Fukushima : les fuites radioactives continuent d’envahir la mer depuis le 311
Les niveaux élevés de radioactivité des poissons pêchés au large de la centrale de Fukushima pourraient indiquer qu’elle continue de fuir plus d’un an et demi après la catastrophe nucléaire, selon l’étude d’un expert américain.
Selon cet article de la revue américaine Science daté du 26 octobre, les données du Maff (le ministère japonais de l’agriculture, des forêts et de la pêche) démontrent que la centrale accidentée de Fukushima continue de rejeter des éléments radioactifs dans l’océan et que de nombreux poissons sont aussi contaminés, aujourd’hui, par le césium 134 et 137 qu’ils ne l’étaient il y a un an, ce qui prouve que du césium continue d’être relâché dans la chaîne alimentaire.
Cette énorme désastre écologique, déjà dénoncée, il y a quelques jours par l’organisation internationale Greenpeace qui dénonce la sous-évaluation des instruments de mesures et dorénavant confortée par cette étude américaine du 26/10/12.
Ken Buesseler, chimiste à l’Institut océanographique de Woods Hole (Massachusetts dans le nord-est des Etats-Unis), a analysé des mesures de césium effectuées par les autorités japonaises sur des poissons, des crustacés et des algues prélevés près de la centrale. Et à l’entendre, ses résultats tendraient à prouver que les taux constatés s’expliqueraient soit par une petite fuite persistante de la centrale, soit par la contamination des fonds marins.
Buesseler souligne en outre, dans le numéro de Science daté de ce vendredi, que les niveaux de contamination dans presque toutes les espèces de poissons et crustacés ne diminuent pas. Mais ces niveaux varient selon les espèces, ce qui complique la réglementation par les pouvoirs publics.
Pour Ken Buesseler, qui avait conduit en 2011 une mission internationale de recherche sur un navire afin d’étudier la dispersion des radionucléides provenant de Fukushima, « il faudra faire plus qu’étudier les poissons pour prédire comment évolueront ces différents niveaux de contamination ». « Nous avons surtout besoin de mieux comprendre les sources de césium et d’autres radionucléides qui continuent à maintenir ces niveaux de radioactivité dans l’océan au large de Fukushima », insiste-t-il.
Ken Buesseler et son collègue Mitsuo Uematsu, de l’Université de Tokyo, organisent un symposium à Tokyo les 12 et 13 novembre pour présenter les dernières estimations disponibles sur les émissions de radioactivité de la centrale Fukushima Daiichi, ainsi que leur impact sur l’océan, la vie marine, les poissons et fruits de mer.
Les fuites de Fukushima toujours dans les assiettes
C’est surtout dans des espèces dites démersales (vivant au contact du fond dans la zone marine littorale) que les plus importants niveaux de césium ont été relevés: rascasses, raies, congres, flétans, soles, etc. Selon les conclusions de l’étude, environ 40% des poissons pêchés dans les environs de la centrale de Fukushima (nord-est) ne sont pas consommables selon les normes établies par les autorités nippones.
L’inquiétude dans la population japonaise est d’autant plus élevée que les Japonais sont les premiers consommateurs au monde de poissons et fruits de mer. Le 1er avril 2012, les pouvoirs publics ont rendu plus sévères les normes alimentaires pour les produits de la mer : le poisson ne peut être consommé que s’il contient moins de 100 becquerels de césium radioactif par kilo de matière humide (la norme précédente était 500 Bq/kg). Cette mesure, destinée à rassurer le public, a au contraire renforcé la méfiance des Japonais, qui considèrent de plus en plus de produits comme impropres à la consommation. De nombreuses espèces commercialement exploitées sont interdites à la pêche au large de Fukushima, où 40 % des poissons dépassent la nouvelle norme de 100 Bq/kg.
Seul point un petit peu rassurant, le scientifique constate qu’au large du nord-est du Japon, au-delà de la zone la plus proche de la centrale, la vaste majorité des poissons pêchés restent en-dessous des limites autorisées pour la consommation, même si les autorités japonaises les ont resserrées en avril 2012.
Sources : http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=fukushima-fish-remain-radioactive-suggesting-ongoing-radionuclide-release
http://www.mediapart.fr/journal/international/261012/fukushima-fuit-toujours
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0202351604772-nucleaire-fukushima-continuerait-de-fuir-selon-une-etude-americaine-504699.php