Transition énergétique: le grand débat impossible pour une société plus sobre

ENVIRONNEMENT – Grenelle de l’Environnement, acte III. La ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Delphine Batho, a ouvert ce jeudi 29 novembre le grand débat sur la transition énergétique, promesse de campagne et grande priorité du quinquennat de François Hollande. La première réunion du « parlement » du débat, composé de 112 membres issus du monde de l’entreprise, des syndicats, des associations, des élus et de l’Etat, a débuté, à huis clos, au ministère de l’Ecologie et de l’Energie.

Après la mise en place un peu laborieuse des instances, et notamment du comité de pilotage chargé d’animer le débat et de « cadrer » les grandes thématiques, s’engage donc un travail de plusieurs mois pour produire d’ici l’été des recommandations au gouvernement, en vue de la rédaction d’un projet de loi programmé pour 2013.

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François Hollande a fait de la transition énergétique un des chantiers prioritaires de son quinquennat. Il a déjà fixé certains objectifs: ramener la part du nucléaire dans la production électrique de 75 à 50% d’ici 2025, fermer la centrale de Fessenheim d’ici fin 2016, développer les renouvelables et toutes les sources d’économie possibles, notamment dans le bâtiment.

Mais le débat doit permettre de se projeter jusqu’en 2025, en accord avec les objectifs de 2050 (diviser par 4 ou 5 les émissions de gaz à effet de serre). Le tout dans un contexte de renchérissement des coûts des énergies fossiles.

Economiste et spécialiste du développement durable, Laurence Tubiana estime qu’une « révolution industrielle se prépare ». « Les deux tiers de notre consommation d’énergie finale sont encore d’origine fossile », rappelle-t-elle alors que la facture énergétique a pesé à hauteur de 60 milliards dans le déficit commercial en 2011. « Ce débat est un pari. J’accepte de le faire car je crois que tous les participants souhaitent réfléchir ensemble à une société française plus sobre en carbone », estime l’experte qui siège parmi les six « sages » du comité de pilotage.

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Du lourd et du conflictuel

Nucléaire, gaz de schiste, montée en puissance des énergies alternatives (éolien, photovoltaïque, biomasse, etc.), décentralisation des centres de production d’énergies, marge d’autonomie des régions, besoins et offres en matière de transports, formes d’habitat… Tous ces sujets seront abordés. Or, beaucoup d’entre eux se heurtent à des intérêts industriels de premier plan ainsi qu’à des résistances de la part des élus ou de leurs administrés.

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Lors du Grenelle de l’Environnement, Nicolas Sarkozy avait choisi de mettre la question du nucléaire de côté, s’attirant la colère des associations environnementales. Aujourd’hui, la question est sur la table mais pourrait pourrir les échanges. La présence de « Atomic Anne », Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva et membre du comité de pilotage, continue de faire grincer des dents.

Delphine Batho a prévenu « qu’il y a des avis et des positions parfois diamétralement opposés », ce qui laisse augurer un débat complexe et pas forcément fertile. Greenpeace et Les Amis de la Terre, mécontents de la composition initiale du comité de pilotage, ont d’ailleurs renoncé à y participer.
Un projet de loi à l’été prochain

Les discussions vont débuter au sein du Conseil national du débat formé de 112 membres issus de sept collèges (Etat, employeurs, syndicats, ONG de défense de l’environnement, autres associations, élus locaux et parlementaires).

Au côté de ce « parlement », siègeront le comité de pilotage, un comité citoyen et un comité scientifique, chargé de préciser les scénarios disponibles et l’état des connaissances sur les sujets abordés.

A partir de février, des débats seront aussi organisés dans les régions. La définition des besoins futurs sera le premier des chantiers à ouvrir, avant de mettre à plat les manières d’y répondre (le mix énergétique) et les coûts associés des différents scénarios.

La Fondation Nicolas Hulot, comme les autres ONG, partage cette approche et souhaite que la sobriété soit la « priorité absolue » du débat. « Il faudra bien préciser les besoins minimum, à confort constant, pour faire fonctionner correctement la société, en les distinguant du désir et du superflu », a prévenu Bruno Rebelle, un autre membre du comité de pilotage.

Les débats s’annoncent donc techniques et passablement houleux. Prudente, la ministre de l’Ecologie prévoit d’ores et déjà des retard. « On allonge la phase des débats territoriaux de février jusqu’à fin mai (au lieu de fin mars), cela a été une demande unanime de bon sens de donner plus de temps » pour ces débats décentralisés, a déclaré la ministre.

En clair: le projet de loi est d’ores et déjà repoussé à la rentrée 2013.

 

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source: http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/29/transition-energetique-le-grand-debat-impossible_n_2211164.html?utm_hp_ref=france