DEGRADATION / La dette espagnole n’est plus qu’à un cran de la catégorie « emprunt pourri »

Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, élude toujours la question d'un plan d'aide à son pays. En photo, le 25 septembre 2012.

Standard & Poor’s (S & P) resserre un peu plus l’étau autour de l’Espagne, qui rechigne toujours à appeler à l’aide ses partenaires européens. Mercredi 10 octobre, l’agence de notation a dégradé de deux crans la dette de Madrid, la faisant passer de BBB + à BBB – (le dixième niveau dans sa grille de vingt-deux notes).
Surtout, les emprunts espagnols ne sont plus qu’à un cran de l’infamante catégorie des « junk bonds » (« obligations pourries »), ces « dettes spéculatives » que les agences ne conseillent qu’aux seuls investisseurs très avisés.

Voir la dette espagnole reléguée en « junk bonds » est une des grandes menaces pesant sur Madrid. « Cette perspective inquiète beaucoup de monde sur les marchés », juge un banquier. Cette sanction peut donc venir de S & P, qui a aussi placé, mercredi, sa note sous « perspective négative », mais reste plus probable de la part de Moody’s.

« LES OPTIONS POLITIQUES DU GOUVERNEMENT SONT LIMITÉES »

Cette dernière évalue déjà Madrid à un cran de la catégorie « junk bonds » et a expliqué qu’elle donnerait une nouvelle opinion d’ici à la fin octobre… Or une telle sanction pourrait automatiquement amener certains investisseurs – qui, dans leurs règles internes, ont souvent interdiction de posséder de la dette « spéculative » – à céder leurs titres. Avec ensuite une forte remontée des taux auxquels Madrid emprunte…

Le diagnostic de S &P sur l’Espagne est semblable à celui fait par nombre d’observateurs. Pour l’agence, « l’aggravation de la récession limite les options politiques du gouvernement ».

De fait, le Fonds monétaire international (FMI) table ainsi sur une récession de 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013, alors que Madrid a construit son budget sur une contraction de 0,5 %. Le FMI prévoit du coup un déficit public de 5,7 % du PIB en 2013, très loin des 4,5 % promis à Bruxelles par l’Espagne.

Si S & P redoute que la hausse du chômage dans le pays n’intensifie « le mécontentement social », l’agence tacle aussi les partenaires européens de l’Espagne : S & P ne cache pas ses doutes quant à la volonté réelle des autres membres de la zone euro de recapitaliser le système bancaire du pays, contrairement aux promesses.

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