Le ras-le-bol des artisans du bâtiment dépasse la frontière et dressent un mur de parpaing.

Huit heures du matin sur le pont qui sépare la France de l’Espagne. Plus de soixante artisans, principalement venus de Cerdagne et Capcir, dressent symboliquement un mur de parpaings pour interrompre la circulation et condamner la compétition déloyale des entrepreneurs espagnols. Une action organisée par la Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) et par l’Union professionnelle artisanale des P.-O. (UPA) présidée par Catherine Lair. L’ambiance est bon enfant, seuls les gendarmes de Bourg-Madame surveillent cette manifestation. A même le mur, on discute métier, en partageant un verre de rouge et quelques solides charcuteries locales.

 

Les élus dans le collimateur

Voilà un mois tout juste, certains défilaient dans les rues de Perpignan, avant d’être reçus en préfecture pour demander, entre autres, un renforcement des contrôles sur les chantiers ici, en Cerdagne, comme partout où l’entreprise étrangère porte préjudice à l’économie locale.

Robert Massuet, qui suite à la récente démission de Michel Dupuy assure l’intérim à la tête de la CAPEB, ne décolère pas : « Visiblement l’Etat ne nous a pas entendus, puisque la situation empire. Ils sont de plus en plus nombreux à franchir la frontière pour venir nous piquer les clients. Je voudrais, à ce titre, m’adresser aux élus qui ont pourtant tous entendu parler ces derniers temps d’un certain patriotisme économique. S’ils continuent à céder les marchés aux entrepreneurs étrangers, alors que leurs communes vivent avec les taxes que leur rapportent nos entreprises, nous ne tarderons pas à leur rendre visite ».

Face-à-face tendu

Des propos qui firent l’unanimité parmi les manifestants et un rassemblement qui évolua de manière imprévue. Quand, comme un seul homme, après avoir posé saucisses et gobelets sur le mur improvisé, les artisans passèrent en Espagne. Un acte inédit de mémoire de Cerdan, confiait un passant en observant incrédule le regroupement.

Police, mossos d’esquadra, guardia civil, tous un peu pris de court se postèrent en travers de la route pour stopper l’avancée des manifestants. Un face-à-face tendu qui en disait long sur la portée du mouvement. Toujours selon Robert Massuet : « De toute évidence, le passage est beaucoup plus perméable dans le sens Espagne- France ». Un quart d’heure plus tard les manifestants rejoignaient le sol français suivis de très près par la police espagnole qui les raccompagna jusqu’au panneau de Bourg-Madame.

Source : http://www.lindependant.fr/2013/02/20/le-ras-le-bol-des-artisans-depasse-la-frontiere,1729203.php

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