Le risque politique fait chavirer le Cac 40 sous les 3.700 points ( Traduction : ça craint ! )

Gros temps à la Bourse de Paris. Emporté par les incertitudes sur le scrutin à venir en Italie et le scandale de corruption frappant Mariano Rajoy en Espagne, le Cac 40 a dévissé de 3,01 %, à 3.659,91 points. Il s’agit de la plus forte baisse depuis le 10 avril 2012 ! Seul Gemalto, au sein de l’indice phare, parvient à tirer son épingle du jeu.

Le risque politique fait chavirer les indices boursiers mondiaux. Deux pays cristallisent les craintes : l’Espagne et l’Italie. En Espagne, le chef du gouvernement Mariano Rajoy fait face à une vague d’indignation depuis qu’a éclaté un scandale de corruption. Certains réclament même sa démission pure et simple. L’information avait été révélée à la mi-janvier par El Mundo, mais elle était passé plutôt inaperçue, tout du moins en France. Elle est maintenant au centre de l’actualité depuis qu’un autre journal, celui de centre-gauche El País a publié des photos de la comptabilité manuscrite qui aurait été tenue pendant dix-huit ans, entre 1990 et 2008, par l’ex-trésorier du Parti populaire (PP), Luis Bárcenas, qui a donné son nom à l’affaire. En visite à Berlin, Mariano Rajoy a, une fois de plus, balayé d’un revers de main ces accusations : « Tout ce qui a été publié est faux, sauf certaines choses », a-t-il déclaré. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme sur le secteur bancaire espagnol, même s’il reconnaît que des efforts ont été faits. Madrid devra appliquer « sans exception » l’ensemble des réformes engagées, a martelé l’institut, et mettre à jour un business plan pour la Sareb, la structure de défaisance devant accueillir les actifs toxiques de plusieurs banques nationalisées.

En Italie, où les élections législatives se tiennent à la fin du mois, Silvio Berlusconi fait la chasse aux votes. Pour cela, le Cavaliere s’est engagé à rembourser la très impopulaire taxe d’habitation instaurée par le gouvernement Monti, dans un discours plus général garantissant une baisse d’impôts en cas de victoire de la droite.

A Milan et à Madrid, les marchés actions sont l’objet d’importants dégagements tandis que les rendements des emprunts à dix ans repartent à la hausse. L’Ibex 35 chute de 3,77 %, le FTSE Mib de 4,50 %. Sur le marché secondaire, le taux italien à dix ans se tend à 4.463 %, contre 4.323 % vendredi, et celui ibérique remonte à 5,422 %, contre 5,192 % en fin de semaine dernière. A Paris, le Cac 40abandonne 3,01 %, à 3.659,91 points, ce qui en fait la plus forte baisse depuis le 10 avril 2012, date à laquelle il avait perdu 3,08 %. Le volume de transactions se regonfle à 3,35 milliards d’euros. Outre-Atlantique aussi, le rouge l’emporte. Le Nasdaq Composite et le Dow Jones lâchent respectivement1,3 % et 0,84 %. Vendredi, le Dow Jones a touché pour la première fois depuis octobre 2007 le seuil des 14.000 points, dopé par plusieurs statistiques rassurantes sur le front de l’emploi, de la confiance du consommateur et de l’activité manufacturière. Les commandes à l’industrie, dont les chiffres ont été publiés ce lundi, ont rebondi de 1,8 % en décembre, un peu moins fortement que prévu.

Côté changes, l’euro, qui a touché un plus haut à 1,3711 dollar vendredi, reflue à 1,3525 dollar. « Le thème principal pour l’euro est la prudence avant la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE cette semaine », analyse Joe Manimbo chez Western Union Business Solutions à Washington.

CRÉDIT AGRICOLE DÉCROCHE

Lanterne rouge, Crédit Agricole dévisse de 5,42 %, à 7,117 euros. La banque a annoncé, vendredi, la finalisation de la cession de sa filiale grecque Emporiki à Alpha Bank pour 1 euro symbolique. Elle entraîne dans son sillage BNP Paribas, qui baisse de 4,41 % à 44,695 euros, et Société Générale, qui fléchit de 4,79 % à 32,125 euros. Ces deux titres font partie des six valeurs du Cac 40 qui abandonnent plus de 4 %. Les autres sont France Télécom (- 4,09 %), LVMH (- 4,18 %), Bouygues (- 4,50 %) etVinci (- 4,62 %)

Le secteur automobile est également à la peine. Renault abandonne 3,28 % à 43,56 euros, Michelin3,57 % à 68,56 euros, et Peugeot (hors Cac) perd 3,67 % à 5,667 euros. Ils sont victimes d’une double dégradation. Bank of America Merrill Lynch a révisé de « surpondérer » à « neutre » son opinion sur le secteur automobile européen, tandis que HSBC est passé de « surpondérer » à « neutre » sur le titre de la marque au losange et a ramené son objectif de cours sur son concurrent de 4,30 à 4 euros.

Egalement plombé par une note d’analyste, Solvay lâche 3,13 % à 114,45 euros. Nomura est passé de « neutre » à « alléger » sur le titre du chimiste, et recommande de prendre ses bénéfices. L’intermédiaire estime que l’action du groupe belge présente un potentiel haussier inférieur au reste du secteur.

Encore au chapitre des recommandations, Suez Environnement perd 0,58 % à 9,665 euros. HSBC a relevé son opinion sur la valeur de « neutre » à « surpondérer » et porté son objectif de 9 à 12 euros. L’intermédiaire estime que la fin du pacte d’actionnaires avec GDF Suez (- 2,93 % à 14,72 euros), prévue en juillet, devrait se passer en douceur et que les perspectives de résultats, qui seront présentées le 14 février, devraient constituer un catalyseur.

EADS plie de 1,05 % à 34,82 euros. Le conseil d’administration et le comité des nominations du groupe d’aéronautique et de défense ont approuvé le choix d’Anne Lauvergeon et de Jean-Claude Trichet aux postes d’administrateurs, mais ne souhaitent pas que l’ex-patronne d’Areva soit nommée à la tête du conseil comme le demandait l’Etat, rapporte Le Figaro en citant « de bonnes sources ». Denis Ranque, ex-président de Thales, apparaît comme le favori à ce poste, ajoute le quotidien. De son côté, le quotidien Les Echos écrit que l’Airbus A350 risque de ne pas être prêt pour le Salon du Bourget, qui se déroulera du 17 au 23 juin, en raison de retards pris dans la livraison des moteurs.

En hausse ce matin, Vivendi perd finalement 2,49 % à 15,465 euros. Numericable est favorable à un rapprochement avec SFR, a déclaré le président Eric Denoyer. Liberum juge cette annonce positive et estime qu’une alliance entre les deux groupes recevrait l’approbation des autorités dans la mesure où Numericable n’est pas présent dans la téléphonie mobile.

Seul Gemalto, au sein de l’indice phare, parvient à tirer son épingle du jeu avec un gain de 0,62 %, à 68,26 euros.

Source : Les échos

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