Scénarios pour un bouleversement planétaire
Le réchauffement climatique est un phénomène global : il touche toute la planète et non pas telle ou telle région en particulier. De fait, comme il atteint des zones géographiques variées, ses conséquences peuvent être très diverses. De nombreux scénarios sont envisagés. Certains tendent à se vérifier, d’autres restent de l’ordre de l’hypothèse.
Le réchauffement fait fondre les glaciers et fait donc monter le niveau de la mer. Celui-ci a progressé de 3 mm/an depuis 1993, ce qui reste modeste à première vue, mais le mécanisme est en fait plus complexe qu’il n’apparaît. Ainsi, l’effet mécanique de dilatation des océans joue actuellement un rôle important dans ce phénomène. Par ailleurs, la fonte de l’arctique, qui est déjà très avancée et qui pourrait être complète avant la fin du siècle ne modifie pas le niveau de l’eau. C’est comme un glaçon qui flotte : il ne fait pas déborder le verre.
Fonte des glaces et niveau des mers
Au Groenland, la fonte qu’on pensait modeste crée un écoulement d’eau qui « lubrifie » les glaciers et faciliterait leur écoulement. Le mécanisme pourrait donc s’accélérer considérablement. La fonte totale du Groenland amènerait une augmentation de 6 ou 7 mètres du niveau de la mer.
La situation en Antarctique est, elle aussi, complexe. C’est un continent immense et la situation à l’Ouest (sous l’Amérique du sud) est différente de celle à l’Est (sous l’Australie). Dans le premier cas, il y a une fonte avérée, dans le second, il y aurait une légère augmentation de la quantité de glace ! Par ailleurs, avec des températures atteignant -70°C au cœur du continent, il n’est pas prévu que le continent fonde complètement. Toutefois, si cela arrivait, le niveau de la mer monterait de 60 mètres environ.
La montée des eaux pose un problème majeur parce qu’un partie importante de la population mondiale vie sur les côtes. C’est les cas des habitants des micro-états du Pacifique dont certains, comme à Tuvalu, sont immédiatement menacés. Mais c’est également le cas des habitants de grandes métropoles comme New York, Londres ou Shanghai.
La fin du gulf stream ?
Le réchauffement climatique et la fonte de l’Arctique pourrait modifier les courants océaniques intercontinentaux, et en particulier le gulf stream. Si celui-ci s’arrêtait, le climat pourrait se refroidir en Europe, entend-on parfois. En fait, les conditions qui amènerait à son arrêt ou même à son ralentissement sont mal connues, de même que l’impact exact qu’il a sur le climat européen. Et dans tous les scénarios, l’Europe continuerait en fait à se réchauffer dans les années à venir.
Tempêtes
Après la canicule de 2003 en Europe et l’ouragan Katrina en 2005 aux Etats-Unis, un grand débat a agité la communauté scientifique : le réchauffement favorise t-il les tempêtes et les phénomènes climatiques extrêmes ? Le point est assez technique, et, bien entendu, tornades ou sécheresses sont déjà arrivées avant le réchauffement. Aujourd’hui, les chercheurs pensent que le réchauffement va amener une augmentation de l’intensité des cyclones tropicaux et de la fréquence des épisodes de températures extrêmement élevées.
Sécheresse
S’il fait plus chaud, on imagine un climat plus sec. Les précipitations vont probablement diminuer dans les zones subtropicales. Mais l’augmentation de la température favorise aussi l’évaporation des océans et donc les précipitations au niveau des latitudes plus élevées. Mais ces précipitations seront probablement plus intenses et violentes ; l’eau sera moins bien récupérée par les sols.
La fonte des glaciers va également diminuer l’alimentation des fleuves de la planète ; de nombreuses zones souffriront d’une baisse de leurs ressources en eau.
Ecosystèmes
Des écosystèmes entiers sont menacés par le réchauffement. En général, les espèces animales et végétales migrent vers les pôles ou en altitude pour retrouver les températures auxquelles elles sont habituées. Ainsi, l’aire de répartition de nombreux arbres se déplace d’ores et déjà vers le Nord en Europe. Mais ce n’est pas toujours possible. C’est ainsi le cas dans l’Arctique : les ours blancs pourraient disparaître car ils n’ont nulle part où aller. La toundra et la forêt boréale sont également menacées.
Certains animaux dangereux pour l’homme et habituellement cantonnés aux régions tropicales pourraient atteindre des régions plus tempérées. C’est déjà le cas de certains moustiques porteurs du paludisme ou d’autres maladies, comme la fièvre du Nil occidental, qui a tué plusieurs centaines de personnes aux USA, y compris à New York, ces dernières années.
Océans
Les océans seront atteints de deux manières. Tout d’abord, le réchauffement menace les récifs coraliens. Or, ceux-ci sont à la base d’écosystèmes très riches. [Voir fiche récifs coralliens] Ensuite, plus il y a de CO2 dans l’atmosphère, plus il y en a qui est absorbé par les océans. Or le CO2 acidifie l’eau. Cette acidification pourrait menacer un certains nombre d’organismes en les empêchant notamment de former leur squelette. Le plancton est particulièrement sensible à ce phénomène, or, il est à la base de la chaîne alimentaire marine !
Positif
Certaines zones vont bénéficier du réchauffement, s’il reste modeste en tout cas : la production agricole des plaines du Canada, de Russie ou encore de l’Amérique du sud pourrait augmenter.
Les réserves minières présentes dans le sous-sol de ces régions pourraient aussi devenir plus facilement accessibles. Enfin, les transports maritimes pourraient profiter de la fonte de l’arctique : le passage du Nord-Ouest reliant l’Atlantique au Pacifique par le nord du Canada, représenterait un raccourci par rapport au canal de Panama. Le passage du Nord-Est, au-dessus de la Sibérie, pourrait également devenir beaucoup plus praticable.
Conséquences sociétales
Le réchauffement va transformer nos sociétés en modifiant les récoltes, forçant des gens à migrer. Inondations, tempêtes ou sécheresses auront leur lot de victimes, certaines maladies infectieuses pourraient se répandre, etc. Les sociétés d’assurances ont été les premières à essayer d’évaluer combien cela pourrait (leur) coûter. D’autres ont pris le relais et en 2006, le gouvernement britannique a publié un rapport dirigé par Nicholas Stern qui proposait une évaluation globale. Selon cette étude, si l’on ne fait rien, le réchauffement pourrait couter 5 500 milliards d’euros sur dix ans ! Prendre les mesures qui s’imposent pour lutter contre le phénomène coûterait environ 1% du PIB mondial par an. Soit 10 à 20 fois moins que ce que coûtera l’inaction !
source:http://www.goodplanet.info/Energie-climat/Consequences/Consequences-du-rechauffement/(theme)/305