L’Europe opposée à une sortie de Chypre de la zone euro

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a mis en garde contre la sortie de Chypre de la zone euro, estimant que tous les pays membres de l’Union économique et monétaire (UEM) avaient la même importance systémique.

Les supporters de Nicos Anastasiades, nouveau président de Chypre, célèbrent sa victoire lors de l'élection du 24 février (C) Sipa

« Même si l’on appartient à un grand pays de l’Union européenne, il faut avoir conscience de l’importance systémique de chaque membre de la zone euro », déclare-t-il, cité dimanche par le journal Der Spiegel.

Il adresse ainsi une critique à peine voilée à Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, qui s’est interrogé sur l’importance systémique de Chypre, l’une des plus petites économies de la zone euro.

Wolfgang Schäuble a déclaré que la précipitation ne sera pas de mise lors de la réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe lundi à Bruxelles pour se pencher sur la question d’une aide financière de 17 milliards d’euros demandée par Chypre.

L’île méditerranéenne a besoin de huit à dix milliards d’euros pour recapitaliser ses banques, très exposées à la crise de la dette grecque, et sept milliards supplémentaires pour rembourser des prêts et financer des dépenses publiques.

« Si Chypre devient insolvable de manière désordonnée, ceci entraînera vraisemblablement une sortie de la zone euro », estime Olli Rehn.

Les dirigeants européens sont divisés sur la manière de venir en aide à Chypre, avec d’un côté un groupe emmené par l’Allemagne préconisant de faire participer ceux qui détiennent des dépôts dans les banques chypriotes au financement d’un plan de sauvetage.

D’autres Etats européens estiment qu’une telle disposition risque de conduire à un mouvement panique de retraits d’argent, ce qui ne fera qu’aggraver le problème.

L’Eurogroupe entretient une étroite concertation avec la Russie qui est intéressée au problème chypriote dans la mesure où les banques du pays détiennent de nombreux avoirs d’investisseurs russes.

Moscou envisage de prolonger un prêt à cinq ans de 2,5 milliards d’euros et l’Allemagne doute de la détermination de Nicosie à lutter contre le blanchiment d’argent en particulier de fonds russes.

Olli Rehn a répété que la Commission européenne était opposée à un échange de dette ainsi qu’à l’imposition de pertes sur les banques chypriotes et leurs épargnants.

« Nous ne voulons pas impliquer les épargnants. Je suis persuadé que nous allons trouver une solution permettant de prendre en compte les doutes de tous les pays de la zone euro », poursuit-il.

Wolfgang Schäuble a affirmé être confiant dans la possibilité de trouver « une solution appropriée » qui, selon lui, ne sera ni facile ni sans douleur pour Chypre.

De manière générale, Olli Rehn a appelé les pays européens à poursuivre la mise en place de mesures d’austérité, au vu d’un endettement « qui dépasse en moyenne les 90% du produit intérieur brut (PIB) dans l’Union européenne ».

Il a notamment estimé que la France devait réfléchir aux moyens de limiter des dépenses publiques jugées excessives, estimant que la deuxième puissance économique de la zone euro avait à ce stade trop mis l’accent sur la hausse de la fiscalité au détriment de coupes dans les dépenses.

Source : http://www.challenges.fr/economie/20130304.CHA6884/l-europe-opposee-a-une-sortie-de-chypre-de-la-zone-euro.html

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