Iran : mort d’un bloggeur sous la torture

Le blogueur Sattar Beheshti, critique à l’égard des dirigeants iraniens, est mort dans la prison d’Evin à Téhéran, a confirmé sa famille. Il avait été arrêté le 30 octobre dans sa maison à Robatkarim, petite ville au sud-ouest de Téhéran, par la cyberpolice iranienne pour « propagande contre le régime » en raison de ses activités sur Facebook et sur le Net. Les proches de cet ouvrier de 35 ans ont reçu un appel des autorités de la prison, le mardi 6 novembre, leur demandant d’acheter une tombe et de venir récupérer le corps. Sattar Behesti a été enterré jeudi au cimetière de Robatkarim.

Le site proche de l’opposition Kaleme a dévoilé, jeudi, la plainte que ce dissident avait déposée auprès des autorités d’Evin à cause des tortures qu’il avait subies pendant ses premiers interrogatoires. La plainte a été rédigée pendant les douze heures que Beheshti a passé, le 1er novembre, dans la section 350 d’Evin, réservée aux prisonniers politiques. 

« Pendant ces deux derniers jours depuis mon arrestation, j’ai été menacé, tabassé et insulté. J’ai reçu des coups de pied et de poing, aussi à la tête, alors que j’étais attaché à une chaise. La cyberpolice m’a de nouveau convoqué et m’emmènera bientôt. Elle sera à l’origine de tout ce qui m’arrivera et, si je finis par faire des aveux, ils ne vaudront rien », a-t-il écrit dans un formulaire de plainte, destiné à « Monsieur Alaie, responsable de la section 350″. Kaleme précise que les noms de ses deux compagnons de cellule, ainsi que leurs témoignages ont été « floutés » pour des raisons de sécurité.

Un site conservateur, Baztab, appartenant à Mohsen Rezaie, une personnalité politique proche du guide suprême Ali Khamenei, a également confirmé la mort de cet homme, « probablement en raison de la négligence ou de l’erreur des acteurs impliqués dans son dossier ».

Sur son blog personnel, Sattar Beheshti dénonçait vivement la répression, la corruption des responsables politiques et les violations des droits de l’homme en Iran. Dans son dernier post de blog, il déplorait les menaces et les intimidations faites par le régime contre les dissidents iraniens. « Hier encore, on m’a menacé. On m’a dit que je devais annoncer à ma mère qu’elle serait bientôt obligée de s’habiller en noir [en signe de deuil]. Ils disent : ‘On fait ce qu’on veut et que vous devrez vous taire (…).’ Je ne resterai pas silencieux, bien que cela veuille dire la mort. »

Selon les proches de Sattar Beheshti, il a été arrêté et incarcéré pour la première fois en 2003 lors de manifestations d’étudiants à Téhéran. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) à publié une communiqué, demandant aux responsables iraniens d’enquêter sur cette affaire et de rendre publics les résultats.

En juillet 2003, la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi avait trouvé la mort quelques jours après son arrestation à Téhéran. Kazemi avait été interpellée par les agents des services de renseignement alors qu’elle photographiait un rassemblement de familles de prisonniers politiques devant la prison d’Evin. Hospitalisée quelques jours avant sa mort, la photographe avait dit avoir reçu des coups à la tête pendant ses interrogatoires.

Les sites d’information précisent que la famille de Sattar Beheshti n’a pas été autorisée à participer à son enterrement, sous la pression des services de sécurité.

Source : le monde

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