Une députée d’Aube dorée représente la Grèce au Conseil de l’Europe

N. Michaloliakos, leader du parti

Scandale pour la démocratie en Europe : alors que, la semaine dernière, le porte-parole du parti néo-nazi grec Aube Dorée faisait une lecture publique du célèbre faux antisémite « Les Protocoles des Sages de Sion » en plein cœur de l’hémicycle du parlement, la députée néo-nazie Eleni Zaroulia, femme du dirigeant d’Aube Dorée Nikos Michaloliakos, a été nommée à la délégation nationale à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et à sa Commission pour l’égalité et la lutte contre les discriminations.

Cette nomination est de la responsabilité des dirigeants des principaux partis grecs, au premier rang desquels le Premier ministre Samaras, tout comme il est également de leur responsabilité de l’exclure de cette délégation pour n’y faire figurer que les élus issus de partis démocratiques.

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est, avec le Parlement européen, la grande instance de représentation des élus nationaux au niveau continental. Elle compte 636 membres, issus des 47 États membres du Conseil de l’Europe, et a pour mission principale la sauvegarde et la promotion des droits de l’homme et de la démocratie.

Chaque délégation nationale, constituée librement par chaque État membre, présente donc le visage de son pays au reste du continent. La présence d’Eleni Zaroulia au sein de la délégation grecque est une balafre sur le visage que la Grèce présente aujourd’hui à l’Europe.

Aube Dorée n’est pas un parti comme un autre

Si l’on considère que Aube Dorée est un parti comme un autre, si l’on s’en tient exclusivement à la mécanique des institutions démocratique en tenant pour quantité négligeable les valeurs qu’elles portent, alors, avec 7% des voix aux dernières élections législatives, c’est tout naturellement que Aube Dorée se voit attribuer une place parmi les 14 que compte la délégation.

Or il ne s’agit pas ici de mécanique mais de choix politiques, et Aube Dorée n’est pas un parti comme un autre.

C’est un parti néo-nazi, qui fait la honte de la Grèce en Europe et qui fait figure de référence pour les mouvements et partis néo-nazis, en expansion sur le continent.

Emblème inspiré de la Swastika, Mein Kampf et les « Protocoles des Sages de Sion » pour références, salut hitlérien, négationnisme, culte de la personnalité, menaces contre les journalistes, ratonnades contre tous ceux qu’ils considèrent comme « non racialement Grecs », l’antisémitisme comme idéologie et le racisme comme programme – Eleni Zaroulia a elle-même récemment parlé des immigrés comme de « sous-hommes », reprenant là une classification raciste promue par le national socialisme qui a eu pour conséquence l’extermination de six millions de Juifs et la mise a feu et à sang du monde : incontestablement, Aube Dorée est un parti néo-nazi.

Une mobilisation est nécessaire

C’est pour cela que les élections de certains de ses membres au Parlement grec au printemps dernier avaient entraîné, sous l’impulsion du Mouvement Antiraciste Européen EGAM, la grande campagne « Nous sommes tous des Juifs grecs !« .

Plusieurs Prix Nobel et éminents intellectuels européens, parmi lesquels le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel, le Prix Nobel de littérature Dario Fo, le chasseur de nazis Serge Klarsfeld, le philosophe Bernard-Henri Lévy ou encore le refuznik Adam Michnik, s’étaient alors élevés contre la présence dans un parlement européen des ennemis irréductibles de la démocratie et de l’Europe, partisans de la guerre raciale d’extermination.

Notre appel à faire vivre le rêve européen, celui « d’un continent qui se souvient qu’il s’est construit sur les ruines laissées par le nazisme et dans le souvenir de la Shoah, celui d’un continent débarrassé du racisme et de l’antisémitisme, celui d’un projet de société fondé sur un vivre ensemble par-delà les frontières », avait été publié dans les grands journaux de référence de tout le continent.

La résurgence du nazisme sur notre continent

Le succès électoral d’Aube Dorée a funestement résonné dans toute l’Europe car il représente la résurgence du nazisme sur notre continent. En effet, le néo-nazisme ne doit pas être assimilé à une clique de vieux négationnistes nostalgiques de leur jeunesse hitlérienne ou collaborationniste. Il a une actualité et une partie de la jeunesse le soutient.

Sa dangerosité ne va pas disparaître avec les derniers criminels de la période nazie, cela se voit dans de nombreux pays :

1. En Lettonie, si ce sont les anciens Waffen SS qui défilent chaque année, ils sont soutenus par une partie de la population, et l’ont également été cette année par le président de la République.

2. En Hongrie, la « Garde hongroise » du Jobbik a été ainsi nommée en hommage à la milice du Parti des croix fléchées, qui organisa l’extermination des Juifs et des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle provoque des meurtres racistes de Roms et est constituée d’hommes dans la force de l’âge.

3.En Autriche, le FPÖ, qui compte parmi les favoris des prochaines élections, affiche sa nostalgie du IIIe Reich. Celui avec qui Marine Le Pen s’en était allée valser à Vienne s’appuie notamment sur des associations de jeunesse, interdites aux Juifs et aux femmes.

Pour tous ces ennemis de la démocratie, des droits de l’homme et de l’Europe, le succès électoral d’Aube Dorée représente un encouragement.

La « normalisation » d’Aube Dorée, à laquelle contribuerait fortement la confirmation de la présence d’une de ses représentants dans la délégation nationale grecque à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et à sa Commission pour l’égalité et la lutte contre les discriminations, ne ferait que renforcer ce dangereux mouvement.

S’il est de la responsabilité des dirigeants de tous les partis politiques représentés au parlement grec de changer la composition de cette délégation, c’est plus particulièrement celle du Premier ministre Samaras et de Nouvelle Démocratie, car c’est le parti le plus puissant aujourd’hui et en capacité de prendre cette décision. S’ils sont les ennemis irréductible du racisme et de l’antisémitisme, s’ils savent que rien n’excuse le néo-nazisme et qu’Aube Dorée n’est pas un parti comme un autre, s’ils ont une certaine idée de la place de la Grèce dans le monde et de la dignité de leur nation, alors le Premier ministre Samaras et les dirigeants des principaux partis politiques grecs doivent exclure la néo-Nazi Eleni Zaroulia de la délégation parlementaire grecque à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/675957-une-deputee-d-aube-doree-represente-la-grece-au-conseil-de-l-europe-scandaleux.html

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