Les petits commerçants se mettent au «drive»

Une association de producteurs expérimente un «drive fermier» en Gironde à partir de ce vendredi, tandis qu’au Puy-en-Velay, les commerçants se sont regroupés pour vendre leurs produits sur Internet.

Les «drive» inspirent les commerces de proximité. En Gironde, le tout premier «drive fermier» de France démarre ses livraisons ce vendredi. Une vingtaine de producteurs agricoles se sont regroupés pour commercialiser leurs produits sur un site Internet dédié, à des prix qu’ils garantissent en dessous de ceux du marché. Concrètement, les amateurs de produits locaux peuvent consulter l’offre dès le mardi à midi et ont jusqu’au mercredi à minuit pour passer leur commande, la régler en ligne et fixer l’heure à laquelle ils souhaitent la récupérer. Les agriculteurs préparent alors ces commandes qu’ils apportent à un point de retrait le vendredi après-midi et qu’ils chargent eux-mêmes dans le coffre de leur client.

«Avec ce projet, le monde agricole entre dans le 21e siècle et s’adapte aux nouveaux modes de consommation», explique Bernard Lafon, élu à la Chambre d’agriculture de la Gironde et président du Comité d’orientation Agriculture et tourisme de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA). «Outre l’e-commerce, qui est devenu incontournable, l’essor des ‘drive’ a été spectaculaire ces dernières années.» La France en comptait plus de 1500 en juillet dernier, selon le comparateur spécialisé Lebondrive.fr. Soit trois fois plus que début 2011. L’an dernier, les «drive» ont attiré 2,3 millions d’utilisateurs.

Pour l’heure, un seul point de retrait a été mis en place dans le cadre de l’opération «drive fermier», à Eysines, sur la rocade de Bordeaux, mais un second sera ouvert mi-novembre. «Nous comptons installer un nouveau point par mois», précise Bernard Lafon. Un développement ambitieux pour lequel de grands moyens ont été débloqués: l’outil Internet, financé par l’APCA, a coûté 100.000 euros. De son côté, la Chambre d’agriculture de Gironde a investi 80.000 euros, avec le soutien du département, de la région et du Crédit agricole. «Si l’expérimentation bordelaise, prévue pour six mois, est un succès, le concept devrait être étendu à toute la France.» L’élu est optimiste: «Plus de 1000 personnes se sont inscrites sur notre site dès la première semaine.»

«Drive des indépendants»

A quelque 350 kilomètres de Bordeaux, même combat. Les commerçants du Puy-en-Velay se sont fédérés pour lancer début septembre un site baptisé Achetezaupuy.com. Moyennant 25 euros par mois, chaque commerçant de l’agglomération peut y adhérer, soit pour simplement disposer d’une vitrine en ligne, soit pour y animer une e-boutique. «Grâce à cette plateforme, les artisans et commerçants de la ville ont des moyens plus importants pour récupérer le chiffre d’affaires grignoté progressivement par les ‘drive’ des grandes surfaces et les sites d’e-commerce», juge Ginette Vincent, présidente de l’Office de commerce et de l’artisanat du Puy-en-Velay qui a déboursé 40.000 euros pour le projet.
A ce jour, l’opération a séduit plus de 300 enseignes indépendantes, dont une quarantaine commercialise environ 2000 produits en ligne. Leurs clients peuvent venir récupérer leurs achats en magasin ou se faire livrer. Selon Christian Perbet, directeur de l’agence de communication TNT qui a conçu le site, «l’offre va rapidement s’élargir et nous espérons avoir en catalogue 10.000 produits et services d’ici à Noël». Le bouche-à-oreille devrait sans doute aider. «Notre ‘drive des indépendants’ suscite déjà un grand intérêt puisque le site a enregistré plus de 150.000 visites en 20 jours», se réjouit-il. Un intérêt qui sort du territoire auvergnat. «Nous avons été contactés par de nombreuses villes, notamment dans les Cévennes, le Périgord et en région parisienne.»

Après le «drive-in», les enseignes inventent le «walk-in» pour le centre-ville
Un «drive» pour les piétons. Les enseignes de proximité, qui n’ont pas la place d’installer des entrepôts et des parkings en ville, doivent trouver la parade pour ne pas passer à côté des nouvelles habitudes de consommation. Monoprix a lancé cette année son service Clic & Go, qui permet à ses clients de réaliser ses courses en ligne et de les récupérer directement au magasin le plus proche de chez eux. Ce dispositif, qui fonctionne à partir de 30 euros d’achats, est aujourd’hui déployé dans 47 magasins, dont les deux tiers sont situés en région parisienne. «Le ‘walk’ est un système rentable car la préparation de la commande coûte moins cher que la livraison», explique-t-on chez Monoprix. L’enseigne a renforcé ses effectifs d’une centaine de personnes supplémentaires pour lancer Clic & Go, mais aussi accompagner le développement de son site marchand, dont le chiffre d’affaires a grimpé de 50% en 2011, puis de 30% depuis le début de 2012. D’autres enseignes s’intéressent à cette formule. Carrefour expérimente ainsi son propre «walk-in» dans son Carrefour City de la gare Saint-Lazare, à Paris, et propose de préparer les commandes de ses clients urbains, et souvent pressés, «dans un délai de deux heures maximum». Aujourd’hui, son «Panier City» offre une sélection de 1500 produits aux internautes.

source:http://www.lefigaro.fr/conso/2012/10/19/05007-20121019ARTFIG00395-les-petits-commercants-se-mettent-au-drive.php

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