Présidentielles américaines : le jour J

Ce mardi 6 novembre, les Américains vont départager Barack Obama et Mitt Romney. La campagne présidentielle américaine a été longue, mais son épilogue risque d’être encore plus long. Les bureaux de vote de chaque État, étalés sur six fuseaux horaires, ouvriront leur portes pour certains d’entre eux dès 6 heures du matin sur la côte Est (midi à Paris), pour fermer progressivement en fin d’après-midi. Les résultats tomberont, Etat par Etat, dans la nuit du mardi au mercredi. Voici toutes les clés nécessaires pour comprendre le fonctionnement de ce scrutin très complexe.
Quelque 215 millions d’électeurs sont appelés à voter ce mardi 6 novembre. Sauf report du scrutin assez improbable, comme on a pu le voir à l’occasion de l’ouragan Sandy. Ils désignent leur président et leur vice-président pour un mandat de quatre ans. Ils renouvellent aussi entièrement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat américain. Sans oublier des élections de gouverneurs, d’autres élus territoriaux voire des référendums locaux (172 organisés dans 27 Etats).

Les résultatstomberont Etat par Etat, d’est en ouest, dans la nuit du mardi 6 novembre au mercredi 7 novembre. Compte tenu du décalage horaire (6h avec New York, 9h avec la Californie, par exemple), on peut espérer des pronostics à partir de 23h-minuit heure française, pour des résultats plus précis égrainés d’Etat en Etat, après la fermeture des bureaux à 20h-21h sur place, soit 2h-3h du matin heure française. Exemple: le précieux Ohio devrait connaître le vainqueur de ses 18 grands électeurs vers 20h sur place donc 2h du matin heure française. Résultats plus globaux à partir de 4h30-5h du matin, sauf s’ils sont vraiment trop serrés (too close to call), il faudra alors patienter des heures voire des jours…

Les chaînes de TV ne prendront aucun risque

Les premières indications seront connues dès la fermeture des premiers bureaux de vote grâce aux sondages de sortie des urnes. Aux Etats-Unis, ces données sont partagées entre toutes les chaînes télévisées – ABC, CBS, NBC, CNN, Fox – et l’Associated Press. Cette année, en raison « de l’augmentation du vote anticipé et de la situation économique difficile des médias », les sondages de sortie des urnes ne seront effectués que dans 19 des 50 Etats, les plus disputés.

Pour être le plus précis possibles, et éviter le fiasco de 2000 (lors que les chaînes avaient annoncé trop tôt la victoire de George W. Bush) et les erreurs de 2004 (lorsque les sondages sortie des urnes ont donné une avance imaginaire à John Kerry), moins de personnes seront sondées à la sortie des bureaux de vote et plus d’électeurs seront joints sur leur portable, et non plus sur leur téléphone fixe.

Ce dispositif plus léger ne devrait pas, a priori, retarder la publication des premières estimations. Mais le scrutin est parti pour être très serré, et de nombreuses chaînes, comme CNN, ont déjà annoncé qu’elles ne prendraient pas le moindre risque dans leurs projections.

Une chambre de quarantaine « anti-fuites »

Les médias n’ont pas le droit de diffuser des sondages de sortie des urnes pour un Etat tant que les bureaux n’y sont pas fermés, ce qui veut dire que les premières estimations n’arriveront qu’après 19 heures (1 heure du matin, mercredi, à Paris), alors que les bureaux de vote sur la côte Ouest sont encore ouverts.

Mais elles seront en possession de certaines données dès 11 heures du matin. Pour éviter toute fuite, notamment sur les réseaux sociaux, les responsables de chaque chaînes et de l’AP y auront accès dans « une chambre de quarantaine » située dans un endroit inconnu, sans téléphone ni accès Internet. A 17 heures, ils auront le droit de transmettre les chiffres à leurs rédactions, mais ne pourront diffuser publiquement que des tendances, comme l’importance de l’économie dans le choix des électeurs.

Une fois que les sondages pourront être diffusés, les médias auront également accès aux résultats du vote anticipé, qui est déjà en train d’être compté dans de nombreux Etats comme l’Iowa. Selon la campagne de Barack Obama, près de 30 millions d’Américains auront voté avant le 6 novembre, une part importante de l’électorat.

Reste maintenant à savoir si cela sera assez pour dire avec certitude qui de Barack Obama ou Mitt Romney est le vainqueur. En 2008, Barack Obama avait remporté la Virginie, la Floride et la Caroline du Nord, laissant très peu de chances à son rival d’alors, John McCain, de revenir dans la course. A l’époque, avant même que les bureaux n’aient fermé, toutes les chaînes avaient déjà annoncé la victoire de M. Obama.

Avec Mitt Romney en bonne position en Caroline du Nord et en Floride, et avec la possibilité qu’il crée une surprise en Virginie, ce scénario a peu de chances de se répéter. Ajouter à cela la prudence retrouvée des chaînes télévisées, et l’attente pourrait être longue. Comme le dit l’Associated Press, « si l’élection est aussi serrée que les derniers sondages, ce sera de toutes façons une longue nuit ».

Pourquoi ce jour et pas un autre?

Traditionnellement, les Américains votent tous les quatre ans un jour précis: le premier mardi qui suit le premier lundi de novembre, selon le Presidential Election Day Act qui date de 1845.

L’élection présidentielle américaine, comment ça marche?

L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect à un tour, qui se joue Etat par Etat. Prenons chaque morceau séparément pour que ce système complexe n’ait plus de secret pour vous. (S’il en a encore, nous répondrons volontiers à vos questions dans les commentaires ci-dessous…)

Indirect: les Américains ne votent pas pour le président ou le vice-président de leur choix, non. En réalité, ils élisent de grands électeurs qui se réuniront au sein du collège électoral le 17 décembre prochain pour élire à leur tour le président et le vice-président des Etats-Unis. Ces grands électeurs sont théoriquement tenus de voter pour le ticket pour lequel ils se sont prononcés pendant la campagne mais rien ne les y engage sur le papier.

A un tour: cette partie est plus simple. Pas de second tour, contrairement au modèle français par exemple. Tout se jour au premier tour.

Etat par Etat: les Américains désignent les fameux grands électeurs dans chaque Etat des Etats-Unis. Selon la règle du « winner-take-all », le ticket qui arrive en tête dans un Etat remporte tous les grands électeurs de cet Etat. Chaque Etat « pèse » un nombre différent de grands électeurs: de 3 pour les plus petits comme Washington DC, à 55 pour la Californie. Ils sont 538 au total: le vainqueur sera celui qui en obtiendra au moins 270.

Enfin, certains Etats constituent des trophées encore plus convoités: ce sont les Swing States, dont le coeur balance jusqu’au dernier moment. Parmi eux, l’Ohio ou la Floride « pèsent lourd » en terme de grands électeurs.

Le président ne prendra ses fonctions que le 21 janvier 2013

Non seulement il faudra attendre le vote du collège électoral le 17 décembre pour connaître officiellement le nom du président et du vice-président des Etats-Unis pour la période 2012-2016. Mais ce mandat ne commencera officiellement que le lundi 21 janvier 2013. Plus précisément, la loi veut que l’Inauguration Day ait lieu un 20 janvier avant midi. Mais ce jour tombant un dimanche en 2013, seule une cérémonie privée aura lieu le dimanche, avant la cérémonie publique d’investiture le lundi. Souvenez-vous des festivités du 20 janvier 2009, pour la prise de fonctions de Barack Obama.

En Virginie, par exemple, les bureaux fermeront à 19 heures (1 heure du matin, mercredi, à Paris) et ceux de l’Ohio et de Caroline du Nord 30 minutes plus tard. La Floride fermera les siens à 20 heures (2 heures, mercredi), le Colorado et le Wisconsin à 21 heures (3 heures, mercredi) et l’Iowa et le Nevada à 22 heures, (4 heures, mercredi).

Si on prend en compte l’arithmétique électoral, des victoires d’Obama dans certains Etats de l’est mettraient rapidement un terme au suspense. Mais il plus probable que le scrutin se résume finalement aux Etats du Midwest, en premier lieu desquels l’Ohio, qui décidera vraisemblablement du vainqueur de cette élection.

Sources : http://www.nydailynews.com/news/politics ; le monde ; l’express

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