbes se tiennent à leur disposition pour connaître leur version de l’histoire…

 

 

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